Regard sur un parti historique marqué par des conflits de leadership et des divisions internes
Créé le 10 avril 1948 par Ruben Um Nyobe, l’Union des Populations du Cameroun(UPC) est considéré aujourd’hui par la classe politique nationale comme un parti historique qui avait durant la période coloniale réclamé la libération, l’indépendance et la réunification du Cameroun britannique et français dans les années 1951-1952. Ce mouvement se verra même obligé de se retourner vers l’organisation des Nations Unies(ONU), alors tutelle du Cameroun. En 1955, le mouvement comptait 460 comités de village et 80.000 adhérents dans les régions du centre du littoral du sud et de l’ouest. En mai 1955, le Cameroun est secoué par de violentes émeutes. Une révolte sanglante au cours de laquelle de nombreux camerounais furent tués par le pouvoir colonial, sous l’impulsion du Haut-commissaire, Roland Pré, dont la mission cardinale est de dissoudre l’Union des populations du Cameroun.
Le contexte social marqué par une agitation politique de ce mouvement nationaliste amène le pouvoir colonial à signer la dissolution de l’UPC et de tous ses mouvements annexes, le 13 juin 1955. La dissolution de l’UPC, contraint ses principaux responsables à l’exil. Abel Kingue, Felix Moumié et Ernest Ouandie se réfugient au Cameroun sous administration britannique, alors que Ruben Um Nyobe se réfugie dans la Sanaga maritime sa région natale. C’est quasiment le début d’un long combat dans le maquis dont la finalité reste la libération du Cameroun du joug colonial. Ainsi, La seule évocation de Ruben Um Nyobe était considérée par le pouvoir colonial en place comme subversive et sévèrement réprimée pour servir d’effet de dissuasion pour d’éventuels sympathisants. Cet homme dont la tête est mise à prix, parvient à maintenir l’unité de son mouvement. Le principal objectif étant toujours la réintégration de l’UPC sur la scène socio politique nationale.
Mais l’absence d’un compromis avec le pouvoir en place aboutit à la création en 1956 d’une branche armée du mouvement inspirée du modèle algérien et indochinois. Les troupes françaises dirigées par le nouveau Haut- commissaire Pierre Messmer engagent une répression sanglante contre les sympathisants de l’UPC dont la plupart réfugiés au Cameroun britannique seront également persécutés par l’armée britannique à la suite des Français. Une répression qui aboutit à l’assassinat de Ruben Um Nyobe, le 13 septembre 1958. Les autres membres influents de l’UPC en exil connaitront aussi des fortunes diverses. Felix Moumié sera empoisonné à Genève en Suisse en Octobre 1960 par les services secrets français. Le 15 mars 1966 un autre ponte de l’UPC, Ossendé Afana est arrêté et assassiné par le nouveau pouvoir dirigé par Ahmadou Ahidjo. En août 1970, c’est Ernest Ouandie qui est arrêté puis fusillé le 15 janvier 1971. Le retour du multipartisme instauré par le président Paul Biya, permettra la légalisation de l’Union des Populations du Cameroun le 12 janvier 1991. Le parti qui a longtemps uvré pour la libération du Cameroun, est aujourd’hui miné par des dissensions internes qui ont favorisé outre la tendance Koddock, celles de Hogbe Nlend, Samuel Mack Kit etc. L’UPC pourra t-il encore retrouver son aura d’antan, au regard de son émiettement, la démission des membres du parti pour d’autres formations politiques, les querelles égoïstes et l’absence de démocratie interne décriée par certains militants, surtout avec le départ du gouvernement d’Augustin Frederick Koddock, l’éternel Secrétaire Général de sa propre tendance? Des faits qui devront amener les responsables des UPC à enterrer leur hache de guerre afin d’honorer dans la dignité, la mémoire de tous ces hommes morts au combat pour l’indépendance du Cameroun.