Les étudiants ont manifesté pour une amélioration de leurs conditions de vie. Récit.
Ce mercredi matin du 23 septembre, l’ambiance qui règne à l’école d’hôtellerie et de tourisme de la Cemac est bien loin de ce qui lui est reconnue jusqu’ici. Le campus réputé calme rompt avec ses habitudes, pour faire place à une tension bien perceptible. Le voisinage du quartier Socaret II s’est d’ailleurs réveillé par des bruits dès 6 heures. Au lieu de prendre place dans leurs salles de cours comme d’habitude, les élèves bouchent l’entrée du campus. Le portail est encore barricadé à la chaîne, comme si les contestataires avaient affablement demandé au vigile de prendre ses congés. Sur le portail, on peut lire sur deux tissus blancs d’un mètre carré chacun des messages destinés visiblement à tous les passants, et aussi aux enseignants qui commencent à arriver un a un. Monsieur on a rien contre vous, mais on ne peut pas vous laisser entrer, lancent les étudiants, comme pour faire comprendre à leurs professeurs la délicatesse de l’heure. Ces derniers sont contraints de rebourser chemin, dissuadés également par le grand bûcher, les troncs et branchages de bois coupés quelques jours plutôt dans le cadre de l’entretien du campus.
Les droits des étudiants de l’EHT-CEMAC sont bafoués par une administration incompétente et pléthorique, Nous exigeons la restitution de nos droits : santé, stages, formation, voyage d’études, pécules 12 mois/12, nutrition, logement, carte de séjour, infrastructures sportives, intégration professionnelle, etc. Ainsi parlaient les grévistes, affichant tous à la fois leur détermination et une certaine conscience ; eux qui disaient avoir passé la nuit à la belle étoile. Le mouvement d’humeur se fait sans heurt. Aucune attaque physique, encore moins un meuble cassé ou brûlé.
Vers huit heures, la tension monte d’un cran. Le Directeur Général vient de faire son arrivée, et c’est à elle qu’une chanson est tout de go composée : « Nfono, démissionne ! Nfono démissionne ». Madame Nfono Gertrude est imperturbable. Du haut de son gabarit, c’est avec une certaine condescendance qu’elle répond aux élèves, mais aussi aux reporters présents. « Je ne parle pas à la presse people », affirme-t-elle, indiquant que les étudiants pensent m’atteindre personnellement, je ne traite pas avec eux, mais avec les chefs d’Etats de la CEMAC. Et je peux vous assurer que des excuses seront présentées à un grand niveau à l’Etat Gabonais. Je ne rend compte qu’aux Chefs d’Etats. En fait, la dame s’appuie sur son statut de diplomate pour éviter tout commentaire désobligeant. Le Dg s’engouffre dans son 4×4 et fonce en direction des services du gouverneur. Toute chose qui n’entame en rien le moral, toujours au beau fixe, de ces ressortissants des six pays de la Cemac qui entonnent tour à tour les hymnes nationaux du Cameroun, du Gabon, du Tchad, du Congo, de la RCA et de la Guinée Equatoriale.
Moins d’une demi-heure plus tard, c’est le Secrétaire Général des services du gouverneur qui fait son arrivée. Ne sachant pas l’ampleur de la tension qui régnait sur le campus de l’Eht, Zang III s’est assuré des précautions nécessaires, par la présence de quelques hommes de main. L’homme tente de nouer le dialogue, mais les élèves n’ont que faire du Sg. Ce qu’ils veulent, c’est le PCA de l’institution, conscients de ce que même le gouverneur de la région ne saurait résoudre efficacement ces équations. Vers 15 heures, des éléments de la police sont mobilisés. Mais la dissuasion n’aura qu’enlisé les tentions, même si les grévistes ont opté pour un mouvement d’humeur consciencieux. Au fort moment de la contestation, un message viendra finalement baisser les tentions, en plus de la pluie qui s’est abattue sur Ngaoundéré cet après-midi. Le message, relayé par les étudiants, indique que le gouverneur a promis une rencontre pour le lendemain matin.
Jeudi, 10 heures. Le gouverneur de la région de l’Adamaoua, Enow Abraham’s Egbe arrive sur le campus et entame une réunion avec l’ensemble des élèves de l’école. Lui qui semblait craindre que la situation ne dégénère un jour plutôt en envoyant la police anti émeute, réussit à capter l’attention et les faveurs des grévistes. Les propositions du gouverneur sont claires, rien de ce qui sera décidé ici ne se concrétisera sans l’accord du Dg. A la fin de la réunion, l’autorité administrative promet surtout des mesures transitoires, le temps que le PCA, le Centrafricain Mamyle-Dane Séraphin n’arrive lui-même sur le campus. Entre autres mesures, le gouverneur promet une amélioration de la qualité des plats du réfectoire, le déménagement de certains étudiants vers de nouvelles chambres plus confortable, ainsi que le règlement des pécules des deux mois manquants. Lapsus ou préméditation, le gouverneur informe aux contestataires de maintenir la grève jusqu’à l’arrivée du Pca. En tout cas, les élèves vont s’appesantir longuement sur ce point pour justifier la suite des mouvements.
De bonnes nouvelles cependant vont mettre en réserve les grévistes le lendemain matin. C’est qu’au plus haut niveau des Institutions de la Cemac, les revendications sont arrivées dans les oreilles des responsables. Entre temps, des délégations se sont formées dans les six pays, pour arriver sur les lieux de la contestation au courant de la semaine.