Alors que la communauté internationale raffermit ses avertissements face à la junte, le pays subit, de l’intérieur, une menace islamiste
La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) réunie en sommet à Dakar a décidé lundi 2 avril de la mise en place immédiate de sa force militaire. Une annonce faite par le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de l’organisation. Le comité des chefs d’état-major devrait se réunir dès cette semaine à Abidjan pour décider des modalités d’activation de cette force. On ignore le nombre d’hommes qui composera cette force, ni quels sont les pays qui vont y participer. La CEDEAO avait déjà mis en état d’alerte une force militaire de quelque 2000 hommes. L’organisation a également décidé d’un «embargo total» de l’ensemble des pays voisins du Mali contre la junte au pouvoir à Bamako, en application de l’ultimatum lancé le 29 mars à Abidjan. Toutes les mesures diplomatiques, économiques, financières et autres sont applicables dès aujourd’hui (lundi 2 avril) et ne seront levées que quand l’ordre constitutionnel (sera) effectivement rétabli, a déclaré Alassane Ouattara. Dans le même temps, les États-Unis d’Amérique ont décidé d’interdire de voyage sur leur sol, les membres de la junte. L’Union africaine a aussi promis de faire monter d’un cran ses menaces de sanction.
Toute la communauté internationale, oriente aujourd’hui le débat malien sur l’action de la junte. Des observateurs dénoncent le fait que lorsque l’occident semble avoir négligé le fait qu’une des conséquences de la chute du guide Libyen serait l’errance des milliers de soldats Touaregs aujourd’hui fortement armés. D’un autre côté, aux premières heures de la menace, le président malien a préféré recourir au Dialogue. Il apparait clairement qu’Amadou Toumani Touré le président récemment renversé, ne pouvait faire face seul à cette menace en provenance du nord, dans un pays deux fois plus grand que la France. Alors que la junte est condamnée, c’est l’unité même du Mali qui se joue en ce moment. La France a donc saisi le conseil de sécurité de l’ONU, avec la préoccupation de savoir comment intervenir pour, à la fois empêcher la partition du pays tout en faisant d’éventuelles concessions à la rébellion touareg autonomiste, lutter contre les islamistes et faire plier la junte à Bamako. Un exercice difficile avec des forces d’intervention africaines pas du tout prêtes. En attendant, les conséquences de la crise politique malienne se font déjà ressentir. On annonce près de 200 000 réfugiés qui ont fui le nord du pays qui risque de se détacher du pays. Autre crainte, cette fois culturelle, c’est le risque que la ville de Tombouctou, ville historique et patrimoine UNESCO en raison de la richesse de ses anciens ouvrages, soit détruite et vidée de sa substance par les pillards.