Plusieurs travailleurs de la capitale Yaoundé ce sont retrouvés pour le traditionnel défilé sur le boulevard du 20 mai et les réjouissances qui suivent
Grosse fête dans plusieurs structures
Ce samedi 1er mai 2010, de nombreux travailleurs de la ville de Yaoundé la capitale camerounaise ont célébré comme le veut la tradition la fête du travail dans la joie et l’animation. Jusqu’à tôt samedi matin, les couturiers terminaient les uniformes qui devaient servir pour le défilé et la grande fête. Le défilé a débuté à 10 heures avec près de 100 entreprises représentées devant quelques membres du gouvernement dont le ministre Robert Nkili du travail et de la sécurité sociale. Au Cameroun, la fête du travail est plus un moment de joie et réjouissances. Les entreprises qui se veulent sérieuses organisent de grosses fêtes dans les différentes artères des villes. L’occasion pour beaucoup de manger et de partager en toute convivialité dans le même cadre que les gros patrons. La fête se poursuit généralement jusqu’à tard dans la nuit. Cette édition sera d’autant plus célébrée que le jour de fête coïncide avec un jour de weekend. Au Fonds national de l’emploi (FNE) la fête a pris une double dimension. Principal organe public d’insertion professionnelle au Cameroun, l’institution fêtait aussi ses 20 ans d’existence. C’est dans une bonne ambiance que staff dirigeant et employés ce sont retrouvés dans un hôtel de la ville après le défilé.
Combattre la vulnérabilité
De nombreux observateurs ne s’empêchent pourtant pas de relever la démarcation qui existe entre ces multiples réjouissances et l’environnement du travail au Cameroun. Une réserve qu’on retrouve dans le thème retenu pour cette 124ème célébration de la fête du travail au Cameroun, «combattons les vulnérabilités en milieu professionnel». Le gouvernement reconnait que la situation de nombreux travailleurs au Cameroun nécessite des améliorations. Le ministre Nkili a interpellé les différents acteurs à s’approprier le thème pour l’intérêt de tous. Les pouvoirs publics ont voulu par ce thème mettre tous les acteurs devant leurs responsabilités. Il est aussi question de trouver des solutions à la situation précaire vécue par les employés. Accusés d’être à l’origine des mauvaises conditions sociales des travailleurs, les employeurs se justifient par la situation financière difficile que traversent les entreprises. Les employés qui souvent ne sont pas d’accord ont très souvent recours à des grèves et revendications. La solution pour certains réside dans le degré d’implication de l’Etat qui est lui aussi interpellé par le thème de cet édition. L’Etat ne peut pas que réguler, il doit créer un climat économique favorable, assurer les possibilités d’accès à des formations adéquates, protéger les initiatives locales, encourager la rapidité des procédures judiciaires dans le cadre des conflits sociaux, imposer un seuil de valorisation des corps de métiers affirme un responsable syndical.
Tous les désaccords mis en veilleuse
Au Cameroun, à quelques exceptions près, et malgré les avancées présentées par le gouvernement, la situation des travailleurs demeurent une véritablement problématique et les différences restent importantes. De nombreux paradoxes sont encore visibles et interpellent tant les pouvoirs publics que les acteurs socio-professionnels. Le malaise est profond chez les travailleurs dans plusieurs secteurs d’activité. Pas de couverture sociale, pas d’assurance, un salaire de catéchiste irrégulier, des conditions de travail archaïques. Pour de nombreux observateurs, il est difficile de comprendre que les employés du Chantier naval, de la Commune d’arrondissement de Douala IVe, de COMETAL, les transitaires du port et de l’aéroport international de Douala, et bien d’autres qui très récemment encore protestaient sur leurs conditions, soient aujourd’hui en pleine réjouissance. Pourtant, les solutions définitives n’ont pas été apportées à leurs préoccupations. Avant le défilé, on a plus vu les syndicats occupés à percevoir les cotisations de leurs membres qu’ils ne défendent pas toujours. En France, les syndicats investissent dans la formation de ses acteurs à l’action syndicale alors qu’au Cameroun, pour la plus part, ils font soit de la récupération, soit de la collecte des fonds affirme un travailleur sous anonymat. Des problèmes qui sont renvoyés à plus tard.