La princesse Khadizah Oumar sort son 2e album qui appelle à la patience des jeunes et à la compréhension des parents
Jusque là encore peu connue des mélomanes, il y a fort à parier qu’avec la sortie de son deuxième album, cela ne saurait durer davantage! Nul doute possible cette une nouvelle voix qui vient de voir le jour sur la scène musicale sahélienne. Surtout lorsqu’on sait que les filles peuhles du nord Cameroun qui choisissent de faire dans la musique, comme la princesse Khadizah Oumar, ne courent pas les rues. Elle vient ainsi de réaliser un rêve et une passion qui l’animent depuis ses cinq ans, ce fameux jour où son père lui offrit un jouet qui avait la forme d’un piano. Prenant sans doute ce geste paternel pour un signe du destin, elle s’est mise corps et âme à la musique, fredonnant des airs de son berceau natal, écoutant la musique dite profane pour finir par composer la sienne.
Comme première trouvaille, la princesse Khadizah envoie un signal fort à la jeunesse Ma première lettre. Un opus dans lequel elle passe en revue les fresques d’une vie qui est loin d’être tranquille avec le sida et le paludisme qui rôdent tels des prédateurs insatiables et redoutables. Elle consacre deux titres à ces problématiques actuelles pour sensibiliser les uns et les autres sur deux fléaux de notre temps qui vont en s’aggravant. Deux titres qui lui ont permis dans un passé récent de remporter des concours nationaux organisés par des organismes spécialisés et qui lui ont donné l’occasion de faire face à son premier public. Pour ceux qui l’ont suivi de près, le petit parcours de la jeune Khadizah était bien prévisible. Il n’y a pas si longtemps, elle remportait un prix au Festival des arts et du théâtre pour l’enfant africain. De même que son vidéogramme Nda Sida lui a légitimé de faire ses premières marques. Des marques qui vont conduire la jeune originaire de l’extrême-nord sur d’autres podiums tout aussi importants, notamment en Guinée Equatoriale. Elle se souvient justement de ce pays et dit merci à travers un titre, Gracias señor. Je dis merci à un ami de mon père qui a apprécié ma musique et m’a invitée en Guinée équatoriale. J’ai visité le pays, je l’ai aimé, il est beau et il se modernise à grande vitesse, raconte celle qui se revendique la jeune chanteuse.
A 16 ans en effet, elle est plus portée sur la saccade du fait de l’adolescence qui frappe à la porte de la croissance. A l’écouter, l’on est envahi par une sorte d’apaisement sans doute lié à sa voix qui pour une première se fond parfaitement sur les notes des instruments de son environnement de croissance ou de ceux qu’elle a croisé en grandissant. Rompant avec cette voix parfois trop enfantine, elle chante avec beaucoup de maturité Dunya sey mugnal, entendez, la vie c’est la patience, un album de 10 titres qui a pris corps il y a quelques semaines et dont les rythmes sont des plus variés. Dans cet album, elle conseille, console et encourage, conscientise la jeunesse, mais également la société toute entière qu’elle considère comme étant à la dérive. Je m’adresse à la jeunesse qui semble-t-il, n’a pas toujours conscience des réalités de la vie. Elle cède à la première difficulté rencontrée, elle tombe dans les illusions, dans les tromperies de certains adultes à la moralité reprochable. Et elle finit dans la plupart des cas dans une situation regrettable pour la vie, explique-t-elle en parlant du titre de cet album. Mais Khadizah n’oublie pas pour autant les véritables problèmes qui minent le continent. Dans son titre Pourquoi moi?, elle déplore les tristes réalités que l’africain vit dans son propre continent. Tous les maux sont sur lui. La gestion de ses ressources naturelles, la politique, la justice. Sont entre les mains des maîtres occidentaux sous le couvert de la coopération. Le blanc s’installe en Afrique partout où il veut et comme il veut, il règne comme roi et quand les jeunes africains, chassés par la pauvreté, tentent d’aller en Europe, ils sont repoussés ou jetés à la mer. Ils bafouent les règles de la démocratie en chassant ou faisant assassiner les chefs qui ne se soumettent pas à leur politique destructive du continent. Ils aident d’autres à grimper ou à se maintenir au pouvoir parce qu’ils leur laissent les champs libres à toute forme d’exploitation. Ils instaurent petit à petit le pouvoir dynastique dans le continent, conclut-elle sous un air très rebelle. Un air qui rompt pourtant avec les mélodies berceuses que ses arrangeurs ont su lui concocter à travers tout l’album. A 16 ans, cette princesse a ouvert un sillon appelé à se creuser au fil de sa croissance.