OpinionsNon classé, Opinions, Tribune



EN CE MOMENT


Revendiquer de l’eau potable pour le peuple camerounais est un tabou

Par Alice Sadio, Présidente de l'Alliance des Forces Progressistes Revendiquer de l'eau potable pour le peuple camerounais est un tabou…

Par Alice Sadio, Présidente de l’Alliance des Forces Progressistes

Revendiquer de l’eau potable pour le peuple camerounais est un tabou au pays de la liberté d’expression

Au lendemain d’une manifestation de revendication de l’eau en quantité et en qualité le 22 mars dans la ville de Yaoundé, Je suis invitée par le journaliste Rodrigue Tongue pour le 23 mars 2016, aux fins d’apporter des éclairages y relatifs dans le cadre du programme «Un Jour, Un évènement».

Rodrigue Tongue Arrivée à 10h30 dans les locaux de Canal 2, je passe normalement par la salle de «make up» avec le journaliste et nous entrons ensuite en studio tandis que Ghislain Pierre Essono annonce déjà en direct mon arrivée. Et puis coup de théâtre ! Rodrigue Tongue Sort brusquement du studio pour recevoir un coup de fil au terme duquel il revient me prier, l’air abattu, de le suivre un instant.

Quelle n’est pas ma surprise lorsque je l’entends me dire mot pour mot: «Notre boss vient d’appeler pour me faire une injonction de ne pas parler de l’eau. il a dit. tout sauf l’eau, qu’il a reçu trop de pressions., je suis vraiment embarrassé Mme la Présidente.».

Je me contente alors de rétorquer à Rodrigue Tongue et à ses collègues qui avaient formé un attroupement autour de moi: «Vous êtes le quatrième pouvoir. Vous allez devoir prendre vos responsabilités si vous tenez à préserver la déontologie de votre métier. Mais soyez rassurez de ce que je ne me tairais pas! J’userai d’autres moyens de communication et souvenez vous, soit dit en passant que me museler ne changera rien aux faits têtus.».

Me faire taire ne changera rien aux faits têtus suivants:

* Plus de 80% de Camerounais n’ont pas accès à l’eau potable. Ils se ravitaillent dans des puits et des marigots, s’exposant ainsi aux maladies hydriques que sont le cholera, la typhoïde, la dysenterie, les amibiases, la polio, le ver de guinée, etc.;

*D’après l’OMS, le seuil d’alerte est de moins de 1700 m3/ht/an tandis que le seuil de pénurie critique se situe dans la fourchette en deçà de 500 m3/ht/an.

*Plus de la moitié des populations camerounaises se trouvent dans ce seuil de PENURIE CRITIQUE.

*Et pourtant le Cameroun n’est pas un pays désertique ! J’en veux pour preuve les statistiques officielles qui font état de ce qu’en terme de ressources en eau renouvelable disponible, tandis qu’un pays comme le Nigeria voisin dispose seulement de 2 251 m3/ht/an, le Cameroun se situe à 17 520 m3/ht/an, soit plus de dix fois supérieur au Nigéria en ressources d’eau renouvelable.

*Il en découle que l’absence de l’eau dans 80% des ménages camerounais révèle purement et simplement de la mal gouvernance pour ne pas dire de la quasi-absence de gouvernance. Ces thuriféraires du régime sont bien trop occupés à cogiter sur les nouvelles stratégies de conservation du pouvoir à l’infini.

*C’est cet état des lieux désastreux de la qualité de vie des camerounais qui meurent de plus en plus à fleur de l’âge qui nous a poussé, nous acteurs politiques (Alice SADIO de l’AFP, Edith Kah Wallah du CPP et l’hon. Patricia Ndam Njoya de l’UDC) à nous joindre aux acteurs de la société civile pour crier notre ras le bol et exiger de ce régime qu’il assure d’abord le minimum vital qu’est l’eau aux Camerounais avant de poursuivre leurs danses macabres au rythme des «appel à la candidature, à l’anticipation de la présidentielle et à la révision constitutionnelle» sur le dos d’un peuple meurtri par les drames sociaux quotidiens de tous ordres.

Alice Sadio, Présidente de l’AFP
Droits réservés)/n

Suivez l'information en direct sur notre chaîne