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Cameroun : malade, un journaliste anglophone se meurt en prison

Thomas Awah est un journaliste présentant des troubles mentaux dus à un accident survenu il y a quelques années. Il…

Thomas Awah est un journaliste présentant des troubles mentaux dus à un accident survenu il y a quelques années. Il a été jugé et condamné à 11 ans de prison pour des faits de terrorisme.

L’indignation monte au sein de la communauté camerounaise anglophone présente sur les réseaux sociaux. La raison: la diffusion, le week-end dernier, des photos du journaliste Thomas Junior Awah Dzenyagha dans sa cellule de la prison centrale de Yaoundé.

« Pour avoir fait son travail de journaliste, M. Thomas Awah a été arrêté sur de faux motifs, jugé et condamné à 11 ans de prison. Il est, depuis, tombé gravement malade et nécessite des soins médicaux urgents. J’exhorte ceux qui le gardent à le libérer immédiatement », a réagi le député Joseph Wirba sur sa page  Facebook, pour amplifier l’écho aux journalistes qui soutiennent la cause.

Sur les clichés publiés, Thomas Junior Awah Dzenyagha alias « Thomas Sankara » apparaît amaigri. Un fort contraste avec sa mine des beaux jours, avec l’époque où il exerçait ses activités au sein de la rédaction d’Equinoxe. Il semblait déjà ébranlé lors du procès pour terrorisme au Tribunal militaire de Yaoundé, aux côtés des leaders anglophones Fontem Neba, Nkongho Agbor Balla et Mancho Bibixy.

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Cet homme était jugé pour avoir pris part à des manifestations à Bamenda ayant conduit à la dégradation de biens publics et privés ainsi qu’à des pertes en vies humaines en décembre 2016. Il avait été arrêté à la Commercial avenue de Bamenda le 08 décembre 2016, jour du meeting raté du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc).

Au tribunal, Thomas Sankara était déraisonnable de temps à temps. Il lui arrivait souvent de pleurer, de menacer des gens dans la salle d’audience et même les magistrats ou de rester silencieux, se contentant de regarder les gens de travers.  Cela venait du choc qu’il a reçu, il y a quelques années, à la tête après un accident. Il a été opéré plusieurs fois pour son problème et doit subir une nouvelle intervention chirurgicale. L’autorisation lui en avait été refusée par la juge Abega Mbezoa.

Plusieurs fois pourtant durant le procès qui a duré plus d’un an, Thomas Junior Awah Dzenyagha avait sollicité, en pleurs, la liberté conditionnelle afin de recevoir des soins. « Madame, ma santé se détériore. Je suis de plus en plus malade », avait-t-il déclaré au cours d’une audience en novembre.

Ce journaliste perdait du poids et à chaque nouvelle audience, il paraissait plus affaibli et de plus en plus taiseux. Il avait développé une toux grasse qui semblait vouloir l’emporter à chaque quinte. Durant les trois dernières audiences tenues en avril dernier, et contrairement à ses compagnons d’infortune, il avait une chaise sur laquelle il s’asseyait pendant les débats.

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Le 26 avril 2018, la sentence du Tribunal est tombée. Thomas Junior Awah Dzenya a été reconnu coupable de terrorisme, hostilité contre la patrie, sécession, révolution, propagation de fausses nouvelles, rébellion en groupe. Il a écopé de 11 ans de prison ferme et est, depuis, incarcéré à la prison centrale de Kondengui avec les autres détenus de la crise anglophone.

 

 

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