A peine 100 sur 94.000 entreprises recensées intègrent aujourd’hui le green business et le développement durable dans leur plan de développement
Directions Environnement et Valorisation des déchets
Au Cameroun, il existe bel et bien plusieurs entreprises qui pensent au business de l’environnement. Tradex, la société de trading et d’exportation du pétrole brut et des produits pétroliers, depuis sa création, a mis les questions environnementales au centre de ses priorités. Plusieurs actions sont ainsi menées chaque année par cette entreprise à capitaux camerounais, qui, depuis 2006, est dans le segment de la distribution du carburant. Une autre entreprise s’illustre parfaitement aussi dans ce domaine. AES-Sonel. Après avoir évolué dans ce domaine de manière éparpillée, la filiale camerounaise du géant américain de l’électricité AES Corporation, vient de créer toute une sous-direction rattachée à la direction générale de l’entreprise, la sous direction responsabilité sociale et développement durable. C’est l’outil de choix pour conduire les efforts collectifs déployés par AES-Sonel pour améliorer ses relations avec les communautés locales et en même temps, pour soutenir l’organisation, l’autonomisation et le renforcement des capacités de ces communautés, dans le cadre des partenariats secteur public / secteur privé, en droite ligne des objectifs du millénaire pour le développement des Nations Unies et des Stratégies Nationales qui sont également bénéfiques pour l’activité essentielle d’AES-Sonel et la croissance durable des communautés. AES-Sonel s’est engagé d’ailleurs dans ce sens en mars 2006 avec cinq autres entreprises implantées dans la Sanaga Maritime, dans le cadre d’un projet appelé « Partenariat d’entreprises pour le développement de la Sanaga Martime (PED ». Les cinq entreprises sont Alucam, Safacam, Socatral, Socapalm et Spfs, la société Ferme suisse. En dehors de ses six entreprises, les multinationales établies au Cameroun et quelques grandes entreprises sont aussi dans cet élan. En effet, plusieurs entreprises se mettent au green business. Certaines par contrainte, comme la Société anonyme des brasseries du Cameroun (dont André Siaka, directeur général, est l’ancien président du Gicam) et Guinness Cameroun SA, qui ont réagi à contrecoup en créant des directions environnement et en valorisation leurs déchets après les sanctions des autorités.
Energies solaires
D’autres ont justement saisi les opportunités offertes par ces obligations réglementaires pour prospérer. Tel est le cas de Bocom, qui recycle les déchets et qui possède de grandes ambitions pour le business du recyclage au Cameroun. 
L’émergence d’un nouveau marché a contribué au développement de Biotropical, qui fabrique et exporte des produits issus de l’agriculture biologique. Le déficit d’infrastructures, la pénurie d’énergie, la forte demande en téléphonie et l’ensoleillement ont créé les conditions pour avoir recours aux énergies alternatives. C’est le cas de l’opérateur de téléphonie MTN, qui alimente certaines de ses antennes relais grâce à l’énergie solaire. 
La société agroalimentaire Somdiaa valorise la bagasse pour produire de l’énergie en autoconsommation. Elle dispose d’un stock qui pourrait, avec la mélasse, dans le cadre de l’écologie industrielle et de la création d’éco-activités, permettre la production d’énergies renouvelables, de biocarburants, de bioproduits pour la construction et l’ameublement, ou pour l’alimentation du bétail. L’Etat et le secteur privé gagneraient à s’intéresser aux écosystèmes industriels et à l’économie circulaire, comme c’est le cas en Chine pour ce dernier point. Dans le DSCE, la production des biocarburants à partir de la canne à sucre est d’ailleurs une priorité pour l’Etat. 
Le groupe Sabc a investi il y a quelques mois dans l’amélioration de son process. De telles initiatives cadrent parfaitement avec le MDP. A côté des initiatives individuelles, d’autres entreprises se sont engagées dans le cadre des opérations collectives pour mutualiser les actions de green business, c’est le cas de la SFID (Société forestière et industrielle de la Doumé, filiale du groupe Rougier), du groupe Alpi Cameroun et de la Société nationale d’investissement du Cameroun (SNI), qui sont impliqués dans le projet CASCADe, Carbon Finance for Agriculture, Silviculture, Conservation and Action against Deforestation, un programme soutenu par le PNUE et la Banque mondiale qui a débuté en 2007 et s’est achevé en 2010. Pour le reste, le sujet n’est pas encore à l’ordre du jour. Nombreuses sont celles des entreprises qui sont entrées dans l’école buissonnière, les PME en l’occurrence. La constatation saute à l’ il nu. Les entreprises camerounaises sont encore majoritairement en arrière, par rapport à la promotion du business de l’environnement et du développement durable. Le patronat camerounais n’a encore développé aucune stratégie particulière pour tirer profit des 
initiatives offertes par le mécanisme de développement propre et la finance carbone.
Absence d’une stratégie environnementale du gouvernement
Pour l’instant en tout cas le 
business de l’environnement et du développement durable ne semble pas être une priorité des entreprises camerounaises, ainsi que du patronat camerounais. Le Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam), a pourtant tenté plusieurs actions dans ce sens depuis quelques années. Dans le numéro 45 du Bulletin du Gicam, paru en décembre 2009, un dossier sur le thème « Développement durable et protection de l’environnement au Cameroun » a été publié et une commission « Environnement » a été créée. Celle-ci, rassemble toutes les entreprises du Gicam qui opèrent dans le domaine de l’environnement et c’est la force de proposition pour soutenir et défendre la position du Gicam en matière d’environnement. Mais, le principal patronat bute, explique-t-il, sur des difficultés liées à un manque de suivi efficace de la part de l’Etat. Nous regrettons l’absence de véritable stratégie environnementale du gouvernement camerounais. Elle se résume en général à des audits environnementaux dont les résultats ne sont pas toujours satisfaisants. C’est la raison pour laquelle nous lancerons bientôt un grand débat national sur cette problématique, des audits environnementaux qui devraient aboutir sur la mise à niveau des auditeurs. Nous déplorons également l’absence d’encouragement et de facilitation des initiatives environnementales par les autorités publiques. L’Etat peut, par exemple, mettre en place une incitation fiscale pour les entreprises exemplaires, déplorait en 2010 Martin Abega, l’ex secrétaire exécutif du Gicam. Il existe déjà des normes environnementales au Cameroun qui permettent de se positionner sur de nouvelles niches. Dans les années 2000, les sanctions, parfois médiatisées, infligées aux industriels par les autorités pour les rejets de déchets et autres effluents dans la nature ont permis l’émergence de plusieurs entreprises dans le domaine des déchets, qui est l’un des plus actifs en matière de green business au Cameroun. Plus récemment, le Plan national de lutte contre les déversements accidentels d’hydrocarbures offre de nombreuses opportunités pour la création de nouvelles activités, notamment pour la mise en conformité des sites et la gestion des pollutions accidentelles, le cas échéant. Quelques industries comme la SNH et la Cotco (groupe Exxon Mobil) ont un véritable besoin d’expertise et de technologies. De plus en plus, les efforts sont fournis. Mais, le mal reste quasi-entier. Et pourra encore durer longtemps. Très longtemps même. Car, au Cameroun, la priorité des chefs d’entreprises, dont 44% ont au maximum le Certificat d’études primaires, c’est le profit.