L’information est du Fonds Monétaire International (FMI) qui invite les autorités du pays à se rapprocher des solutions sous régionales
Dans un communiqué daté du 19 juillet 2012, les experts du Fonds Monétaire International font savoir qu’il existe des inquiétudes sur la stabilité financière au Cameroun, du fait des risques de tensions qui pèsent sur certaines banques commerciales locales. « Il y’a des risques pesant sur la stabilité du secteur financier découlant de l’augmentation du nombre de banques en difficulté et les retards pris pour leur restructuration, la concentration du crédit bancaire à la raffinerie nationale de pétrole (Sonara), et les retombées de l’accumulation des arriérés dus à cette entreprise », précise le communiqué. Une situation qui selon le FMI est assez préoccupante. Les difficultés qui concernent quatre (et peut-être cinq) des 13 banques commerciales du pays, sont le fait de la concentration excessive du crédit bancaire à un emprunteur unique qu’est l’Etat et certains de ses démembrements, le manque de ressources pour l’agence régionale de surveillance (Cobac, Commission bancaire d’Afrique Centrale), et les faiblesses que cette structure présente dans sa capacité à traiter avec les banques en difficulté. Toujours selon les experts du FMI, Les indicateurs de solidité financière du secteur bancaire se sont détériorés en 2011 et les prêts improductifs a augmenté d’environ 17 pour cent. Dans le même temps, le nombre de banques en violation des ratios prudentiels (niveaux de crédit qu’une banque n’est pas autorisée à faire, en fonction des ses fonds propres et des avoirs des déposants) sous régionaux ont continué d’augmenter.
Face à ces risques, l’institution de Bretton Woods conseille comme solution que le Cameroun qui est le moteur économique de la sous-région Cemac, s’inscrive dans la démarche d’une meilleure coopération entre les organismes nationaux et régionaux. Mais surtout, le FMI insiste encore sur l’allègement budgétaire, en limitant ou supprimant les subventions affectées aux hydrocarbures. Ces conclusions du FMI confirment un certain nombre d’indicateurs qui jusqu’ici permettaient d’identifier certaines difficultés du gouvernement. Prévus pour le mois de mai 2012, le gouvernement tarde toujours à lancer les premiers emprunts obligataires, garantis par sa seule signature et différents des bons du trésor qui eux sont pilotés avec le Beac et sur un terme plus court. « Les différents soutiens aux entreprises parapubliques, dont la Sonara, la forte implication des banques dans le cadre de l’emprunt obligataire de 2010 et les contraintes liés aux ratios prudentiels, font que les banques ne peuvent plus supporter de sortir sur le long terme de fortes sommes d’argent sans préjudice », explique un expert de la finance dans une compagnie basée à Douala. Le FMI rassure néanmoins que la stabilité macroéconomique du Cameroun n’est pas compromise. Mais l’institution est moins optimiste que le Président de la république sur le niveau de croissance attendu en 2013. Alors que dans une circulaire relative au budget, Paul Biya table sur une croissance de près de 7% pour cette année-là, le FMI lui indique qu’au mieux l’économie camerounais fera 5%. Il invite aussi les autorités à limiter les arriérés budgétaires (qui sont souvent supportés par les banques commerciales) et se livrer à des emprunts prudents. Une logique difficile à tenir, dans un contexte politique de lancement des grands chantiers.