Le Premier ministre a présidé la 1ère session du conseil national de la décentralisation. Il aura encore été question de chronogramme et du transfert des recettes
Peu d’avancées finalement sur la décentralisation au Cameroun. Réunis jeudi 04 août 2011 autour du premier ministre Yang Philémon, les membres du conseil national de la décentralisation ont une fois encore planché sur les mêmes problèmes. Des avancées sont perceptibles, mais le gouvernement ne donne pas clairement l’impact de ces avancées sur le processus en lui-même. Au cours de cette année quatre ministères ont rejoint les neuf premiers déjà engagés. Mais le processus se trouve encore à sa phase expérimentale. D’un autre côté, le conseil a rapporté l’effectivité d’un élargissement de l’assiette des compétences et des ressources transférées. Depuis le début de l’année, on parle de 23 milliards transférés. Prenant la parole, le ministre en charge de la décentralisation a aussi présenté comme acquis l’élaboration d’un projet de chronogramme. Il devrait servir de base à la définition d’une véritable stratégie de mise en uvre de la décentralisation au Cameroun. Pour ce qui est du taux de la fraction des recettes de l’Etat, le MINATD a proposé qu’il soit fixé à 9,72%. Il a d’ailleurs demandé que ce taux soit déjà consigné dans la circulaire relative à l’élaboration du budget de l’Etat pour l’exercice 2012. Le conseil a aussi fait part des difficultés. Le MINATD a reconnu que le financement était l’un des axes de faiblesse du dispositif de mise en uvre de ce processus. A quatre mois de la fin de l’exercice budgétaire en cours, toutes les quotes-parts n’ont pas encore été reversées, ce qui freine l’action des communes sur le terrain.
Le Conseil une fois encore, s’est dit résolu à tout faire pour remédier à ces difficultés afin de faire de la décentralisation un succès. Mais cela risque d’être difficile. Les défis fondamentaux de la décentralisation semblent esquivés par l’administration. Il existe encore des tensions entre la reconnaissance des initiatives collectives locales et l’exigence d’intégrer ces initiatives dans une vision d’ensemble. Les clivages socio-ethniques sont encore trop présents. Une exigence rendue complexe par la disposition constitutionnelle qui demande que soit pris en compte l’intérêt des minorités autochtones. D’un autre point de vue, le principe de péréquation dans la redistribution des centimes additionnels renforce au niveau des institutions la fraction entre producteurs et consommateurs. Les politiques n’ont pas expliqué comment ils procèderont réellement pour empêcher une rupture brusque de ces inégalités. Pour ce qui est du financement, les difficultés y relatives risquent de ne pas trouver une solution effective dans la configuration actuelle de l’économie. Avec seulement 21% de capacité d’intervention sur l’économie, l’Etat aura toujours du mal à assurer le transfert des recettes. Les experts s’accordent à dire que pour réussir, la décentralisation doit être un processus général qui doit inclure toutes les modalités de l’intervention publique et une révision du cadre législatif. Mais pour l’heure cela ne semble pas être le cas. Une des grosses limites est l’inadaptation des services déconcentrés de l’Etat, appelés à accompagner les communes dans la réalisation de leurs objectifs de développement. La mise en place de la décentralisation en cours a déjà coûté près de 20 milliards au contribuable. En l’absence d’un cadre clair, il a forte chance de ne pas avancer plus rapidement