Il est le nouveau Consul honoraire de France à Garoua et directeur de l’Alliance française de Garoua
L’Ambassadeur de France au Cameroun vient de séjourner pour la deuxième fois dans le septentrion, est-ce qu’on peut savoir ce qui a motivé cette visite?
Effectivement, Monsieur l’Ambassadeur de France, Bruno Gain est venu une première fois fin 2009 à Garoua pour officialiser la fermeture du Consulat. Ce bref passage s’était fait « dans la douleur », et de ce fait Monsieur l’Ambassadeur de France avait fait la promesse de revenir dans le Septentrion pour annoncer la nomination du Directeur de l’Alliance Française de Garoua comme Consul Honoraire. Il a tenu sa promesse en organisant une soirée le 14 février 2011 à l’Alliance de Garoua. Cette visite était aussi l’occasion de rencontrer un certain nombre d’interlocuteurs du Septentrion afin d’affirmer la coopération française (C2D phase 1) dans cette région et d’annoncer de nouveaux projets (C2D phase 2).
Monsieur Bruno Gain a annoncé un vaste programme de construction de 1245 salles de classe entièrement équipées dans le septentrion. Quand est-ce que les travaux vont commencer et quelles sont les localités qui vont bénéficier de ces dons?
Le C2D dans sa première phase prévoit en effet (entre autres) la construction d’un certain nombre de salles de classe équipées en complément de la titularisation d’instituteurs nouvellement formés. Les travaux de réalisation devraient s’achever cette année, dans des localités choisies en totale concertation avec les autorités camerounaises. Nous sommes en effet sur un projet de coopération bilatérale où autorités camerounaises et françaises travaillent de concert, de ce fait, on ne peut pas parler de dons.
Dans le cadre de cette deuxième phase du contrat C2D, 300 milliards de francs cfa seront également consacrés à la formation professionnelle et à la voirie urbaine. Quelles sont les régions concernées et sur combien de temps s’étalent ces financements?
La deuxième phase du C2D (Contrat de Désendettement et de Développement) commence en 2011 et s’étale sur cinq ans. Elle comporte trois volets définis toujours de concert avec les autorités camerounaises : appui sur le développement agricole (60% des fonds du projet), appui sur le développement de structures urbaines (30% des fonds du projet) et appui sur la formation professionnelle (10% des fonds du projet). Le Septentrion devrait profiter largement des trois volets. L’Adamaoua, riche terre agricole, sera bien sûr concernée par le volet agricole et la formation professionnelle (en lien avec l’Université). Le Nord, et particulièrement Garoua, ont été choisis pour l’amélioration des infrastructures urbaines (tout comme Bafoussam dans l’Ouest) mais les deux autres volets seront aussi concernés. Enfin, l’Extrême Nord connaîtra aussi normalement un appui en agriculture et en formation professionnelle.
Une convention d’hébergement des services du consul honoraire de France à Garoua vient d’être signée entre l’Alliance Franco-camerounaise de Garoua et l’Ambassade de France au Cameroun. Est-ce à dire qu’il n’existait plus de consul honoraire à Garoua?
Depuis la fin 2009 et la fermeture du Consulat Général de Garoua, il n’existait plus officiellement de service consulaire français sur Garoua. Il avait été maintenu tout de même un agent consulaire qui se chargeait des affaires courantes. Par la signature de cette convention, une agence consulaire a été officiellement ouverte dans les locaux de l’Alliance Franco-camerounaise de Garoua. Cette convention est essentielle car l’Alliance est une association camerounaise de droit local. De ce fait, il fallait l’accord de son président pour permettre aux autorités françaises d’y installer une agence consulaire. Le directeur de l’Alliance étant un agent du Ministère des Affaires Etrangères Français nommé en tant qu’assistant technique de coopération, il semblait judicieux d’associer les deux sites. Enfin, la fermeture du Consulat avait entraîné le départ du dernier Consul de carrière qui n’avait pas été remplacé jusqu’à cette nomination du 14 février 2011.
L’Ambassadeur Bruno Gain a parlé d’un « service minimum » qui devrait être assuré par ce consulat. Pourquoi un service au rabais ?
Ce n’est pas un service au rabais, mais un service avec moins de prérogatives. En effet, un Consul Honoraire n’a pas les mêmes prérogatives qu’un Consul Général, de ce fait il rend moins de services, d’où le terme de « service minimum ». Il ne faut pas oublier que la fermeture du Consulat en 2009 s’est faite pour des raisons budgétaires. L’Ambassade de France, consciente du besoin d’une présence consulaire dans le Nord Cameroun du fait de l’éloignement de Yaoundé et au regard de ses moyens budgétaires, a opté pour la formule la plus économique. Cette formule ne prétend pas rendre des services au rabais mais plus limités. L’essentiel est, comme l’a dit l’Ambassadeur dans son discours du 14 février 2011, que le Consul Honoraire soit le représentant de l’Ambassade de France auprès des autorités locales, l’interface entre la communauté française et l’Ambassade.
Quels sont donc les services que ce consulat pourra rendre tant aux français qu’aux camerounais?
Pour les français, ce consulat les représente officiellement auprès des autorités camerounaises, il assure leur protection et se charge d’un certain nombre de formalités administratives en relais de la Section Consulaire de Yaoundé. Pour les camerounais, il représente officiellement l’Ambassade de France à Garoua. Il est l’interlocuteur privilégié des autorités camerounaises pour toutes les questions concernant la coopération franco-camerounaise et les ressortissants français. Il peut se charger de certaines formalités administratives mais de façon limitées sous le couvert toujours de la Section Consulaire de Yaoundé. Les prérogatives de cette section consulaire nouvellement créée ne sont pas encore entièrement définies. Elles le seront avec le temps et en fonction des besoins pour le bien des français et des camerounais du Septentrion.
L’Ambassadeur a également visité l’un des fleurons de la coopération Franco-camerounaise à savoir le Pôle Aéronautique National à Vocation Régionale (PANVR) qui fête cette année son dixième anniversaire. Quel est le sentiment général qui se dégage de cette visite ?
Un sentiment de fierté d’un bel exemple de coopération, car au-delà de l’action quotidienne du PANVR qui forme chaque année de nombreux pilotes et techniciens camerounais tant à Garoua qu’en France, cette coopération a un rayonnement continental. En effet, les compétences dans ce domaine de deux pays aux liens très forts forment des personnes venant de toute l’Afrique. C’est un bel exemple d’association productive pour le développement continental. Cette visite a permis à l’Ambassadeur de France de mesurer l’intérêt de ce projet et la viabilité à long terme.
On vous a également vu (L’ambassadeur de France, vous et Monsieur le Recteur de l’Université) dans les locaux du campus numérique francophone de Ngaoundéré. Quel était le but de cette autre visite et à quoi est-ce que l’université peut s’attendre ?
Monsieur l’Ambassadeur de France a souhaité visiter les deux Universités du Septentrion pour mesurer l’impact qu’elles ont sur le développement de la région. Il a été particulièrement impressionné par la qualité des infrastructures et la diversité des enseignements apportés. Cette visite a permis de dégager des volontés de coopération en lien avec le second volet du C2D, en lien avec la recherche et en lien avec l’enseignement du français langue étrangère (et langue seconde) pour les étudiants dans le cadre d’un centre linguistique. Ce dernier volet sera assuré en coopération avec l’Alliance Française de Garoua.