L’ambassadeur du Maroc au Cameroun estime par ailleurs que la demande de report est dû aux rapports de l’OMS sur le virus Ebola
Votre pays devrait en principe organiser la Can 2015 mais le gouvernement marocain via ses ministres de la communication et de la santé a demandé à la Caf de voir dans quelle mesure elle peut reporter cette édition…
Le ministère de la Jeunesse et des Sports marocain a saisi la Caf, le 10 octobre 2014 pour demander, par mesure de précaution face à l’ampleur de l’épidémie, le report de la compétition prévue au Maroc et a proposé des alternatives pour la réunion du comité exécutif de la Caf qui va se tenir le 02 novembre prochain. La position du Maroc est justifiée par le rapport de l’organisation mondiale de la santé qui a fait des constats alarmants sur l’évolution du virus. Réagissant à des informations qui ont circulé au niveau de certains organes de presse disant que le Maroc se désistait de l’organisation de cette compétition, le ministère de la Jeunesse et des sports a démenti le 17 octobre ses informations. La position du Maroc est donc claire et ne souffre d’aucune ambigüité à ce sujet : Il ne renonce pas à l’organisation de la CAN et il espère que la prochaine réunion du comité exécutif de la Caf aboutira à des conclusions à la mesure de la situation spéciale qui est posée.
Mais nous sommes à trois mois de la compétition est ce que votre pays est prêt?
Le Maroc est prêt, il dispose de toutes les infrastructures nécessaires d’un standing international pour abriter des manifestations sportives de ce genre. Il y a une mission de la CAF qui s’est déplacée il y a un mois au Maroc. Elle a constaté que tout était prêt. Il n’y a donc aucun problème à ce niveau là.
Pourquoi votre pays propose le mois de juin pour l’organisation de la CAN alors qu’au mois de novembre vous accueillez le championnat du monde des clubs? N’est ce pas dans le simple but de satisfaire les touristes qui viendront d’Europe pour les congés d’été?
Je ne vois personnellement pas de rapport entre l’organisation de cette CAN en été et l’arrivée des touristes. Les touristes occidentaux ne vont pas venir principalement pour suivre la CAN. S’ils viennent, c’est pour d’autres raisons. Je ne vois pas non plus un plus à gagner pour le Maroc en ce qui concerne ce report, excepté la sauvegarde de la santé des africains. Le problème est posé tel qu’il suit: le Maroc s’est engagé à l’organisation de la CAN, mais il y a un changement grave et d’extrême urgence, je parle de l’épidémie d’Ébola. Et comme vous le savez pour des questions spéciales il faut des solutions spéciales. Pour le Royaume du Maroc, c’est une question de principe qui met en avant et en premier la préservation de la santé des populations africaines, vrai capital dont nous disposons et qu’il faut prémunir contre toute atteinte.
Pour les matchs éliminatoires de la Can, le Maroc a quand même accepté d’accueillir la Guinée. Un des pays les plus fortement touché par cette épidémie.
Le Maroc, comme a fait le Cameroun avec la Sierra Léone, a accepté d’accueillir la Guinée parce que les risques sont maitrisables vu le nombre limité des personnes accueillies. Il a également maintenu les vols de la RAM envers les pays concernés par le virus Ebola. Mais ce dont on est en train de parler aujourd’hui c’est les rapports de l’OMS, des experts africains et internationaux en la matière qui affirment que le risque de voir la flambée de la maladie à virus Ebola continuer à s’étendre est bien réel et que l’épidémie s’accroît à une vitesse exponentielle dans les trois pays africains touchés. Selon les chiffres communiqués par l’OMS l’épidémie a jusqu’a présent tué plus de 4 500 personnes au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée. Les centres de contrôle et de prévention des maladies d’Atlanta ont livré, la semaine dernière, dans un rapport, des chiffres alarmants. Ils ont tenté d’évaluer la sous-déclaration des cas contaminés et estiment qu’il faut multiplier par 2,5 les chiffres officiels actuels. Et, si rien ne vient freiner cette progression, l’OMS envisage que 20.000 personnes risquent d’être infectées au début du mois de novembre, c’est à dire dans quelques jours. Si rien n’est entrepris, quelles seront les projections dans deux mois lors du déroulement de la compétition?.
Ce qui rend encore la situation plus dangereuse selon les spécialistes des maladies infectieuses c’est qu’il faut tenir compte de la durée d’incubation de la maladie, qui est d’environ 21 jours, ce qui limite ainsi l’efficacité de tout contrôle au niveau des aéroports et des postes frontières. Le problème d’Ebola est tellement important qu’il faut le prendre très au sérieux avec le maximum de discernement et de raisonnement. Le Maroc ne s’est pas désisté, il a soulevé la gravité de l’épidémie et a avancé des propositions pour faire face à ses graves conséquences sur la santé des africains, c’est une démarche logique et pleine bon sens largement partagée au niveau de notre continent. D’ailleurs les pays sollicités par la Caf pour abriter ladite compétition ont décliné l’offre pour la même raison.
Est-ce que le Royaume du Maroc ne subit pas seulement la pression des clubs européens qui ne souhaitent pas libérer leurs joueurs au mois de janvier, pendant leurs championnats?
Je ne vois pas ce que viens faire les clubs européens dans cette affaire. L’engagement du Maroc et avec la Caf, et je le répète la position marocaine de reporter la Can est dictée par des considérations se rapportant uniquement à la propagation du virus Ebola et ses répercussion sur la santé des africains.
Le Maroc est un pays très hospitalier. Qu’est ce que vous promettez aux personnes qui viendront si jamais la Can est organisée chez vous?
La sagesse africaine prévaudra et la CAN se déroulera au Maroc. Comme vous venez de le dire, le Maroc qui est connu pour son hospitalité, réservera un accueil chaleureux et fraternel à ses frères africains. Ils vont se sentir chez eux, ils vont découvrir un pays qui se développe, un pays en pleine mutation qui a fait de la coopération et de l’intégration africaine un choix stratégique. Ça sera une belle fête de sport comme les Marocains, peuple épris de paix et de tolérance, savent bien organiser, d’autant plus que le sport est un outil important de renforcement des liens et de promotion des idéaux de paix, de fraternité, de solidarité et de non violence.