SociétéEducation



EN CE MOMENT


Cameroun : ces facteurs qui motivent l’orientation académique des jeunes

La disponibilité des moyens financiers, le suivisme, l’autorité des parents, la passion, sont entre autres éléments qui sont pris en…

La disponibilité des moyens financiers, le suivisme, l’autorité des parents, la passion, sont entre autres éléments qui sont pris en considération dans le choix déterminant du parcours académique.

Dès l’enfance, on rêve tous d’une belle maison, d’une belle voiture, de belles parures, entre autres. Ce que l’on ignore à cette période, c’est que toutes ces belles choses s’obtiennent au bout de longues heures de travail et de sacrifice. Pour la plupart d’entre nous, il faut étudier pour y arriver. Les diplômes universitaires ou professionnels sont, aujourd’hui (et pour la majorité des personnes), les éléments qui donnent l’opportunité aux jeunes de trouver un épanouissement social grâce aux emplois et aux privilèges qui en découlent (le salaire notamment). Mais, tout commence par le choix d’une filière. Cette étape est déterminante pour l’avenir de nombreux jeunes. Cependant, plusieurs facteurs interviennent dans cette décision importante de la vie d’un homme.

« Que feras-tu plus tard ? » Les yeux fermés, Adrienne, huit ans, répond sans hésitation à la question qui lui est posée : « Je vais être vétérinaire, comme mama ». La jouvencelle ne sait que bien peu de choses sur le métier et ses contours. Mais, elle parvient tout de même à disserter sur l’essentiel. « Un vétérinaire soigne les animaux », affirme la petite, pleine d’assurance. Eliane, sa mère célibataire, n’est pas pour rien dans le choix « précoce » d’Adrienne. « J’avoue que je lui répète souvent qu’elle fera le même métier que moi. C’est un peu mon rêve. Après, ce sera à elle de décider. Elle n’a que huit ans, elle pourra changer et faire ce qu’elle veut vraiment si elle le souhaite. Je serai toujours là pour la guider », promet Eliane.

De nombreux parents n’ont pas l’ouverture d’esprit de la vétérinaire. Ils décident du parcours académique de leurs enfants, sans aucune négociation possible. Certains enfants se rebellent. D’autres se plient aux quatre volontés de leurs parents, jusqu’à ce qu’ils en aient marre à leur tour. Octavie P. est diplômée de l’Ecole nationale de l’administration et de la magistrature (Enam), l’une des écoles les plus prestigieuses et sollicitées par les jeunes au Cameroun. Elle avait accepté d’y accéder pour contenter ses parents, tous deux cadres de l’administration camerounaise.

Puis, un jour, alors qu’elle avait elle aussi entamé sa carrière dans la Fonction publique, Octavie a tout simplement démissionné. « Je n’en pouvais plus de tout ça. Je n’étais pas d’accord avec le fonctionnement et les manières de travailler. Je crois que j’étais simplement pas faite pour ça », raconte-t-elle. Depuis, la jeune femme a lancé sa propre affaire qui marche plutôt bien.

L’expérience d’Octavie laisse perplexe William Ngamou. Celui-ci n’aurait jamais lâché une telle opportunité. Lui, n’a pas eu la chance d’être entouré de parents nantis. Après l’obtention de son Baccalauréat C, il n’aura d’autre choix que de s’inscrire à la Faculté des sciences de l’université de Yaoundé I. « Je passais des moments très difficiles. L’argent que mes parents m’envoyaient suffisait à peine pour payer mon loyer, ma nourriture et mes  documents de travail », se souvient William.

Il décide d’arrêter ses études au bout de deux ans, et se met à son compte. A l’époque, l’idée est de mettre un peu d’argent de côté pour pouvoir réaliser le seul rêve à sa portée : intégrer l’Ecole normale supérieure de Yaoundé pour devenir enseignant de mathématiques. Cependant, sa solution provisoire a duré dix ans. Dix ans à vendre des livres de seconde main au quartier Biyem-Assi (Yaoundé). Aujourd’hui, il est trop tard pour postuler à l’entrée de l’Ecole normale. Mais, William peut se consoler. Il est propriétaire d’un établissement de ventes d’appareils electro-ménagers.

Le choix des filières au niveau de l’enseignement supérieur est tributaire de nombreux facteurs. En plus de l’influence des parents, il y a l’épineuse question des moyens. Comme William, Aïssatou en sait quelque chose. Elle, qui rêvait d’études en Europe, a dû surseoir à ses ambitions après l’obtention de son diplôme il y a deux ans. La jeune fille en a fait une crise mais a bien été obligée de se faire une raison. « Il faudra attendre », a dit son père. Alors, elle attend impatiemment.

Par ailleurs, les opportunités motivent le choix de certains jeunes. En effet, il arrive qu’un bachelier profite de la position « privilégiée » d’un de ses proches parents pour intégrer une grande école ou une institution prestigieuse, simplement pour s’assurer d’un avenir à l’abri du besoin. Parfois même, le diplômé saisit la perche contre son gré, après avoir cédé aux pressions familiales.

Il arrive aussi que, sans repères, un jeune bachelier suive tout bonnement ses amis du secondaire pour ne pas devoir nouer de nouvelles relations dans sa nouvelle vie d’étudiant. Celui-ci se retrouve alors dans une filière avec des matières qu’il comprend peu ou pas. Et, si avec ça il ne s’applique pas pour obtenir de bonnes note,  il a plus de chances d’abandonner au bout de nombreux échecs que de s’acheminer vers une carrière professionnelle réussie.

Pour finir, il existe des personnes (une minorité) qui se laissent simplement guider par leur passion. En y ajoutant une bonne dose de travail et de persévérance, ceux-ci s’accrochent à leurs objectifs sans jamais céder du terrain. Ils savent exactement ce qu’ils veulent faire. Ceux-là, quand ils parviennent à intégrer les classes dans les filières qu’ils souhaitent, sont les plus chanceux, surtout dans notre contexte où il est plus évident de faire avec ce que l’on a, à défaut de faire avec ce que l’on veut.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne