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Environnement: ces grands projets qui vont changer l’Afrique

La Grande muraille verte et la restauration du lac Tchad contribueront à la lutte contre le terrorisme et l'immigration clandestine,…

La Grande muraille verte et la restauration du lac Tchad contribueront à la lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine, selon l’expert environnementaliste Assazou Bancana

La Conférence des Nations unies sur le climat (COP 22) tenue à Marrakech (Maroc) du 7 au 18 novembre a remis à l’ordre du jour les principaux grands projets environnementaux du continent africain.

Les leaders de l’Afrique qui ont pris part à ce rendez-vous international, dont le Sénégalais Macky Sall, le Guinéen Alpha Condé, le Tchadien Idriss Deby Itno, le Nigérien Issoufou Mahamadou et le Congolais Denis Sassou Nguesso en ont parlé, sollicitant le soutien de la communauté internationale et des principaux bailleurs de fonds.
Focus sur les principaux grands chantiers africains les plus en vue, s’agissant de la préservation de l’écosystème.

Le premier des projets prioritaires est celui de la Grande Muraille Verte. Ce projet évoqué par les présidents tchadien, nigérien et sénégalais a été initié en 2005 et lancé effectivement en 2007. Consistant à reboiser une bande de 15 km de large sur 7.000 km de long, de Dakar à Djibouti, pour stopper l’avancée du désert, selon la Banque africaine de développement (BAD), ce projet piétine encore, en raison d’un manque de financements.

D’après un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), Il y a toutefois urgence, car les sols africains se portent très mal. La perte de sols due à l’érosion dépasse, en effet, les 200 tonnes par hectare par an dans plusieurs régions du continent, avec une moyenne de 40 tonnes par hectare selon les scientifiques. La majeure partie est emportée par les pluies comme en Afrique centrale et australe, au Maroc ou à Madagascar ou encore dispersée par le vent comme aux abords du Sahara, des déserts Danakil (au nord-est de l’Éthiopie et au sud de l’Érythrée) et du Namib (sud-ouest de la Namibie).

L’ONU évalue le coût de l’inaction face au phénomène de l’érosion et de la dégradation des sols à 280 millions de tonnes de céréales perdues par an, représentant 262 milliards d’euros par an pour les quinze années à venir, soit un montant total de 4,2 trillions de dollars sur l’ensemble de la période et l’équivalent de 12,3 % du PIB annuel des 42 pays étudiés.

Après l’engouement des premiers temps, les bailleurs de fonds internationaux (dont la Banque mondiale, l’Organisation mondiale pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Union européenne) semblent avoir « modéré leur enthousiasme », en revoyant les priorités.

La Grande muraille verte n’aurait ainsi réussi qu’à réunir un budget de 2 milliards USD, après plusieurs années de conception stratégique et d’enquête de terrain. La grande partie de ces financements est mobilisée par la Banque mondiale, l’Union européenne et l’Union africaine. Or, le montant annoncé au départ était de l’ordre de 3 milliards de dollars, d’après le site spécialisé irinnews.org.

L’autre projet du siècle n’est autre que la restauration du Bassin du lac Tchad. Egalement évoque par le président Deby Itno et son homologue guinéen Alpha Condé, ce projet relevant de six pays riverains du lac, notamment le Cameroun, le Niger, le Nigeria, le Tchad, la RCA et la Libye est géré par la Commission du Lac Tchad (CBLT) créée en mai 1964. Il permettra la revitalisation naturelle et biologique du lac pour lutter contre la désertification, maintenir des activités socio-économiques comme la pêche et l’élevage et de fournir de l’eau potable au profit des 25 millions d’humains vivant dans cette région embrasée du sahel.

Selon les experts de la CBLT, le lac Tchad est menacé de disparition et risque d’entamer l’espoir de dizaines de millions d’habitants des villes riveraines. Ce lac constitue la principale source de revenus pour les Sahéliens qui vivent essentiellement de la pêche et des cultures maraîchères et irriguées. D’où la nécessité de chercher une source d’alimentation en eaux pour ce lac qui a perdu près de 90% de sa superficie estimée, il y a quarante ans, à 25 mille km2.

Il faut en moyenne 11 milliards de dollars pour la mise en uvre de ce projet et 3 milliards de dollars pour le soutien et le dédommagement des populations qui seront déplacées, selon la même source.

Le président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso, a annoncé la création, à son initiative, d’un fonds bleu pour sauver le bassin du Congo, deuxième poumon de la planète après l’Amazonie. Onze pays de la zone sont touchés par la dégradation de ce bassin qui représente 220 millions d’hectares de forêts.

Projets hydro-électriques, traitement des eaux, irrigation des terres cultivables, sont parmi les projets prévus par ce fonds appelé à être « une préoccupation commune » pour tous les Africains. « Car, le sauvetage du lac du Tchad passera d’abord par stabiliser les eaux du bassin du Congo », prévient Sassou Nguessou.

Approché, l’expert économiste et membre de la Commission mondiale pour l’environnement et le développement, Assazou Bancana, soutient que les conditions sont réunies pour finalement passer du verbe à l’action.

« Je pense que les principaux acteurs de la communauté internationale et les grands bailleurs de fonds internationaux ont fini par comprendre que la paix mondiale passe nécessairement par la stabilisation du Sahel. C’est pourquoi ils passeront des promesses à la concrétisation, surtout après que l’Afrique a parlé d’une seule voix lors de la COP 22 à Marrakech », affirme-t-il dans un entretien.

Dans la même perspective, il fait observer que la lutte contre l’immigration clandestine, dont le Sahel demeure une plaque tournante, contre le terrorisme qui affecte la vie des hommes et le commerce transnational trébuchera en se contentant des interventions et opérations armées.

« Changer la condition des hommes dans cette région du globe en servant le développement économique et social contribuera à sa pacification, et de là, à ériger des garde-fous efficaces contre l’instrumentalisation pratiquée par les recruteurs des groupes armés et extrémistes et les narco-trafiquants », explique-t-il.


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