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Cameroun: Après la tragédie du 21 octobre, le MRC demande un débat au Parlement sur la concession accordée à la Camrail

Par le Service de communication du MRC Ce Vendredi, 21 octobre 2016, notre pays a connu plusieurs drames de transports…

Par le Service de communication du MRC

Ce Vendredi, 21 octobre 2016, notre pays a connu plusieurs drames de transports dont le bilan provisoire officiel fait état de dizaines de morts et des centaines de blessés au moment où cette déclaration était rédigée.

Selon nos informations, le premier drame qui, semble t-il, n’a heureusement causé aucune perte en vie humaine, est survenu le vendredi matin suite à la coupure de la piste Douala – Yaoundé au niveau de MATOMB. Cette piste qui croule depuis plusieurs décennies sous le poids d’une intense activité routière est pratiquement à l’abandon. Sur instruction semble t-il du ministre des Transports à la société CAMRAIL, dont il est temps que les termes de son contrat de concession soient enfin débattus devant la représentation nationale, huit wagons supplémentaires ont été accrochés à l’unique locomotive qui est finalement partie de Yaoundé vers 11 heures au lieu de 10 heures, comme initialement prévu. C’est donc un train avec une locomotive tractant seize wagons au lieu des huit habituels, surchargés avec de nombreux passagers debout, qui est a déraillé non loin de la gare d’Eséka aux alentours de 12h 30min.

Malgré les budgets que la Direction de la Sécurité Civile du Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation (MINATD) absorbe tous les ans à travers des séminaires inutiles, les premiers secours ne sont arrivés sur les lieux du drame qu’à 16h 30min! Ils n’étaient d’ailleurs à cette heure là composés que de deux ambulances seulement, alors que des centaines de personnes gisaient à même le sol.

A toutes les familles si durement éprouvées, le MRC adresse ses sincères condoléances. Aux blessés et à leurs proches, nous formulons nos v ux de prompt rétablissement.

Le MRC exhorte les autorités sanitaires et toutes les administrations en charge de l’aide aux sinistrés à mettre en uvre les mêmes moyens et la même diligence déployés lors des évacuations sanitaires, généralement accordées aux privilégiés du régime, pour assister les compatriotes actuellement blessés. La prise en charge psychologique des rescapés et des familles concernées n’est pas un luxe dans ce contexte très difficile.

La triste et onéreuse comédie des agents dits de la prévention routière qui arnaquent les usagers au quotidien alors que la route est défoncée de part en part n’a jamais convaincu les Camerounais du sérieux du Gouvernement de s’occuper de leur sécurité. Certes la vitesse, l’ivresse ou la drogue au volant tuent; mais la qualité des nos infrastructures routières dont la plupart sont totalement délabrées est la première cause des 4000 morts dénombrés pour la seule année 2015. La lutte contre la délinquance routière doit aller de pair avec la construction des infrastructures de qualité, qui tiennent compte du développement du parc automobile et de la croissance démographique du pays, et dont la réalisation échappe à la corruption qui est aujourd’hui malheureusement consubstantielle aux m urs politiques de ceux qui nous gouvernent. La situation des routes et plus généralement des moyens de transports dans le pays est catastrophique et ce n’est un secret pour personne. Les routes Yaoundé-Douala, Douala- Bafoussam, Bafoussam- Bamenda, Maroua- Kousseri, la piste qui dessert Bertoua-Yaoundé, etc. sont devenues de véritables cimetières que le Gouvernement refuse d’admettre en se dissimulant la vérité derrière les contrôles spectaculaires et corrompus des équipes dites de prévention routière.

L’argent des péages qui est collecté quotidiennement n’est manifestement pas affecté à sa finalité officielle qui est d’assurer l’entretien routier.

Malgré tous les moyens dont disposent les autorités pour recouper une information, vendredi 21 octobre 2016 à 13 heures, le ministre des Transports, interrogé par Emmanuel ATANGANA sur les ondes du «Tam-tam du président de la République» (dixit Charles NDONGO, DG de la CRTV), a osé déclarer : « Je profite de votre antenne pour apporter un démenti formel et solennel à une information qui circule sur les réseaux sociaux. Il n’y a pas eu déraillement de train aujourd’hui entre Yaoundé et Douala. Je vous invite à nous aider à combattre la désinformation à travers les réseaux sociaux ». M. ATANGANA, en propagandiste obséquieux a répondu: « Excellence Monsieur le Ministre ce sera fait avec plaisir ». Toujours au journal radio du «Tam-tam du président de la République», le même ministre des Transports a expliqué que ce sont ces informations qui, selon lui, circulent faussement sur les réseaux sociaux qui ont causé le déraillement du train au lieu annoncé par avance par les adversaires du pouvoir.

