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Plus de 60% des éléphants de forêt d’Afrique centrale décimés en dix ans

Cette espèce continue d’être la cible de braconniers. Pourtant, ces éléphants se reproduisent bien plus lentement que d’autres familles rencontrées…

Cette espèce continue d’être la cible de braconniers. Pourtant, ces éléphants se reproduisent bien plus lentement que d’autres familles rencontrées dans les forêts de certains pays d’Afrique centrale

Du fait du braconnage, l’éléphant de forêt d’Afrique centrale a perdu en 10 ans 80% de sa population dans un vaste parc pourtant sanctuarisé au Gabon, principal pays d’accueil de cette espèce, souligne une étude parue lundi, 20 février 2017.

Ce déclin, constaté dans le parc national de Minkébé, où vit la plus forte densité de ces éléphants de forêt, dépasse des estimations faisant précédemment état d’une baisse de 65% de leur population en Afrique centrale.

Il équivaut à la perte de 25.000 individus sur la période 2004-2014 dans ce seul parc, où leur nombre est passé de 32.851 éléphants à seulement 7.370.

Cet éléphant, une des deux espèces d’Afrique avec celui de savane, vit dans les forêts du Cameroun, du Gabon, de la République centrafricaine ou encore du Congo.

« Notre étude montre que la situation est plus grave que nous le pensions« , a dit à l’AFP John Poulsen, de Duke University, auteur principal de cette étude parue dans Current Biology.

« 50% des éléphants de forêt se trouvent au Gabon, et notre étude montre que même les populations d’éléphants de ce pays sont menacées d’extinction« , a-t-il précisé.

Avec moins de 100.000 individus désormais recensés en Afrique centrale, gouvernements et agences spécialisées doivent agir « rapidement » et les coopérations multilatérales se mettre en place, insistent les chercheurs.

Dans le cas du parc gabonais, les braconniers viennent pour l’essentiel du Cameroun voisin, selon l’étude.

« Nous ne pouvons plus considérer que les zones protégées suffisent pour sauver les espèces: les braconniers iront partout où ils pourront faire du profit« , a prévenu M. Poulsen.

« La décision de la Chine de bannir le commerce d’ivoire aidera énormément, si elle est appliquée. Maintenant, la communauté internationale doit faire pression sur les nations autorisant encore ce commerce« , a ajouté l’écologue.

Pour les chercheurs, les éléphants de forêt doivent en outre être reconnus comme espèce à part entière, à côté des éléphants de savane.

Une telle distinction permettrait d’attirer l’attention sur le sort de ces pachydermes peu connus; elle se justifie aussi par des traits génétiques et morphologiques propres (ils sont notamment un peu plus petits), arguent-ils.

Selon de précédentes études, les éléphants de forêt étaient environ 500.000 en 1993, après avoir atteint le nombre de deux millions. Or, parmi ses handicaps, cette espèce se reproduit bien plus lentement que l’éléphant de savane, avait montré une étude en 2016.

Outre la diversité des espèces, ces éléphants sont aussi essentiels aux forêts, contribuant à disperser les graines de nombreuses variétés d’arbres.

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