Une confrontation a débouché sur la mort d’une personne et l’enlèvement de deux autres
L’histoire est assez insolite lorsqu’on reste dans le cadre de la réputation du Cameroun pays ou coexistent pacifiquement plusieurs communautés distinctes. Pourtant c’est vrai. Deux communauté villageoises de la région Nord-ouest du pays se livrent une guerre farouche. D’après le quotidien Mutations qui rapporte les faits, la discorde aurait débuté en mai 1999. Alors que le pays tout entier se prépare à la fête de la réunification qui a lieu les 20 mai chaque année au Cameroun, les villages Balingham et Awing qui partagent la même frontière dans le département de la Mezam, se sont livrés à des rixes qui auraient conduit à la mort de 4 personnes.
L’administration est intervenue à l’époque, et les deux parties ont apporté à l’appui de leurs prétentions des documents datant de l’époque coloniale. Le document des Balinghams est renforcé de données topographiques. Argument que réfuteraient les Awing avec un document signé à une date antérieure et qui prouverait leur occupation première des lieux. Ils soutiennent en outre que c’est par hospitalité qu’ils auraient permis aux autres de s’installer.
Le fait est que dans ces tergiversations successives se seraient poursuivi jusqu’à dernièrement. L’audition des gendarmes révèle que le 23 mars dernier, un couple en provenance de Baligham veut cultiver à la frontière avec Awing. Il s’agit d’une parcelle litigeuse qui est à l’origine des conflits entre les deux villages. Des paysans originaires de Awing l’attrapent, le molestent et séquestrent la dame du couple. Le mari, Mouyiet, s’enfuit vers son village et ameute tout le monde. Le lendemain matin, les Baligham envahissent une partie d’Awing. Les deux communautés auraient fait usage de fusils de fabrication traditionnelle. Louis Kah est mort dans cet affrontement. Se souvient-on à Baligham. On est pressé d’avoir la version des Awing. Il faut encore faire quelques kilomètres, en passant par Bamenyam dans le département des Bamboutos, avant de rejoindre Awing.
Les images sont plus expressives. Dans le village Awing, les mesures de sécurité ont été renforcées. Trois villageois armés de fusil de fabrication traditionnelle montent la garde au niveau d’une barrière: On n’entre plus ici n’importe comment, aurait affirmé l’un des gardes. Tous les passants sont identifiés. Awing est plus peuplé que Baligham. 60.000 habitants. Ce sont des chefferies de deuxième degré. Chaque concession détient au moins une arme à feu à Awing, pour des besoins de sécurité. On prend peur de se rapprocher des jeunes gens qui les arborent dans des champs. Ils montent et descendent à la recherche d’un éventuel envahisseur. D’après un résident de cette localité, le bilan a été très lourd. On parle de dizaine de maisons et d’autant d’hectares de champs brulées. Les rhizomes de bananiers-plantains ont subi la furie des machettes.
Rien n’a résisté de la concession de Mathias Ttsabong, un des villageois présumé enlevé. Le Fon Fozo II de Awing n’en revient pas. Il invite les autorités administratives à s’y pencher immédiatement. Le climat social tumultueux est à l’origine du fort déploiement des gendarmes. Ils sillonnent les deux villages de jour comme de nuit, de manière à empêcher d’autres attaques. A Awing comme à Baligham, on ne dort plus le c ur tranquille. Rien n’indique qu’on est définitivement sorti de la crise. L’administration par le biais du préfet de la Mezam proposerait quant à elle deux solutions. L’une serait de réunir les deux chefs protagonistes et les amener à s’entendre sur une ligne de démarcation à proposer en urgence. La deuxième aussi folle qu’elle peut paraître se conformerait au droit applicable en matière de conflit transfrontaliers interétatiques. Le préfet pourrait ainsi demander aux deux villages de produire leurs documents coloniaux respectifs et leur appliquer l’uti possidetis, solution déjà utilisée dans le conflit opposant le Cameroun au Nigeria pour la presqu’île de Bakassi.