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Cameroun: plan d’ajustement structurel et perspectives économiques

Par Hippolyte Nwal Nous Camerounais, avons souvent tendance à l'oublier, mais le Cameroun n'est pas le seul pays à avoir…

Par Hippolyte Nwal

Nous Camerounais, avons souvent tendance à l’oublier, mais le Cameroun n’est pas le seul pays à avoir vécu l’expérience du Plan d’ajustement structurel (PAS).

En effet, de nombreux autres pays Africain sont passés par les fourches caudines du FMI et de sa thérapie de choc au même moment que nous, mais la plupart en ont tiré meilleur profit, et semblent en tout cas présenter une physionomie plus reluisante que la nôtre. Quand on voit ce que le PAS1 a provoqué comme métamorphoses et bouleversements au sein de la société Camerounaise, il est difficile de ne pas redouter qu’un deuxième entraine la disparition pure et simple de l’Etat, au sens moderne et contemporain du terme, celle de notre économie également.

Ci-contre, ce que j’écrivais déjà, dans une publication en date du 15 février 2014.

Force m’est toutefois de citer ici, quelques exemples, parmi les erreurs commises alors, qui pour grande partie, expliquent la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui:

1- Alors qu’il n’y avait aucune incompatibilité entre les deux, c’est sous prétexte du PAS1, que la planification a été abandonnée comme cadre de programmation économique.

En effet, le PAS dans son principe, ayant pour but de retrouver une meilleure adéquation entre les ressources budgétaires et leur utilisation, le plan aurait simplement apporte un outil supplémentaire de prévision et de contrôle. L’abandon du Plan a eu pour conséquence, non pas d’améliorer la réalisation des projets d’investissement avec une meilleure utilisation des ressources y affectées, mais plutôt d’en augmenter les aléas, tout en permettant l’accumulation de fortunes subites, au sein de la Haute et moyenne administration.

2- Le PAS1 est à l’origine de la généralisation de la corruption au sein de l’administration, qui a bénéficié d’une tolérance au départ, en compensation des baisses drastiques de salaires, décidées dans le cadre de la réduction des charges et du train de vie de l’Etat. Cette corruption a atteint des proportions qui nécessiteraient des mesures plus radicales que celles appliquées jusque-là.

3- Le PAS1 est à l’origine d’autres pratiques peu orthodoxes au sein de l’Administration, dont en particulier le développement de comptabilités parallèles, par la non déclaration de certaines ressources dont le paiement est exigé en espèces, a des guichets aussi volants que multiples; posant du coup les fondations d’une véritable économie mafieuse, parallèle.

En somme, la mal gouvernance chronique fait du PAS un cercle quasi-vicieux pour notre pays, hélas!

4- Le PAS1, en exigeant la privatisation de la plupart des services publics non administratifs, est à l’origine de la désorganisation, autant que de la déstructuration qui en a découle, et dont la société Camerounaise continue de pâtir gravement. C’est le cas concernant les fournitures de l’eau, de l’électricité, de la santé publique, de l’éducation, des transports, etc…

De la part des autorités, le réflexe dans une telle perspective, est toujours, et en premier, un retour au Colbertisme, tant par la création de nouvelles sources de taxation, que par un élargissement des assiettes fiscales existantes. Ceci fragilisera davantage les masses inférieures, aggravant du coup les inégalités, autant que les clivages sociaux.

Ce même Colbertisme aurait pu se faire, de manière indolore, en améliorant la sécurité des recettes grâce à une meilleure traçabilité via la généralisation de l’outil informatique.

La récupération des sommes issues de multiples prévarications, placées tant à l’étranger, qu’a l’intérieur du pays, pourrait aussi permettre d’amortir le choc, mais nécessiterait plus de détermination, adossée a une volonté politique plus palpable. Les Camerounais ne se sont pas remis du premier PAS. Le deuxième ne sera sans doute pas une formalité. Penser le contraire pourrait se révéler rédhibitoire.

Ce qui semble important a souligner ici, c’est la chose suivante: quand on n’a pas su éviter d’en arriver là en faisant preuve de responsabilité dans la gouvernance, le problème n’est plus celui du PAS en tant que tel, mais plutôt celui de celles et de ceux qui ont la responsabilité de l’appliquer; surtout lorsque ceux-ci ont un agenda particulier, qui ne cadre pas avec l’intérêt général au-dessus de toute autre considération. C’est en tout cas ce que semble révéler l’expérience camerounaise, comparée a celles d’autres pays, qui sont passés au travers d’un premier PAS, pratiquement au même moment!

Cogitare: sans bonnes questions, point de bonnes réponses!
La période du PAS peut être reléguée dans un passe certes douloureux, même si elle n’a permis qu’à « assainir » partiellement notre économie moribonde, et que les populations fragilisées continuent stoïquement d’en payer le prix au quotidien.

Il n’est pas rare de voir certains aujourd’hui, s’en servir pour expliquer/justifier tant notre retard sur le front du développement, que les contreperformances de notre économie: Nous sommes-nous déjà pose la question de savoir pourquoi a trois exceptions près (Indonésie, Malaisie, Corée du Sud) les pays d’Asie de la zone ASEAN par exemple, pourtant moins riches que le Cameroun pour la plupart, n’ont pas connu de PAS? Le PAS n’a jamais été une fatalité. A la rigueur, sans doute était-il un mal parmi les moindres. Mettre aujourd’hui sur la table la question de son opportunité serait ouvrir un débat inopportun, une perte de temps, autant que d’énergie. Cela étant, de même que la théorie dite de « l’effet de levier » encourage une entreprise à emprunter sous certaines conditions pour financer sa croissance, les sacrifices multiformes consécutifs au PAS auraient pu être capitalises, afin de mettre définitivement notre pays sur les rails d’une émergence plus certaine.

Le maintien du même système qui nous a menés au PAS, et fonctionnant sur les mêmes ressorts, laisse malheureusement craindre que l’expérience du PAS soit à rééditer d’ici quelques décennies, dans l’hypothèse la plus optimiste. A la tête de ce système, les mêmes hommes et femmes, montrant des signes de leur refus de s’adapter en se mettant à la hauteur des enjeux de l’heure, a défaut de céder la place à une relève soigneusement préparée. Il s’agit d’une génération de Dirigeants (Tous âges confondus) au courage et a la vision patriotique sujets a caution, au vu de certains choix et décisions; à l’oppose de Evo Morales, tel qu’il apparait dans une déclaration, ou il dit la détermination qu’il lui a fallu pour vaincre les résistances a sa volonté de changer son pays.

Outre le système, et ses Dirigeants, les termes de l’échange nous liant au monde Occidental constituent une autre entrave à notre développement. C’est ce dont il s’agit ici! Les accords APE récemment signes avec la France en constituent un des principaux supports. Le Franc CFA et les règles régissant le fonctionnement de cette monnaie d’origine, d’inspiration et de gestion exogènes, viennent enfin pour l’essentiel compléter la gangue servile qui nous enserre.

Le véritable essor devra passer par une remise en question des quatre éléments cites ci- dessus, sans quoi les perspectives de notre pays se limiteront a un éternel équilibrisme de survie; et notre économie quant à elle, restera enfermée dans le cercle vicieux d’un éternel recommencement.

Evo Morales nous montre que grâce au courage tout est possible. Il nous indique surtout la voie à suivre, mais ça, nous le savions déjà tous; plus ou moins!!


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