Le tribunal cantonal de Lausanne a confirmé la décision de renvoi d’un Camerounais de 66 ans, dont les cinq enfants mineurs vivent en Suisse. L’homme avait frappé son rival
Après quatre ans d’engrenage destructeur causé par des problèmes extraconjugaux, Roger risque de boire le calice jusqu’à la lie.
En 2011, ayant surpris son épouse dans les bras d’un homme, il avait frappé l’amant avec une barre de fer et avait tenté de l’étrangler. Celui-ci, un baraqué bossant pour l’armée, avait maîtrisé le mari jaloux et violent avant d’appeler la police.
Après trois jours de détention préventive liée à cette affaire, le Camerounais avait perdu son emploi au Centre d’enregistrement et de procédure de Vallorbe (voir photo ci-dessous), qui accueille les réfugiés. «Mon chef a dit qu’il ne pouvait plus me garder, car j’avais fait de la prison», se souvient cet homme, titulaire d’une licence de l’Université de Lyon.
Son couple, qui battait de l’aile, se liquéfie. L’épouse part s’installer en Valais avec leurs cinq enfants mineurs et trois autres que la Suissesse a eus d’un premier lit. Roger et son ex-femme ont des relations exécrables dont pâtit leur progéniture.
En 2014, la justice le condamne à 30 mois de prison, dont 24 avec sursis, pour tentative de meurtre contre l’amant de son ex-épouse. Le Service de la population entre dans la danse: l’homme arrivé en Suisse en 1996 va être renvoyé pour ses ennuis judiciaires. «L’intérêt public à l’éloigner de la Suisse prime son intérêt privé et celui de ses enfants pour qu’il y reste», ont estimé les juges du Tribunal cantonal le 9 juin.
Retrouvailles entre le père et les enfants peu probables
De l’avis de l’avocat de Roger, la sentence du Tribunal cantonal est «très dure et fait preuve de peu de compréhension». Me Jean-Pierre Bloch note cependant qu’elle est conforme à la pratique de la Police des étrangers et à la jurisprudence. L’avocat refuse toutefois de rendre les armes. Il va porter l’affaire au Tribunal fédéral. «Je m’y suis engagé vis-à-vis de mon client», a-t-il laissé entendre. Selon lui, en cas de renvoi au Cameroun, le coût prohibitif des billets d’avion rendrait improbables les retrouvailles entre le père de famille et ses enfants mineurs.
Sa femme vole la banque, il garde le fric
Avant l’affaire de 2011, Roger était déjà connu de la justice vaudoise. En 2002, chargée du nettoyage d’une banque, son ex-épouse y avait volé 15’000 euros et 750 dollars. Elle avait confié l’argent à son mari, qui sera poursuivi pour recel. Lors de son interpellation, Roger s’était montré violent. Pour le dissuader, une policière avait dû sortir son pistolet. Il avait aussi eu un conflit larvé avec une voisine. Les mots «Sale n…» avaient été peints sur le mur de sa maison. Roger avait vu rouge et avait rudoyé la femme.