Élue socialiste, elle vit dans le département du Val-de-Marne, où elle assure les fonctions de conseillère municipale, à Valenton.
Comment votre parcours scolaire s’est-il déroulé ?
J’ai fait des études de commerce, marketing et management. J’ai aussi quelques notions de Droit qui m’ont permis de venir en aide à de nombreuses personnes en proie à des difficultés administratives, dans le département de Seine-Saint-Denis, où j’ai longtemps vécu.
En 2005, j’ai créé une association culturelle afin de soutenir des artistes de toutes tendances, tout en consacrant une partie de mon temps à la réinsertion de personnes emprisonnées et de sans-papiers auxquels je me suis efforcée de donner un coup de pouce.
Donc, vous n’êtes pas née au Cameroun.
Non. Je suis native de Vénissieux, dans le Rhône. J’ai grandi ensuite dans le 93 avant d’emménager dans le Val-de-Marne, il y a plus de dix ans.
Comment s’est opéré le passage du cadre associatif, dans lequel vous avez évolué professionnellement, à vie la politique?
Quand des familles viennent vous demander de l’aide, vous cherchez des solutions. Et je suis convaincue que même si des actions peuvent être menées dans un cadre associatif, il faut un minimum de marge politique pour pouvoir appuyer les démarches, orienter les concitoyens dans leur parcours. Sans compter qu’il faut pouvoir peser sur la décision. Je me suis donc mise en quête d’un parti politique, à même de me soutenir. Il faut savoir qu’à Valenton, jusqu’alors, il n’y avait guère que le Parti communiste. Petit à petit, le PS s’est mis en ordre de marche et j’ai adhéré immédiatement pour pouvoir agir concrètement, au plus près des gens.
Quand vous êtes-vous investie pour la première fois dans la vie politique?
En 2007, mais mon implication sociale remonte à 2004, par le biais associatif. La section socialiste de Valenton est une petite structure, en voie de construction. Elle a besoin de temps pour s’affirmer.
Vous avez été élue conseillère municipale en mars 2008. En quoi consiste votre tâche?
Le Conseil municipal compte quelque 33 membres répartis en 10 commissions, avec des secteurs bien définis. Je participe à cinq commissions, ce qui est beaucoup, mais nous sommes deux à nous répartir les tâches. Je prends part aux commissions « Politique de la ville/Vie des quartiers », « Famille/Retraite », « Action sociale/Santé/Handicap », « Jeunesse/Sport » et « Associations/Culture/Anciens combattants ». En tant que conseillère municipale, ça me sert de tremplin pour faire ce que je faisais déjà en qualité de militante associative, appuyer des dossiers, assister des gens. J’arbitre, au niveau de la commission, les changements qui doivent s’opérer. Je préside aussi la commission du « comité Seniors » de Valenton. C’est très enrichissant. Il y a un travail d’intégration à faire entre les anciennes familles, présentes depuis longtemps, et les nouveaux occupants, et ça prend beaucoup de temps.
Vous aimez ça?
Oui, bien sûr. Je suis par nature quelqu’un de très dynamique. On ne fait jamais la même chose. Cela me permet donc de rencontrer des gens, de ne pas être dans la routine. À côté, il y a le Parti socialiste qui, malgré ce qu’en disent les médias, m’a beaucoup apporté et qui est en ébullition dans le Val-de-Marne, notamment à Valenton. C’est une organisation qui fonctionne parfaitement. Elle est en plein renouveau. Tout le monde regorge d’énergie, chacun de nous a envi que ça change, et l’homogénéité est la règle.
Vous êtes issue d’un nouveau parti, dans un fief communiste. Comment gérez-vous cette situation?
Au début, ça s’est très mal passé. Dans la ville, j’étais déjà connue, mais le Parti communiste, hégémonique dans ses pratiques, n’a pas compris que je puisse être élue sous la bannière socialiste. Le temps a fait son uvre et j’ai expliqué à mes concitoyens les raisons qui ont dicté mon choix, ce qu’ils ont parfaitement compris.
Vous êtes une femme de couleur. On imagine aisément que vous avez dû rencontrer de nombreux obstacles.
Je n’ai rencontré aucune difficulté d’ordre racial. Et, pour être franche, c’est surtout mon étiquette politique qui a constitué un handicap. Mon appartenance à la communauté africaine n’a pesé aucun poids dans la balance. Être une femme noire et s’imposer dans une des villes les plus difficiles du bassin francilien est apparu courageux aux yeux de beaucoup. Au final, j’ai eu plus de soucis au regard de ma couleur politique qu’en raison de mes origines.
Pour ceux qui ne connaissent pas, quelles sont les différences entre le Parti socialiste et le Parti communiste?
Madame le maire me rappelle souvent que nous sommes d’accords sur le fond, mais par sur la forme. À Valenton en particulier, les communistes fonctionnent en vase clos. Tout est affaire d’héritage : certaines familles sont enracinées dans la vie politique locale depuis longtemps, et ce sont toujours les mêmes groupes qui gèrent la ville. Pour être clair, le PCF est un parti en voie de disparition, à l’heure où la classe ouvrière s’efface du paysage social et que de nouveaux métiers se créent. Il faut fonctionner avec son temps et les communistes gagneraient à nous rejoindre. (Rires).
Parlez-nous du Cameroun. Que savez-vous de ce pays?
Mes parents étaient originaires d’Eséka. C’est un peu difficile pour moi d’en parler d’autant qu’ils ont disparu depuis. Toutefois, ma grand-mère et le reste ma famille vivent encore sur place. Je les vois assez souvent et je compte aller au Cameroun cet été, si tout se passe bien. J’irai là-bas accompagnée de avec mes frères et j’espère profiter un peu du pays.
Vous n’avez jamais pensé lancer des projets avec des villes camerounaises?
J’y réfléchie. Actuellement, mes frères et moi apportons un peu de notre aide au village de nos parents et multiplions les échanges de marchandises pour soutenir les populations locales.
Et sur le plan purement politique ? Des jumelages ne sont pas en vue?
C’est un projet en construction et je ne peux pas encore en dire plus.
Vous est-il déjà arrivé de penser à faire de la politique au Cameroun?
Je suis encore une jeune politicienne et j’ai beaucoup à apprendre. Il sera toujours temps d’y penser par la suite.
Quelles sont vos ambitions politiques?
Je suis entrée en politique pour être une alternative. Je n’ai donc pas de projet précis. Je suis bien entourée et j’ai tout ce qu’il me faut pour réussir. J’avance au jour le jour, en tentant de surmonter les problèmes un à un.
Et nous, si on devait vous souhaiter un v u?
Que les choses continuent de marcher et que mon parti gagne toutes les échéances électorales à venir.