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Lutte contre Boko Haram: les enfants à l’école de la vie, aux pieds des imams!

A la mosquée de Tongolo à Yaoundé, la capitale camerounaise, une trentaine d'enfants assis à même le sol, écoutent attentivement…

A la mosquée de Tongolo à Yaoundé, la capitale camerounaise, une trentaine d’enfants assis à même le sol, écoutent attentivement un imam dont la mission est de les éloigner du groupe terroriste

A la mosquée de Tongolo, un quartier de Yaoundé la capitale du Cameroun, une trentaine d’enfants assis à même le sol, écoutent attentivement un imam dont la « mission » est de les éloigner de Boko Haram, qui n’hésitera pas à faire d’eux de « la chair à canon ». En effet, selon un récent rapport du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef), « au cours des deux dernières années, près d’un auteur d’attaque-suicide sur cinq était un enfant et le trois quarts de ces enfants étaient des filles ».

« Dieu a dit que si quelqu’un ôte la vie à un être humain c’est comme s’il avait ôté la vie à l’humanité entière. Le Saint Coran demande d’ailleurs de ne pas se suicider. C’est-à-dire qu’Allah est contre le fait qu’on se suicide », explique, avec patience aux enfants, l’imam Mohamad Djiassem.

A Tongolo, aux côtés de l’initiation à la langue arabe et de l’apprentissage du coran, on enseigne aux enfants à avoir « une conscience », indique l’imam, qui déplore le nombre croissant d’enfants qui rejoignent les rangs de Boko Haram.

« Il est inadmissible que ces mouvements terroristes qui opèrent dans le monde soient assimilés à l’Islam, dont le message n’a rien à voir avec cela ! », s’indigne-t-il.

Si on ignore le nombre exact d’enfants embrigadés, on connait le nombre d’enfants impliqués dans des attaques-suicides qui « a d’ailleurs augmenté au Nigeria, au Cameroun, au Tchad et au Niger, passant de 4 en 2014 à 44 en 2015 ».

« Au cours des deux dernières années, près d’un auteur d’attaque-suicide sur cinq était un enfant et les trois quarts de ces enfants étaient des filles. L’année dernière, des enfants ont été utilisés dans une attaque sur deux au Cameroun, 1 sur 8 au Tchad, et 1 sur 7 au Nigeria », détaille le rapport de l’Unicef.

Pour tenter d’inverser ces chiffres, de nombreux responsables d’écoles coraniques du Cameroun, ont décidé de résoudre le problème à la base en permettant aux enfants de « connaitre la vérité sur la religion musulmane ».

Les membres de Boko Haram qui revendiquent lesdites attaques précisent chaque fois, que ces dernières sont faites au nom de Dieu. Des propos que condamnent fermement les responsables de la mosquée de Tongolo.

« Nous tenons à ce que les enfants reçoivent les bonnes informations afin de ne pas se laisser endoctriner par les recruteurs de Boko Haram », indique, en ce sens, Ibrahima Mohaman, le directeur de la mosquée de Tongolo.

« Je crois que c’est avant tout l’ignorance qui pousse ces jeunes à rejoindre les rangs de Boko Haram et à se comporter sauvagement. L’islam est une religion de paix. Eduquer les enfants à travers cette voix c’est dresser un rempart contre les combattants de Boko Haram qui tentent de les manipuler », assure Mohaman.

Chaque jour, à la Mosquée, les enfants bénéficient d’un prêche en ce sens. « Aujourd’hui, le prêche est consacré à l’éducation » indique l’imam Mohamad Djiassem.

« On explique aux jeunes que l’Islam n’interdit pas l’école occidentale comme le prétend Boko Haram (dont le nom signifie « le rejet d’un enseignement perverti par l’occidentalisation », ndlr) ».

Bien au contraire, poursuit le guide religieux, « l’islam est une religion qui encourage la recherche de la connaissance. Le musulman doit aller à l’école occidentale et nous encourageons d’ailleurs les parents à les y inscrire, tout en leur apprenant à se rapprocher de Dieu ».

Les enfants sont de véritables victimes du groupe terroriste. Ils représentent plus de la moitié des déplacés qui ont fui Boko Haram. Au total depuis 2013, 1,3 million d’enfants ont été déplacés, selon l’ONU.


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