Le directeur général de la CRTV est reparti vendredi du Tribunal avec une mauvaise nouvelle, en rapport avec le détournement présumé de près de 3 milliards de F CFA
Amadou Vamoulké, le directeur général de la Cameroon Radio télévision (CRTV), est reparti vendredi de la semaine dernière du Tribunal criminel spécial (TCS) avec une mauvaise nouvelle. Au cours d’une audition qui a duré un peu plus de 5 heures d’horloge (entre 14 h et 19h10), le juge d’instruction lui a formellement signifié son inculpation. Cette mise en examen suppose que le juge dispose des indices suffisants ou concordants rendant vraisemblable le détournement de près de 3 milliards de francs CFA des caisses de la CRTV. Détournement présumé pour lequel Amadou Vamoulké est entendu depuis quelques semaines.
L’argent représente le déficit du «report de trésorerie» à son arrivée à la tête de l’entreprise en janvier 2005. En clair, il manque près de 3 milliards de francs CFA des 5 milliards que Gervais Mendo Ze, le directeur général sortant, a dit avoir laissé dans les caisses de la CRTV lors de la passation de service avec Amadou Vamoulké.
Ligne de défense
Vamoulké a†t†il été piégé? Approché l’ancien journaliste, qui nous est apparu calme et serein, n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet, nous conseillant de mener notre propre investigation. Laquellenous apprend que pendant ses auditions, le DG de la CRTV argue que les 3 milliards de francs CFA querellés représentent le gap entre le montant figurant sur les documents comptables qu’il a signés lors de la passation de service et ce qu’il a réellement trouvé dans les caisses de l’entreprise. Pour un expert†comptable rencontré, le mal est fait: «Même si Vamoulké est sincère, son argument apparait quelque peu léger. Ce dernier ayant validé l’arrêt des comptes lors de la passation de service. Il aurait dû exiger un audit des comptes avant. Une fois qu’il a signé, cela signifie qu’il atteste de la conformité des comptes présentés par son prédécesseur» explique†t†il.
Quoiqu’il en soit, plaide le DG de la CRTV, le problème ne devrait pas se poser dès lors que le conseil dʹadministration ne s’est pas plaint et a donné quitus à sa gestion pour les exercices budgétaires successifs de 2005 et 2006 notamment. Pour l’instant, on ignore si le juge d’instruction a cherché à comprendre pourquoi cette instance, présidée à l’époque par Pierre Moukoko Mbonjo, ministre de la Communication d’alors et actuel ministre des Relations extérieures, a validé la gestion de Vamoulké, malgré ce déficit de 3 milliards de francs CFA dans le report de trésorerie mentionné au moment de sa prise de fonction.
Ce qui est cependant certain, c’est que les arguments de l’ancien rédacteur†en†chef de Cameroon tribune n’ont pas convaincu le juge d’instruction de son innocence. Car non seulement ce dernier l’a inculpé, il souhaite également le mettre en détention provisoire. Dans le dossier que le juge a transmis à la chancellerie pour instruction après l’audition de vendredi, il demande en effet qu’Amadou Vamoulké soit déchargé de ses fonctions pour se mettre à la disposition de la justice.