C’est à l’introspection d’une société sans repères clairs, où les citoyens sont habités par une perte de confiance. qu’est consacré cet ouvrage collectif
L’ouvrage intitulé « Le désarroi camerounais, l’épreuve de l’économie-monde » a été publié en 2000 sous la direction de Georges COURADE, dans le cadre du séminaire collectif de l’association GRIOT (Groupe de recherches interdisciplinaires des observatoires de terrain). Il est le produit du travail de Véronique Alary, Xavier Durang, Fred Eboko, Emmanuel Foko, Pierre Janin, Samuel Ndembou, Isabelle Owona, Gilles Séraphin, Michel Simeu Kamdem et Jean-François Trani. L’ouverture à marche forcée de l’économie camerounaise aux préceptes de l’actuelle économie-monde (démocratie libérale, économie de marché, retrait de l’Etat) a créé un véritable choc. Le pays n’y était pas préparé. Les risques sociaux ou économiques habituels se sont aggravés touchant l’ensemble du corps social. Chacun a pu mesurer sa vulnérabilité et ses faibles capacités à faire face tant les règles du jeu économique, politique et social et les comportements individuels avaient été modifiés. En arriver là après avoir goûté à un début d’abondance, l’espace de quelques années, explique le désarroi actuel qui habite citadins et ruraux et inhibe leur mobilisation collective ou communautaire. En réalité, cette perte de confiance trouve ses racines dans l’esprit collectif camerounais plus que dans l’économie-monde qui n’a fait qu’accélérer les évolutions inscrites dans la trajectoire nationale.
Planteurs, membres des associations, compressés et citadins, migrants à la recherche de terres, jeunes de Douala ou malades du sida sont ici appelés à témoigner sur leurs minuscules tactiques d’évitement des effets de la crise, mais aussi sur ce qu’ils voient comme moyens de s’en sortir. Même s’ils sont souvent tentés d’imputer à un » dehors qui est dur » le sort qui est le leur. C’est qu’ils savent par-devers eux qu’il leur appartient de construire un avenir » vivable « , dans un pays vivant au jour le jour d’expédients, de prévarications et de rapines, menacé dans son intégrité et soumis à des violences et à des insécurités multiples, où la méfiance et l’indifférence sont devenues en une décennie des attitudes courantes.
C’est à comprendre ces regards sur soi et les autres, à cette introspection d’une société sans repères clairs, qu’est consacré ce livre. « Même s’il est exagéré de soupçonner tout commerçant d’être un voleur, il n’en reste pas moins vrai qu’on a toujours essayé dans le marchandage permanent qui caractérise les relations commerciales de « gruger » l’autre dans la pesée, la qualité, les délais de paiement, consommateurs, producteurs et intermédiaires exerçant leurs talents avec une qualité de l’information rarement symétrique. » « Le désarroi camerounais, l’épreuve de l’économie-monde », qui a été publié sous la direction de G. Courade aux Khartala en 2000 est un ouvrage de 283 pages.