Devant cette grossière tentative de manipulation de l’opinion par le Gouvernement, au mépris scandaleux de la douleur et des souffrances des familles éprouvées, le MRC estime que le ministre concerné n’a pas d’autre choix que de démissionner ou d’être démissionné immédiatement. De même, la décence commande que les propagandistes Emmanuel ATANGANA et Madeleine SOPPI KOTTO, celle qui est venue se moquer de la douleur et de la souffrance des Camerounais au journal de 20 heures, présentent au minimum leurs excuses aux familles éprouvées et à l’ensemble du peuple camerounais.

C’en est trop! Les Camerounais ne peuvent pas financer depuis des décennies, par une redevance obligatoire dite « redevance CRTV », des medias dits de service public qui se font pour spécialité la désinformation du peuple camerounais et se moquent à ce point des tragédies qui le frappent. On se souvient que cette même CRTV avait annoncé sans aucune honte ni état d’âme que les six morts tués par les forces de l’ordre en 1990 à Bamenda lors du lancement d’un parti politique de l’opposition étaient victimes de piétinements de la foule. Ces criminels mensonges d’Etat doivent cesser.

Ce même vendredi 21 octobre 2016, un vol de compagnie Camair Co., qui était attendu à l’aéroport de Bafoussam, a connu des difficultés dont nous ignorons encore l’ampleur et les causes.


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Le chef du Gouvernement, qui n’a manifestement pas mesuré l’ampleur des événements, n’a pas immédiatement pris la situation en main de manière à rassurer les populations, en se rendant par exemple par hélicoptère sur les lieux du drame pour réconforter les accidentés tétanisés par le désastre. Le ministre des Transports n’a pas jugé utile de se déplacer lui-même, alors que le Délégué Général à la Sûreté Nationale n’y a dépêché qu’un inspecteur de services. Le Gouvernement a laissé le Gouverneur du Littoral gérer depuis Douala la scène du drame. La cellule de crise n’a finalement été mise en place que très tard dans la soirée. Un hélicoptère a survolé le lieu, sans apporter aux victimes le moindre secours. Les hélicoptères à partir desquels les jeunes avaient été abattus en février 2008, alors qu’ils s’opposaient à la modification constitutionnelle dans le seul but de servir les intérêts de M. Paul BIYA, n’ont pas reçu l’ordre de décoller pour voler promptement à leur secours.

Tous ces événements interviennent alors que les Camerounais sont sans aucune nouvelle du président de la République, chef de l’Etat, qui, à peine rentré au Cameroun après un «court séjour privé en Europe », a quitté à nouveau le pays en début septembre 2016 pour la session de l’ONU à New York, et n’est pas rentré depuis lors, alors que tous les autres chefs d’Etat ayant pris part à ladite session ont regagné leurs pays respectifs depuis plus d’un mois.

Vu la gravité de la situation, le MRC demande au président de la République de rentrer au pays dans les plus brefs délais, faute de quoi il invite le Parlement à se réunir en urgence et à constater la vacance du pouvoir, puis à appliquer les dispositions pertinentes de la Constitution. Le Cameroun ne peut plus se contenter de voir un président élu pour assurer les hautes fonctions de direction du pays le « suivre » de l’étranger, par des personnes invisibles – et donc politiquement irresponsables – interposées et/ou par instructions réelles ou fictives.

Le MRC demande l’ouverture d’une enquête sur les circonstances exactes du drame d’Eséka, sur sa gestion par les services spécialisés, notamment la Direction de la Sécurité Civile, la prise en charge des rescapés dans les hôpitaux ainsi que sur la gestion de l’argent des péages et des fonds routiers.

Le MRC demande que les conditions de la signature de la concession de CAMRAIL et sa mise en application fassent l’objet d’un débat au Parlement.

Une fois de plus, aux nombreuses familles des personnes décédées dans ce drame, le MRC présente ses sincères condoléances; aux personnes blessées, un prompt rétablissement. Il souhaite beaucoup de courage à leurs familles respectives et adresse tous ses encouragements aux secouristes encore en action pour sauver des vies.

Yaoundé, le 22 octobre 2016.


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