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Le franc parler du pape François en Afrique

Par Michel Lobé Etamé, journaliste Vous avez sans doute comme moi lu ou écouté le discours du Pape François à…

Par Michel Lobé Etamé, journaliste

Vous avez sans doute comme moi lu ou écouté le discours du Pape François à Nairobi, la capitale du Kenya. Pour son premier voyage en Afrique, ce pape n’a pas fait dans la langue de bois à laquelle les politiciens nous ont habitués. Je ne suis pas en quête de spiritualité, mais l’éclectisme qui nous caractérise détermine nos choix culturels. Et j’en ai eu pour mon compte.

Ce discours était édifiant et caustique, avec des mots qui peuvent inciter à la vitalisation de l’Afrique pour créer des pôles d’excellence qui inspireraient une jeunesse disponible et ambitieuse.

Le lieu de ce discours n’est ni anodin, ni dû au hasard. Le pape François a choisi un bidonville de Nairobi, au milieu d’une population qui vit dans une extrême pauvreté et abandonnée à elle-même. Il a dénoncé les injustices subies par cette majorité spoliée par une minorité. C’est bien pour tout cela que le pontificat du pape François pourrait éclairer l’Afrique et lui éviter les écueils hérités de la colonisation.

Le pape François a toujours habité loin des fastes des palais. Sa relation avec le peuple lui a permis d’observer la société et de dénoncer sans réserve les injustices sociales. Le cas du bidonville de Nairobi en est une parfaite illustration. Ce réquisitoire consacré à l’urbanisation complète son discours prononcé la veille pour l’environnement et la juste redistribution des ressources, devant les agences de l’ONU à Nairobi.

Une nouvelle forme de colonialisme
Les maux qui minent le décollage économique et industriel de l’Afrique sont connus. Mais il semble que les dirigeants actuels sont insensibles à la détresse des populations. Le Pape François, au cours de son discours à l’église de Saint-Joseph Travailleur à Nairobi a égrené, sans détour, les causes et les conséquences des inégalités sociales en Afrique. Il a fustigé avec véhémence la difficulté d’accès aux infrastructures, aux services de base et à l’hygiène qui sont responsables des maladies galopantes.

Le discours du pape François ne s’est pas limité à dénoncer les incohérences de gestion des dirigeants actuels. Il a aussi mis en relief la responsabilité de l’Occident qui met en place, depuis deux décennies, une nouvelle forme de colonisation. Celle-ci se traduit par des coups d’états, des menaces, des droits d’ingérence, des guerres provoquées et entretenues. L’accès aux emprunts, à l’aide financière extérieure et à la coopération sont soumis au chantage. Les complicités locales, par les voies de la corruption fragilisent elles aussi les états.

Toutes ces dérives livrent l’Afrique aux affairistes douteux qui la pillent sans état d’âme. Les générations futures pourront-elles payer l’addition des contrats qui engagent les pays sur des dizaines de décennies ?

Le désespoir et la pauvreté nourrissent le terrorisme
Les rebellions en cours au Sahel, les guerres larvées en République Centrafricaine, au Nigeria, au Cameroun, au Tchad, au Mali, en Somalie, au Soudan du Sud, au Niger et en Somalie font de l’Afrique un continent déstabilisé. Ces guerres ont des origines diverses dont les causes sont : la pauvreté, l’injustice, la corruption, l’accaparation des terres arables par les grandes puissances, le tribalisme, le népotisme, l’implantation des bases militaires étrangères, etc.

Les mots choisis du pape François ont le mérite de rappeler au monde la maltraitance politique et économique qui a pris des proportions alarmantes en Afrique. Il a osé dire, sans fioriture, tout le mal que subissent les populations par des pouvoirs qui ne doivent leur existence qu’à la dictature avec la complicité des grandes puissances.

Une fois encore, le pape François ne s’est pas privé de dénoncer les dirigeants actuels qui n’ont jamais mis en place un ascenseur social qui permet à la jeunesse de croire, d’espérer et d’oser, et pourquoi pas de rêver pour leur pays.

Le discours du pape François sera-t-il sans lendemain ? La jeunesse africaine a écouté le pape François et ne tarit pas d’éloge pour ce grand commis de l’église. De Nairobi à Bangui, toutes les confessions religieuses ont été illuminées par le discours du pape sur la fraternité et l’amour. Il a dénoncé les guerres, le désespoir et la pauvreté qui nourrissent le terrorisme.

Michel Lobé Etamé.
Journalducameroun.com)/n

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