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Nécrologie: la chanteuse camerounaise Anne-Marie Nzié est décédée

L'auteure du célèbre titre à succès « Liberté » a rendu l'âme dans la nuit du mardi 24 mai 2016…

L’auteure du célèbre titre à succès « Liberté » a rendu l’âme dans la nuit du mardi 24 mai 2016 à l’hôpital central de Yaoundé des suites de maladie. Elle était âgée de 84 ans

Cette fois-ci, Anne-Marie Nzié est vraiment décédée. Annoncée morte, par certains médias locaux, lundi 09 mai 2016, alors qu’elle était internée à l’hôpital central de Yaoundé, c’est finalement mardi 24 mai de la même année que la voix d’or du Cameroun a rendu l’âme. Agée de 84 ans, l’artiste camerounaise s’est éteinte des suites de maladie.

Depuis plus de deux semaines, l’auteure du célèbre titre à succès « Liberté » se trouvait dans un état critique. Anne-Marie Nzié était alors admise à l’hôpital central, pour la deuxième fois en l’espace de six mois. En soins intensifs, les médecins ont tout fait pour améliorer son état de santé, en vain.

Talent et persévérance
Anne Marie Nzié meurt donc comme elle a forgé sa renommée, au bout de l’effort.

Dans les années 30 et 40, à Bibia (Sud-Cameroun) la jeune Anne Marie, qui n’est encore qu’une enfant, chante dans la chorale de l’église de son village, dont son père – Simon-Pierre Nzié Nzouma – est pasteur.

Un jour, alors qu’elle est en train de cueillir un fruit sur un arbre, elle tombe d’une branche à moitié rongée par les vers. Cette chute lui causera de longues souffrances, l’amenant à passer une grande partie de son adolescence dans un lit d’hôpital et à abandonner l’école.

L’émergence de l’artiste viendra par une initiative de son frère aîné, Cromwell Nzié, guitariste et chanteur de talent, qui l’initie à la guitare hawaïenne. Avec ce dernier elle fera de nombreuses compositions.

Son premier disque, « Mabanze », un 45-tours, sortira en 1954.

Le 1er janvier 1960, à l’accession du Cameroun à l’indépendance, elle se produira au palais présidentiel, sur un plateau comprenant de grandes pointures comme Ebanda Manfred et Nelle Eyoum, précurseurs du makossa moderne; mais aussi Manu Dibango et Jean Bikoko Aladin, le roi de l’assiko.

Sa carrière internationale décolle en 1968 à Paris, où elle enregistre avec Gilbert Bécaud et signe un contrat avec la maison de disques Pathé Marconi. La chanteuse s’est produite sur les plus prestigieuses scènes d’Afrique: à Libreville, au Festival d’Alger de culture pan africaine (1969), à la Semaine de la culture camerounaise de Dakar (1975), au Lago Festac (1977).

En 1979, elle est nominée pour enseigner le chant à L’Orchestre national du Cameroun, cadre où elle a partagé des décennies son expérience avec de plus jeunes artistes.

Le succès de l’album Liberté, enregistré en 1984, viendra relancer une carrière devenue timide après quelques années à l’ombre.

En 1998, le label français Bleu indigo produit l’album «Be za ba dzo », marquant encore ainsi la présence de « la voix d’or du Cameroun » sur le marché discographique.

La reconnaissance de la République
En 2008, pour ses 60 ans de carrière musicale, un hommage national décidé par le président de la République lui avait été rendu, dans le cadre d’une série de manifestations étalées sur une semaine entière. Les fans, officiels et le grand public de manière générale avaient assité à un concert et une exposition de photos sous l’égide du ministère de la Culture.

On sait par ailleurs que les autorités camerounaises lui ont offert, au courant des années 2000, un domicile à Yaoundé, ainsi qu’un véhicule. Depuis, elle est restée très proche du couple présidentiel.

On se rappelle qu’en juin 2011, elle avait assisté, avec plusieurs artistes réunis à Mvomeka’a, village natal du chef d’Etat camerounais, au lancement d’un appel à la candidature du président Paul Biya pour l’élection présidentielle, organisée au mois d’octobre de la même année. Remportée naturellement par ce dernier.

Sans enfant, Anne Marie Nzié appelait affectueusement tout le monde « mon fils », « ma fille ». En 2009, elle avait vécu la mort de Pascal Onana, celui qui fut son guitariste pendant 30 ans, comme une immense perte. « Il m’accompagnait très bien, il connaissait son travail. Je me demande si j’aurai un autre soliste comme lu », se lamentait-elle à cette époque.

Elle quitte la scène à son tour, en laissant derrière plus d’un demi-siècle de carrière musicale et des titres à succès parmi lesquels: Liberté, Mabanze, Malunda, ô pédale des anciens, Béza ba dzo, Ma lundi, Ma ba nze, Sarah et Mbamba nlem.

L’artiste aux plus de 80 printemps était, avec Manu Dibango (83 ans), l’un des dinosaures de la musique camerounaise encore en activité.

Anne-Marie Nzié de son vivant.
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