L’opposition regroupée autour d’un front de refus crie au scandale et dénonce une dérive autoritaire
Le Cameroun représenté
L’investiture à la présidence de la République gabonaise d’Ali Bongo Ondimba, aura lieu ce vendredi. L’annonce officielle en avait été faite mardi dernier, au lendemain du verdict final de la cours constitutionnelle. Les cérémonies prévoient la passation de pouvoirs entre la présidente intérimaire, Rose Francine Rogombé, et Ali Bongo. Elles se dérouleront au palais présidentiel du bord de mer. Un défilé militaire est également prévu de même qu’un feu d’artifice en soirée. Selon les derniers chiffres revus et publiés par Marie Madeleine Mborantsuo, la présidente de la cour constitutionnelle, Ali Bongo a été élu avec 41,78% des voix avec un taux de participation de 44%. Pierre Mamboundou de l’Union du peuple gabonais (UPG-opposition) obtient 25,64% des suffrages. Il devient le principal leader de l’opposition gabonaise devant André Mba Obame (25,33%). Le Cameroun sera représenté par Cavaye Yeguie Djibril, le président de l’assemblée nationale, a-t-on appris hier de source officielle.
Ramener le calme et la sérénité
Au lendemain de son investiture, le tout premier défi du nouveau président sera de ramener la sérénité à l’intérieur du pays. Le Front Uni de l’opposition promet de ne rien laisser passer. Si le verdict de la Cour Constitutionnelle a mis un terme au processus électoral, il ne semble pas pour autant avoir résolu les divergences entre le parti au pouvoir et le front de l’opposition, au sein duquel d’anciens puissants du régime et opposants historiques dénoncent un coup d’Etat électoral et une dérive totalitaire et dictatoriale des nouvelles autorités. Les décisions de la Cour sont irrévocables mais la loi ne doit pas être au service d’un pouvoir (…) Si la loi est au service du pouvoir, le peuple reprendra un jour son pouvoir, estime Yvette Ngwevilo Rekangalt, une des huit candidats qui avaient saisi la Cour pour l’annulation de l’élection.
Avertissement pour des cas de désordre
Coté parti au pouvoir (PDG) on promet déjà d’être sans complaisance pour les troubles. S’ils veulent retomber dans le comportement de hors-la-loi, comme ils ont tenté de le faire lors de la proclamation des résultats des élections, comme ils ont manipulé les gens au niveau de Port-Gentil, et bien force restera à la loi. Je compte sur les autorités compétentes pour mettre fin à ce genre de comportements, a prévenu le secrétaire général du PDG, Faustin Boukoubi. Une position que devrait suivre Ali Bongo. Au lendemain du décès de son père et ancien président Omar Bongo Ondimba, il avait fait fermer les frontières. Sur un autre registre, il a dans un premier temps réprimé les manifestations qui exigeaient sa démission lors de la campagne présidentielle, mais s’est finalement résolu à le faire, sur les conseils de son équipe de campagne.
Un président assez contesté
Lorsqu’il prêtera serment ce vendredi, Ali Ben Bongo Ondimba deviendra le troisième président de l’histoire du Gabon. Il sera aussi le premier dont l’investiture sera contestée par une majorité de gabonais. « Personne n’est prêt à négocier avec lui », affirme un responsable de l’Union du peuple Gabonais (UPG), le parti de M. Mamboundou. Ali Bongo, qui appartient à une petite ethnie, « aura contre lui les Fangs (ethnie de M. Mba Obame, relativement majoritaire dans le pays – entre 30 et 40% -), les Punus (ethnie de M. Mamboundou) et les Nzébis (ethnie de Zacharie Myboto, un autre candidat battu). Le pays va être ingouvernable », a-t-il estimé. D’un autre coté, la population gabonaise en âge de voter est estimée à près d’un million cinq cent mille personnes. Au-delà des chiffres de la cour constitutionnelle, on retiendra qu’un peu moins de 350 000 gabonais seulement ont porté leur choix sur le nouveau président, le reste ayant certes en rang dispersé, voté contre lui. Les prochaines législatives promettent d’être houleuses. L’Union Européenne, la France en tète, s’est dite satisfaite par la transition démocratique. Chacun appréciera.