C’est un terrain qui leur sert de pratique pour les cours de conduite
C’est en face du Hilton hôtel de Yaoundé que les moniteurs de différentes auto -écoles de la capitale se retrouvent tous les jours avec leurs élèves pour leur faire des cours pratiques de conduite. Cet espace qui aurait pu servir à un terrain de football est ainsi envahi par les véhicules de différentes marques à bord desquels on peut apercevoir assis derrière des volants, des élèves qui se recrutent pour la plupart dans les administrations. Des voitures sont alignées, des consignes sont données parfois à très haute voix, pour que l’apprenant lorsqu’il est seul dans le véhicule puisse entendre les consignes du moniteur. Désiré Mikem, moniteur à l’auto- école ABC située au quartier Nkomkana est de ceux là. Il nous explique d’abord que sa principale motivation est d’amener les camerounais à apprendre à conduire. Car selon lui la plupart des taximen que vous voyez là ne sont pas passés par une auto école. Pourtant elle est indispensable.
La formation dans son auto école, comme partout ailleurs se fait en deux phases. La théorie qui se fait au siège de l’auto- école sous la coordination d’un moniteur théorique, et la pratique qui se fait sur le terrain, sous la coordination d’un autre moniteur. Ici, dit Désire Mikem, nous leur apprenons le code de la route, la maîtrise de soi et comment démonter une roue en cas de crevaison. L’apprentissage de la conduite sur le terrain est appelé conduite en circuit fermé, car l’apprenant n’est en contact d’aucun obstacle. C’est après une semaine de rodage que les élèves peuvent s’essayer sur la voie publique, ce qu’ils appellent ici, la circulation ouverte.
Pour apprendre à conduire, les élèves sont munis des cahiers de notes, et peuvent opter pour la formation normale qui dure un mois et demie et se déroule trois fois par semaine, moyennant une somme de 100.000 francs CFA, ou encore la formation accélérée qui dure un mois et qui se déroule tous les jours ouvrages de la semaine à raison de 140.000 francs CFA. Le travail n’est pas de tout repos pour tous ces moniteurs d’auto écoles. Pour Désiré Mikem, expert en conduite automobile, nous devons enseigner près de 20 élèves par jour, imaginez ce que ça fait en un mois. L’élève qui se trouve dans le véhicule à notre arrivée sur les lieux est une femme en tenue qui a choisi cette auto-école en vue de l’obtention de son permis de conduire. En effet, un examen de fin de formation est organisé par les services du ministère en charge des transports. Le jury, composé des représentants de la sécurité routière, les forces de maintien de l’ordre, des moniteurs d’auto- écoles, les assureurs et d’autres experts en conduite automobile, est chargé de juger les performances et les connaissances des candidats .
Selon certaines indiscrétions, certains apprenants ne prennent pas souvent part à cette autre étape, préférant monnayer l’obtention de ce sésame. De nombreux accidents de circulation survenus sur les axes routiers trouvent sans doute leur origine ici, car au Cameroun, bon nombre d’automobilistes n’ont pas de permis de conduire conforme aux normes en vigueur. Car comment comprendre qu’un chauffeur sorti dune auto- école et ayant brillamment obtenu son permis de conduire conduise en état d’ébriété, et en ne respectant pas les principes de base du code de la route, les vitesses requises, la prudence etc? L’artiste camerounais Black Rogers avait donc raison de chanter que la route ne tue pas, c’est nous qui nous tuons à cause de nos nombreuses maladresses.