Le point avec le Colonel Kalkaba Malboum, président du Comité National Olympique et Sportif du Cameroun
Vous êtes le président du Comité National Olympique et Sportif du Cameroun, on aimerait savoir, est-ce que le ministère des sports et de l’éducation physique a effectivement doté ces Dixiades d’une enveloppe de 250 millions comme certaines sources tendent à vouloir l’affirmer?
Je ne dirais pas que c’est le ministère des sports qui a donné, c’est l’Etat du Cameroun, que je remercie, qui nous a soutenus à hauteur de 175 millions de francs CFA.
Quelle aura été la participation de la structure que vous dirigez, (le CNOSC) et des élites de la région de l’Adamaoua ?
Environ une centaine de millions parce que les jeux n’ont pas commencé aujourd’hui. Depuis 2008, nous investissons de l’argent pour préparer les jeux. Les missions exploratrices, un certain nombre de matériel, les équipements, les médailles, les trophées etc. ont été réalisés par nous. Les sélections régionales ont été soutenues par nous etc. donc nous évaluons à peu près à 100 millions la contribution du comité olympique avec ses partenaires.
Monsieur le président, jusqu’à la dernière minute, la presse était dubitative quant à la contribution de l’Université de Ngaoundéré, elle qui a pourtant des installations adéquates. Y avait-il des cahiers de charge à respecter ?
Mais le cahier des jeux ce n’est pas à l’université de Ngaoundéré, c’est à la ville qui accueille les jeux. Donc, nous voulons remercier l’université pour avoir mis à notre disposition ses installations, et d’avoir pris une décision de mettre les étudiants en vacances pour que les athlètes puissent être logés à l’Université. Nous avons fait un effort conjoint, nous avons trouvé un certain nombre de matériels là-bas, nous avons aussi complété, notamment au niveau des matelas, et nous avons aussi essayé de mettre un tout petit peu de moyens pour refaire certaines installations sportives, et notamment, assurer l’éclairage dans les salles où les enfants ont été logés. Dans les mêmes conditions, nous avons soutenu un tout petit peu la réalisation d’infrastructures, des toilettes pour mettre les enfants à l’aise pendant leur séjour.
L’un des objectifs des Dixiades est la création des infrastructures sportives dans les régions. Visiblement, Ngaoundéré n’est pas gâté dans ce sens. Quel est l’héritage que les Dixiades vont léguer à la ville ?
Economiquement, nous laissons beaucoup d’argent ici. Donc, ça permet aux opérateurs économiques d’avoir un peu d’argent. Les hôtels, ceux qui vendent les vivres, les cuisiniers, tous ceux qui se sont impliqués comme les gens qui ont des véhicules de transport. Mais notre présence permet aussi à la ville d’être un peu animée, de rompre avec la monotonie habituelle. Et puis, nous laissons un savoir faire parce que nous avons formé pas mal de cadres qui sont maintenant capables de gérer les compétitions. Donc, notre passage ne peut pas être jugé comme un passage qui ne laisse aucun héritage dans la ville. Et même pour ce qui concerne les infrastructures sportives. Parce que je crois que les doléances ont été présentées à ceux qui ont la possibilité de décider dans ce pays. Si le président a envoyé le premier ministre pour le représenter, cela veut dire que le premier ministre, après avoir vu, après avoir écouté va rendre fidèlement compte au président de la République. Peut-être la préoccupation des infrastructures fera partie de son compte rendu. Il n’est pas exclu que ce qui n’existe pas aujourd’hui puisse exister dans les années à venir.
Le côté festif des Dixiades semble diminué par l’absence d’animation culturelle dans le village des jeux. Le côté culturel des Dixiades a-t-il été annulé ?
Je souhaite aussi que vous parliez davantage de ce qui a été positif parce que vous n’en faites pas cas comme si nous n’étions venus que pour faire des choses négatives. Vous avez vu qu’à la cérémonie d’ouverture, il y avait un aspect culturel qui était très important et il est prévu également dans le village des jeux une animation comme c’était le cas à l’université de Yaoundé I en 2008. Bon peut-être pour des raisons d’ajustement et d’organisation, les priorités ont été orientées dans la gestion des problèmes. Ça n’a effectivement peut-être pas commencé mais je pense que ça va commencer. Bon parce que peut-être notre priorité c’était quoi ? De trouver à chaque enfant un matelas, une possibilité d’avoir son repas au petit déjeuner, à midi et le soir. C’était ça notre priorité. Nous nous sommes donc d’abord attelé à résoudre ces problèmes avant de mettre le côté festif. Ce n’était pas notre priorité.
