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Honneur à Jean Batcha!

L'hommage de la diaspora Batcha à un talent. Le symbole d'un peuple de l'Ouest Cameroun. A nos contrées, leurs héros.…

L’hommage de la diaspora Batcha à un talent. Le symbole d’un peuple de l’Ouest Cameroun.

A nos contrées, leurs héros. A notre pays, ses grands hommes. Certains au lustre reluisant des heures exaltantes de l’Histoire. D’autres, dans l’évolution de nos villages, groupements et terroirs. Si Douala Manga Bell, martyr et héros national, incarne à la fois la résistance et le symbole d’une grande ethnie de la côte du Cameroun, Jean Batcha se pare d’un inaltérable aura posthume.

Samuel Ndjonkou de son vrai nom, commerçant modèle, a été arraché à la vie par les travers de l’intolérance, les torrents de l’extrémisme et la furie de la déraison. Il a été lâchement assassiné, aux premières heures du samedi 14 novembre 2014, par de belliqueux voisins du groupement Batchingou. Un sacrilège ; la tradition du vivre-ensemble bamiléké et les vertus de l’intégration nationale foulées au pied.

La cause: un conflit absurde entre Batchingou et Batcha, exarcerbé par l’organisation d’un festival culturel Batchingou Nga’Nchu. Les premiers contestent l’appellation Mont Batcha attribuée à une chaîne montagneuse emblématique, inscrite dans les ouvrages scolaires, les atlas de géographie et divers documents officiels

Chaque année à l’occasion du Festival Batchingou, une excursion du Mont est prévue, attisant le courroux des Batcha. Ils ont au fil du temps constitué des groupes de vigilance, chargés d’empêcher des manifestations sans concertation sur la montagne. Face à la multiplication des altercations, le raidissement des esprits et les tensions répétées, les autorités administratives du Ndé et du Haut Nkam ont assuré les bons offices, tentant l’apaisement, avant de se concerter et prendre un arrêté, le 4 novembre 2014, d’interdiction de toute manifestation sur le site.

En bravant la décision administrative, des hommes enragés, postes avancés de colonnes du groupement Batchingou, en treillis, armés jusqu’aux dents, équipés de couteaux et machettes, déboulent. Ils ouvrent le feu, assènent des coups et brandissent leurs outils contondants. Plusieurs blessés mordent la poussière.

Jean Batcha, lui, essuie une balle. Il s’effondre le thorax touché, la respiration obstruée et le souffle lent. Quelques amis s’affairent aux premiers secours ; rien n’y fait. L’instant fatal! La figure montante de la culture Batcha, fierté locale geint de douleurs. Il s’accroche, telle une panthère des temps anciens, maître des pans de forêt des terres du pays Bamiléké. Son regard s’évanouit dans l’horizon, surplombant les hautes terres convoitées. Ses bras perdent de leur vigueur. Ils effleurent pour une dernière fois la terre de ses ancêtres, cet ocre qui a nimbé son enfance, coloré son imaginaire, mis du sel dans son existence.

Il y succombe. Au mitan de son existence, en plein décollage d’une carrière cinématographique et artistique prometteuse. Jean Batcha, à coté de son activité de commerçant, a franchi le pas du petit écran. De Sam Mambo, son premier nom de comédien, il fait le choix d’un symbole: «Je commence raconte t-il alors au site Batcha.org, comme Sam Mambo, et en 2004, lorsque je suis convié par les Déballeurs de Douala à jouer le rôle de Tagne dans la série Foyer Polygamique à Bazou, j’ai proposé au réalisateur de m’appeler Jean Batcha mais il a initialement refusé. Alors j’ai dit je ne jouerai pas ce rôle tant que je ne m’appelle pas Jean Batcha. Ceci pour donner une image à mon village.»

Il fait son chemin, enchaîne les séries. Ennemi Intime, Foyer Polygamique.les succès sont au rendez-vous. Sa visibilité s’accroit et son talent s’affirme. Il fait la fierté d’une contrée et conçoit des projets. Jusqu’au voyage de Batcha. Le dernier. Celui du départ vers les ancêtres.

Il avait des modèles notamment Mekep Sop Njui Malandjou Kondjo Norbert qui a favorisé l’intégration des Batcha à la fonction publique, construit l’école publique de Batcha, et contribué à l’aménagement de la chefferie.

Ce drame a brisé son rêve le plus cher: «créer un centre de formation culturel à Batcha pour former les jeunes qui veulent faire carrière dans l’art». Des élites sont engagées à le matérialiser. La meilleure manière d’honorer sa mémoire!

Jean Batcha, fierté du peuple Batcha
Abdelaziz Mounde)/n

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