Par Joël Didier Engo, Président du CL2P
Une réponse à la lettre ouverte de M. Elimbi Lobe à Paul Biya, après la libération de Me Lydienne Yen Eyoum Loyse.
De grâce cessez de dire du n’importe quoi M. Elimbi Lobe au non d’une pseudo souveraineté qui fleure bon avec du populisme de bas étage, voire du procès de sale gueule anti-français systématique.
Informez-vous bien sur tous les prisonniers que vous citez et vous verrez que jamais les ONG, notamment la nôtre (le CL2P qui s’en est toujours ouvert, notamment auprès du président Hollande) n’ont établi la moindre différenciation selon que les personnalités reconnues prisonniers politiques étaient de nationalité française ou (uniquement) camerounaise.
Ce dont il est question ici, contrairement à l’idée de discrimination que certains d’entre-vous veulent répandre à des fins politiques au Cameroun, c’est la capacité d’un pays en l’occurrence le Cameroun, d’avoir une justice indépendante, bien à l’abri des injonctions du président de la république ou de certains de ses proches collaborateurs.
Et lorsque notre pays (à nous tou-te-s) se fait à de multiples reprises (Engo, Atangana, Edzoa, Lapiro, Kingué, Eyoum, Marafa, Mebara…) rappeler à l’ordre par les instances internationales (ONU, UA…) sur des cas flagrants et incontestables de détentions arbitraires, accuser la France d’ingérence comme vous le faîtes est simplement déplacé. Parce que c’est précisément le Cameroun qui s’est rendu ridicule en essayant encore et toujours de biaiser avec la légalité internationale.
Dois-je vous restituer les mots pour le moins surréalistes tenus par M. Issa Tchiroma sur les ondes de RFI vendredi dernier à propos de l’Avis pourtant contraignant rendu par le Groupe de Travail des Nations Unies sur la détention arbitraire du prisonnier politique Marafa Hamidou Yaya?! Je le cite:
« cet avis, cette opinion n’engage nullement le gouvernement, ne fait pas injonction, ne fait pas obligation au gouvernement camerounais de respecter les conclusions du groupe de travail de cet organe auxiliaire des Nations Unies ».
Lorsque le Cameroun par la bouche de son respectable ministre de la communication et porte parole du gouvernement se met ainsi de lui-même en porte-à-faux avec la légalité internationale, pourquoi voudriez-vous donc que la France laisse moisir ou mourir une de ses ressortissantes – dont le caractère arbitraire de la détention est établie et reconnue – dans une geôle de Yaoundé? Juste parce qu’elle voudrait ou devrait vous convenir; alors même que la première obligation d’un état respecté par ses partenaires est de se conformer au droit international, notamment à tous les traités dont il est signataire (ici le Pacte international relatif aux Droits Civils et Politiques de 1966).
C’est le petit rappel que la France a vraisemblablement fait au Cameroun dans le cas de Lydienne Yen Eyoum. Et je puis vous assurer que ce n’était pas la première fois. Titus Edzoa, Puisque Pierre Désiré Engo, Paul Eric Kingué et bientôt Marafa Hamidou Yaya lui doivent ou devront aussi en partie leurs libérations (intégrales ou conditionnelles). Car contrairement à une opinion assez répandue au Cameroun, la bienveillance française ne trie pas parmi les prisonniers d’opinion, du moins ceux qui sont reconnus par les instances internationales comme des victimes de détention arbitraire.
Je tiens à votre disposition la documentation du CL2P, si besoin est.
Je vous remercie