Les Dixiades se déroulent effectivement depuis quelques jours, est-ce qu’on peut déjà essayer d’esquisser une sorte de bilan partiel des jeux ?
Bon le bilan c’est à plusieurs niveaux. Au plan sportif, il ya déjà des médailles. Mais au plan de la notoriété et du prestige de l’évènement, nous pouvons dire que c’est un évènement qui commence à être prestigieux en deux ans seulement. Parce que voyez-vous, la cérémonie d’ouverture montrait bien avec la mobilisation, le soutien au plus haut niveau de l’Etat que c’est un évènement qui a un intérêt. Parce que si un évènement n’a pas d’intérêt, les gens ne se mobilisent pas. Donc je pense qu’en deux ans, nous avons réalisé quelque chose de très très important. Bien sûr il ya encore des choses à faire. Si je me réfère aux jeux olympiques en 1896, la première édition des jeux olympiques c’était avec une vingtaine de pays. Aujourd’hui, nous avons 205 pays et avoir les jeux olympiques n’est plus une chose aisée. Récemment quand j’étais à Copenhague pour l’attribution des jeux soit à la ville de Chicago, soit à la ville de Rio, soit à la ville de Madrid ou à la ville de Tokyo, les chefs d’Etat de ces pays sont venus pour soutenir la candidature de leurs villes. Je ne doute pas que d’ici quelques années peut-être pas pendant que je suis en fonction au comité olympique, je ne doute pas que les Dixiades à un moment donné vont faire courir les communes et les régions pour les accueillir. Et c’est à cela que nous devons construire les jeux nationaux du Cameroun.
En dehors des résultats sportifs et de la détection des talents, il ya un autre objectif de brassage. Est-ce que vous avez l’impression que de ce côté-là les choses avancent également ?
Tout à fait. Je suis allé très régulièrement au village olympique, je suis allé manger dans les restaurants, le brassage est effectif. J’ai vu que les jeunes camerounais parlent indifféremment anglais ou français quand ils se retrouvent et c’est une très belle ambiance. Moi je crois que c’est une très bonne chose.
Mais il ya tout de même un repli identitaire, notamment un athlète qui évolue à Yaoundé et qui veut donner sa médaille à sa région d’origine.
Mais l’esprit n’est pas celui-là. L’esprit est que ceux qui habitent la région, défendent l’honneur de la région. Nous allons combattre ceux qui ont la tentation de vouloir combattre la région où ils ont l’habitude de vivre pour se replier dans leur région d’origine. Mais il y a un autre aspect. Je prends par exemple le cas de la région du Centre où il ya un potentiel plus important que le Nord-Ouest ou l’extrême-Nord et qu’un athlète de cette région qui n’est pas sélectionné parce que ses performances n’ont pas été suffisantes, il voudra aller trouver une place parce qu’il veut participer, il peut aller trouver une place dans sa région d’origine qui lui offre peut-être une opportunité. Mais dans notre esprit, c’est que c’est les habitants de la région, quels qu’ils soient, d’où qu’ils viennent qui représentent la région à la compétition.
Si on se projetait vers l’avenir, vous rêvez de quels jeux par rapport aux améliorations à apporter pour que cela se passe exactement comme vous voulez ?
Alors je voudrais avoir des jeux à une cérémonie d’ouverture où chaque région arbore des couleurs choisies pour représenter la région avec un étendard, de belles tenues. Ça fait l’originalité de la région et ça apporte des couleurs à l’ouverture. Je voudrais aussi des jeux organisés sur des infrastructures sportives modernes avec la technique des infrastructures tel les que nous les voyons aux jeux olympiques et ailleurs. Je voudrais aussi des jeux où on peut présenter un spectacle vendable à la télévision. Je veux donc des jeux qui ressemblent à toutes les manifestations majeures que nous connaissons dans le monde entier.
Dixiades, dix jours, dix disciplines, dix régions, est-ce que ce slogan tient encore la route ?
Ce n’était pas un slogan, c’était un concept. Notre slogan c’est dix régions, une nation. C’est là le slogan. Vous voyez, dix régions une nation. Puisqu’on n’a pas encore crée d’autres régions, le slogan dix régions une nation reste. Mais dix disciplines, dix jours, c’est un concept, nous pouvons le moduler.