Le but premier de la taxe à l’exportation sur les fèves de cacao que veut introduire le gouvernement vise prioritairement à renflouer les caisses de l’Etat
Manque des usines de transformation
C’est vrai, l’instauration de la taxe à l’exportation sur les fèves de cacao va résoudre certains problèmes. C’est le cas du déficit criard du taux de transformation. Mais, elle va surtout permettre au pays de tirer beaucoup plus profit des revenus de l’exportation de ce produit destiné plus au marché extérieur. Le ministre de l’Agriculture et du développement rural (Minader) est clair là-dessus. D’après Essimi Menye, la taxe pourra à la longue rapporter des revenues substantielles conséquentes à l’Etat au vu de la croissance de ce secteur ces dernières années. En marge de la première conférence Chocovision tenue en Suisse le 4 juin 2012, à l’initiative de la multinationale Barry Callebaut, Essimi Menye, a révélé qu’il travaillait sur le projet. Une fois la décision et le taux définitivement fixés, une proposition de loi sera introduite au parlement en novembre prochain pour un vote avant son adoption, apprend-on. Cinquième producteur mondial de cacao, avec environ 200.000 tonnes de production de fèves, respectivement la Côte d’Ivoire, le Ghana, l’Indonésie et le Nigeria, le Cameroun veut profiter de ce potentiel pour renflouer un peu les caisses publiques de plus en plus à découvert. Toutefois en l’état des choses, le secteur manque cruellement des usines de transformation, qui représentent en général la plus value. Jusqu’ici le pays ne dispose que d’une seule usine de transformation, Sic Cacaos, située à Douala, après plusieurs décennies, contre une vingtaine d’exportateurs. Soit 82% de cacao exporté contre 12% de transformation locale. Ainsi, le Cameroun se donne comme challenge de transformer au moins 50% de la production nationale.
Compagnie chérifienne de chocolaterie
« Cet objectif a pour finalité d’apporter une valeur ajoutée au cacao et au café du Cameroun qui occupent une place importante dans le développement économique du pays », a indiqué l’ancien ministre de l’Industrie, des mines et du développement technologique (Minimidt) lors du lancement du programme intégré de la redynamisation industrielle des produits de rente, en 2011. « C’est un challenge pour le Cameroun de transformer 50% de sa production cacaoyère et caféière, une démarche qui vise la redynamisation industrielle nationale avec ce que cela comporte comme avantages sur le plan de l’emploi et de la fiscalité », a poursuivi Badel Ndanga Ndinga. Mais, la Sic Cacaos aura un concurrent à partir de décembre 2012, si tout marche comme prévu. En effet, la Compagnie chérifienne de chocolaterie doit lancer sous peu les travaux de construction de son unité de production au Cameroun. Connue au Maroc sous la marque Aiguebelle, l’entreprise compte construire une usine de production de chocolat importante et moderne via sa filiale Cameroon Investment Company. Le début des travaux est prévu pour ce mois de juin et l’entrée en production d’ici à la fin de l’année, d’après le ministre du Commerce (Mincommerce). L’usine, apprend Luc Magloire Mbarga Atangana, aura une capacité de 40 000 tonnes par an. Le projet, dont le coût est estimé par le ministre à 30 à 50 milliards de F CFA (46 à 76 millions d’euros), permettra d’employer 500 personnes. Avec la Compagnie chérifienne de chocolaterie, le Cameroun sera à sa seconde usine de transformation des fèves, après la Société industrielle des cacaos (Sic Cacaos). Filiale du groupe suisse Barry Callebaut, la Sic Cacaos transforme annuellement 30.000 tonnes de cacao. Avec les 40.000 tonnes de la Cameroon Investment Company (Cic), le Cameroun aura désormais 70.000 tonnes de cacao transformées par an, et un peu plus de 1000 emplois directs à préserver.