Le nouveau ministre de la communication est le père fondateur du Front pour le salut National du Cameroun (FSNC)
Gesticulation, ostentation, appelez ça comme vous voulez mais toujours est-il que Issa Tchiroma Bakary est à coup sûr en pôle position au rang des citoyens qui occupent l’espace publique au Cameroun depuis une vingtaine d’années. Ancien ministre des transports, rédacteur du mémorandum des élites du grand Nord, défenseur de l’acte chevaleresque du président Biya s’agissant de l’Ecole Normale supérieure de Maroua, de la création de ELECAM ou encore de la révision de la constitution, Issa Tchiroma Bakary est sur tous les fronts. En tant que membre du contre pouvoir pour ne pas dire de l’opposition, Issa Tchiroma Bakary brille par ses interventions sur les écrans de télévision, dans les colonnes de la presse écrite et sur les plateaux les plus chauds des radios, bref sur l’ensemble de la scène médiatique camerounaise. Il a été rappelé aux affaires le 30 juin dernier pour remplacer Biyiti Bi Essam au ministère de la communication.
Né il y a de cela environ 63 ans à Garoua dans la Région du Nord Cameroun, Issa Tchiroma Bakary est de confession religieuse musulmane. Il a fait ses études primaires dans sa ville natale où il a obtenu son CEPE en 1962 à l’âge de 16 ans. Déclaré inapte à entrer au Lycée à cause de son âge, il va continuer ses études secondaires à Douala à l’école des cadres des chemins de fer avant de s’envoler pour la ville lumières de Paris pour les études supérieures à l’école ferroviaire de France grâce à une bourse offerte par le chemin de fer. Au pays de Molière, il décroche le diplôme d’Ingénieur mécanicien de l’institut supérieur des matériaux de construction métallique après un détour à la faculté des sciences de Jussieu de Paris. Toutes choses qui lui ont valu dès son retour au Cameroun le poste de Directeur des transports puis celui de chargé d’études à l’ex compagnie nationale des chemins de fer du Cameroun, la REGIFERCAM.
Sur le plan politique, Issa Tchiroma Bakary est membre fondateur de l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP). Et c’est sans doute la raison pour laquelle le coup d’Etat manqué du 6 avril 1984 au Cameroun lui a valu son incarcération pendant sept ans, même s’il avoue n’y avoir pris aucune part active et que le mobile de son arrestation résidait finalement dans le fait que la majorité des putchistes étaient ses amis. Toujours est-il qu’il a passé sept bonnes années de prison politique, de galère et surtout de réflexion d’abord à Nkodengui (un an) puis à Yoko (6ans). Quelques années seulement après sa libération, il va se faire élire comme parlementaire pour le compte de l’UNDP afin d’officier comme Député de la Nation à l’Assemblée Nationale en 1992, puis comme conseiller municipal à la commune de la ville de Garoua qui l’a vu naître. Plus tard, il sera nommé ministre des Transports le 27 novembre 1992 et ce n’est qu’après sa débâcle en 1996 qu’il a cherché à créer son propre parti politique dénommé le Front pour le salut National du Cameroun (FSNC) en 2007.
A la question de savoir pourquoi est-ce qu’il écume la scène médiatique camerounaise toutes ces dernières années, il répond que Nous avons une grande Nation et je cherche à faire comprendre aux autres que nous sommes une Nation bénie. Mais nous devons faire attention et rester vigilants car le pire reste toujours possible. Pour les personnes qui pensent que Issa Tchiroma Bakary défend plutôt une certaine philosophie du pouvoir, il répond ceci : «J’ai soutenu la révision de la constitution et aujourd’hui je soutiens la création de Election’s cameroon (ELECAM). Il ne faut pas que les gens se cachent derrière les institutions pour voiler leurs turpitudes. Ces institutions sont de loin les mieux aptes à organiser les élections à venir. Ce n’est pas ELECAM qui fera gagner ou perdre une élection à tel ou tel candidat, ce sont les hommes qui sont chargés de l’animer, ce sont les faits et gestes des membres du parti au pouvoir qui feront que cette institution plaide en faveur de tel ou tel candidat ». Mais puisque la perfection n’est pas de ce monde, Issa Tchiroma Bakary reconnaît lui-même ses faiblesses. « Je reconnais que je n’ai pas toujours été à la hauteur des responsabilités qui furent les miennes. Je confesse effectivement que je suis porteur d’un certain nombre de tares ». Et c’est justement cette humilité qui fait de cet homme marié et père de trois enfants un grand homme politique.