Le président de l’assemblée nationale juge «très graves» les accusations portées par certaines élites de la Lékié sur la responsabilité présumée des élites du grand Nord dans le soutien à Boko Haram
Le président de l’Assemblée nationale du Cameroun, Cavaye Yeguie Djibril, est effaré par des déclarations publiées mardi dans la presse publique, dans le cadre d’une motion de soutien adressée au chef de l’Etat par les élites du département de la Lékié dans la région du Centre. Le PAN a rendu public hier, jeudi 04 septembre, un communiqué de presse dans lequel il dénonce le fameux «appel de la Lékié» qui laisserait entendre qu’un complot «serait ourdi par les ressortissants des régions du Grand-Nord» pour «déstabiliser les institutions républicaines».
Cavaye Yeguie Djibril, qui est lui-même une élite de Mada, dans le département du Mayo-Sava, région de l’Extrême-Nord, affirme qu’il «n’y a jamais eu, qu’il n’y a pas et qu’il n’y aura jamais sous le Renouveau National un projet de rébellion du Grand-Nord», sous le couvert de Boko-Haram. Par sa voix, ajoute-t-il, «les populations et les élites du grand Nord dénoncent ces basses man uvres qui ne visent qu’à ternir l’image de toute une partie du pays et d’aider au positionnement des individus».
«Ces allégations constituent des accusations qualifiées de très graves. Bien mieux, elles sont inopportunes, dangereuses pour la cohésion du Cameroun et préjudiciables à l’Unité Nationale. Les relents de stigmatisation dont elles sont porteuses à l’endroit des valeureux, des dignes et fidèles fils du grand Nord, appellent plus à la partition du Cameroun qu’à sa construction ou à la mobilisation de tous pour lutter contre un ennemi commun appelé Boko Haram»,soutient-il.
Problème d’interprétation ou accusation implicite?
Le 31 août 2014, des élites du département de la Lékié dans la région du Centre, se sont effectivement réunis à Obala (arrondissement de ce département) dans le cadre de la clôture de la caravane départementale de formation des conseillers municipaux du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Le prétexte de cet événement a par la suite donné lieu à la production d’une motion de soutien à Paul Biya intitulé : «L’appel de la Lékié pour la guerre contre les complices de Boko Haram au Cameroun qui veulent déstabiliser le pays.»
Henri Eyebe Ayissi, le ministre délégué à la présidence en charge du Contrôle Supérieur de l’Etat, membre du comité central du RDPC, parti au pouvoir, assumait pour la circonstance le statut de porte-parole de l’élite et des populations de la Lékié. Dans son propos, il a laissé entendre que des complices au Cameroun soutiendraient le mouvement islamiste qui sévit au nord-est du Nigéria afin de déstabiliser l’Extrême-Nord du Cameroun. Sans mentionner toutefois les élites du Grand Nord, il a dénoncé «les stratégies sournoises des complices nationaux de Boko Haram et leurs tentatives de déstabilisation des institutions avec l’appui de certaines puissances». La sortie du PAN semble indiquer que les élites du Grand Nord se sont senties concernées par cette remarque.