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L’eau, une ressource vitale pour les réfugiés nigérians au Cameroun

Dans le camp de Minawao, à l'Extrême-Nord, plus de 56 000 réfugiés nigérians ayant fui Boko Haram sont en quête…

Dans le camp de Minawao, à l’Extrême-Nord, plus de 56 000 réfugiés nigérians ayant fui Boko Haram sont en quête quotidienne d’eau

Un petit groupe d’enfants, s’avancent, bidons en mains, vers les points d’eau du camp de Minawao, dans l’Extrême Nord du Cameroun. Patients ils attendent leur tour. Le moindre litre obtenu compte, et il faudra partager, les enfants le savent.

Ici, plus de 56 mille Nigérians, ayant fui Boko Haram dans leur pays, tentent de survivre. Eux qui sont parvenus à échapper aux attaques du groupe terroriste, se trouvent aujourd’hui confrontés à un autre calvaire: le manque d’eau.

Modu Mele vient de Bama, localité située dans l’État de Borno, dans le nord-est du Nigeria. Il a dû abandonner son village lorsque les adeptes de Boko Haram ont fait irruption chez lui et tenté d’égorger les membres de sa famille, dit-t-il.

Après avoir marché des jours durant, pour trouver refuge au Cameroun, aujourd’hui, c’est pour chercher de l’eau en dehors du camp qu’il marche de longues heures, «car ici, (au camp de Minawao) nous en trouvons peu», confie-t-il à Anadolu.

Le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) qui administre le camp est au fait de ce manque d’eau et fourni plusieurs explications.

«A cause du climat, de la sécheresse, nous faisons face à des problèmes d’eau importants au niveau du camp. Les quantités ont chuté à cause de l’appauvrissement de la nappe phréatique», explique Paterne Raoul Mbiapan Mbiapan, administrateur national de protection au HCR, rencontré à Minawao par Anadolu.

Crée en juillet 2013, «le camp n’avait pas initialement été prévu pour accueillir autant de monde», avoue Mbiapan Mbiapan. Au cours du mois de mars 2016, ce camp a franchi le cap de 56 600 personnes.

Le plus récent rapport du HCR précise d’ailleurs que «la fourniture d’eau dans le camp de Minawao ne dépasse pas les 7 litres par personne par jour à cause de l’augmentation de la population du camp et des pannes de forages». Déjà à la fin de l’année 2015, le HCR fournissait 10 litres par personne/jour alors que ses standards préconisent un minimum de 15 litres d’eau par jour.

Conséquences, les robinets sont ouverts uniquement deux fois par jour, à des heures précises et durant un espace de temps limité. Et toute la journée, de longues files d’attente se forment devant les points d’eau, dans l’espoir de recueillir quelques litres, déplorent les réfugiés. Pour pallier les problèmes d’eau, le camp est pour le moment approvisionné par «water tracking». Les camions de Médecins Sans Frontières ravitaillent ainsi régulièrement les réservoirs installés dans le camp.

Toutefois, les responsables assurent qu’un projet d’adduction est entrain d’être mis en place pour ravitailler non seulement le camp des réfugiés, mais aussi les populations environnantes. Le projet devrait être effectif au cours du mois de mai. Tous ont conscience de la nécessité d’agir vite, explique Mbiapan Mbiapan. Surtout que la population du camp croit de jour en jour, en même temps que ses besoins.

A la fin de l’année dernière, la coordonnatrice du système des Nations Unies au Cameroun, Najat Rochdi, redoutait déjà l’éventualité d’«une aggravation de la crise humanitaire» au Cameroun si le nombre de réfugiés continuait d’augmenter.

A l’époque, il y avait déjà 45 000 réfugiés dans le camp de Minawao. Il y en a 56 000 aujourd’hui, et hommes, femmes et enfants, continuent d’affluer. A cette surpopulation s’ajoute le fait qu’ «on a environ 60 naissances par semaine», ce qui augmente le nombre de personnes présentes sur le site et le nombre de problèmes aussi, révèle le responsable.

«Le partenaire Programme Alimentaire Mondial distribue mensuellement des rations alimentaires mais ce n’est pas évident de couvrir le nombre qui va croissant. Nous faisons des efforts mais ce n’est pas un travail de tout repos» avoue l’administrateur.

Le camp fait aussi face à un problème au niveau de l’éducation. Le HCR note ainsi la «nécessité de recruter 60 nouveaux enseignants et de construire 32 salles de classe supplémentaires pour les deux écoles primaires afin d’atteindre la norme standard de 80 élèves par classe». Actuellement, au niveau du primaire, on note «plus de 500 élèves dans certaines classes, occasionnant un taux d’absentéisme élevé», souligne Mbiapan Mbiapan.

Des réfugiés nigérians au camp de Minawao dans la région de l’Extrême-Nord au Cameroun
UNHCR/D. Mbaiorem)/n

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