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Eugène Ebodé: « Cette femme a vraiment existé »

Le romancier camerounais revient sur les circonstances de l'écriture de son nouveau roman, Souveraine Magnifique Pourquoi avoir attendu quatorze ans…

Le romancier camerounais revient sur les circonstances de l’écriture de son nouveau roman, Souveraine Magnifique

Pourquoi avoir attendu quatorze ans pour rapporter le récit que Souveraine Magnifique vous a confié en 2000?
C’était impossible pour moi d’écrire sur le génocide à mon retour du Rwanda en 2000. Je suis revenu tétanisé. Le malheur était trop proche. Il me fallait une distance temporelle pour pouvoir raconter la tragédie qu’avait subie Souveraine Magnifique. Cette femme a vraiment existé. Elle m’a confié son histoire. J’ai reconstitué son récit, en m’appuyant sur les notes que j’avais prises, mais aussi sur mon imagination et sur mes propres connaissances de ce qui s’était passé au Rwanda.

Pourquoi était-ce important pour vous de raconter cette histoire ?
Pour plusieurs raisons. Tout d’abord, parce que je m’étais engagé à le faire. Puis, voyez-vous, quand j’étais jeune, j’ai été très marqué par l’histoire du Petit Poucet. Mes livres sont les cailloux blancs que je laisse tomber comme le Petit Poucet le long du chemin de la vie, afin de laisser derrière moi des traces du courage et de la grandeur de mes contemporains. C’est ce que j’ai essayé de faire avec mon précédent livre consacré à Rosa Parks. Avec le récit de Souveraine Magnifique, j’espère avoir déposé pour la postérité la trace de la capacité de résistance de l’homme face au mal qu’a représenté le génocide rwandais.

En quoi votre récit se distingue-t-il des autres romans ou témoignages que la tragédie rwandaise a inspirés?
Personne n’a parlé jusqu’ici du rôle des non-tutsis qui, au péril de leur propre vie, ont aidé les tutsis persécutés par leurs bourreaux. Ces Justes ont réellement existé, comme en témoigne l’histoire de Souveraine Magnifique qui avait été accueillie et protégée pendant sa fuite par un couple musulman. Raconter le rôle de ces hommes et femmes, c’est contribuer à rétablir l’Histoire dans sa vérité, comme l’a écrit Simone Veil en parlant de l’aide que les non-Juifs ont apportée à des Juifs en danger pendant la Seconde Guerre mondiale.

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Eugène Ebodé
RFI)/n

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