Ce serait une des conséquences de l’annonce d’un solde courant des paiements négatifs sur une période de 10 ans
Un solde de paiement négatif
Le solde de paiement courant pour l’économie camerounaise affiche un résultat négatif sur la période 1996 à 2008. C’est la principale information qui ressort de la présentation par le ministère des Finances, de l’état de l’économie de la nation durant cette période. En s’arrêtant à la période 2006, le ministère des finances n’a pas rendu compte du solde courant réel. Un rapport de l’université de Sherbrooke en Angleterre, réalisé en collaboration avec la Banque Mondiale, donne une présentation plus claire de la situation. Il permet de comprendre que cette situation remonte au-delà de la période 1996-2010. Le rapport indique, que sur une période de trente ans, soit de 1977 à 2008, le Cameroun a enregistré un déficit annuel moyen, de près de 183 milliards de francs CFA dans sa balance des paiements. La seule période de répit a été en entre 1994 et 1995, lorsque le solde courant a atteint près de 50 milliards de FCFA d’excédent, avec une hausse consécutive de deux ans. Depuis cette période, cette balance a connu une évolution en dents de scie. 2006, année de référence du ministère des Finances a été celle de la remontée après un deuxième déficit record en 2005. Le rapport rendu le 30 août 2010 par le ministère de l’Economie, du plan et de l’aménagement du territoire a indiqué un déficit moyen de 700 milliards de FCFA soit le déficit le plus grand que le Cameroun ait jamais connu depuis ces 32 dernières années. Selon le gouvernement camerounais, ce déficit est attribuable à la baisse des recettes d’exportation des produits primaires hors pétrole, comme le caoutchouc, l’aluminium, la banane, le bois grumes, le cacao et le café, dont les structures sont resté depuis 1996. Dans ses composantes principales, le cameroun exporte toujours des produits bruts à faible valeurs ajoutées. En retour, la croissance retrouvée a occasionné une hausse importante de la demande en produits de consommation, laquelle a gonflé l’enveloppe des importations.
L’absence de vision politique décriée
Selon des experts cette justification du gouvernement reste assez spécieuse. Les conjonctures et la structure des échanges du Cameroun dans le marché global ne sauraient à elles seules justifier un tel déficit. Les problèmes structurels, liés à l’absence de visibilité dans la politique économique sont un des problèmes majeurs du Cameroun. Une des interprétations d’un déficit de la balance des paiements est double. Cela signifie d’une part que la croissance existe, les ménages ont de plus en plus de moyens pour la consommation des biens et services, mais que parallèlement à cette croissance, le tissu de production locale ne suit pas: pour satisfaire le marché intérieur et pour permettre une économie expansionniste.
En février 2010, le gouvernement camerounais à travers le ministre Luc Magloire Mbarga Atangana avait décidé de mettre en place un programme de développement des exportations dites de proximité en vue d’améliorer la balance commerciale déficitaire. Les pays visés étaient le Gabon, la Guinée Equatoriale, l’Angola, l’Afrique du Sud, la République démocratique du Congo (RDC) et le Nigeria. Selon le ministre du Commerce, l’objectif était de viser ces différents marchés qui représentaient théoriquement un ensemble de 150 millions de consommateurs. C’est une très bonne idée mais cela reste irréalisable, du moins en l’état actuel des choses, a affirmé un expert de la finance internationale. Selon lui l’une des causes du déficit de production est son absence de compétitivité. Depuis 2009, le Cameroun s’est engagé sur une longue course pour la recherche de la croissance et de l’augmentation des richesses dans les ménages. Mais concrètement, il ne prévoit pas les conditions d’une satisfaction des besoins de consommation de ces ménages.
Un nouvel endettement en vue
Le corollaire d’un déficit permanent de la balance des paiements est que le pays concerné est obligé de se tourner vers l’endettement pour pouvoir financer le surplus dont il a besoin son économie. Une solution envisagée par le ministre Motaze de l’Economie et du plan. L’économie camerounaise est en perte de compétitivité et les conséquences futures sont inquiétantes notamment en ce qui concerne la capacité à court terme de couvrir ses importations, mais aussi la réalisation de son programme d’investissement. La persistance de ces déficits conduirait à une modification des sentiers de croissance tels que prévus dans les documents cadres que sont la Vision 2035 et le DSCE, et partant entraverait l’atteinte des objectifs de développement fixés. Autrement dit, la mobilisation d’une épargne intérieure suffisante comme corolaire du développement sera reléguée au second plan, et le pays devra avoir recours à un endettement massif pour financer ses grands projets structurants. Le ministre des Finances Essimi Menye a aussi émis l’idée du renforcement d’une plate-forme d’échange avec la diaspora. Une solution qui n’arrange pas toujours. On l’a remarqué avec le récent forum de Yaoundé. A moyen terme, le gouvernement risque d’annoncer la signature de nouveaux accords avec des partenaires financiers, le contexte s’y prête. La dette du Cameroun reste soutenable, l’opération d’emprunt obligataire est difficile à implémenter et les grands projets structurants du gouvernement pressent. Reste donc pour le gouvernement soit de s’endetter, soit de s’appliquer une cure d’austérité. En juillet 2009 le ministre Jean Kuete de l’Agriculture avait annoncé l’ouverture imminente d’une banque agricole. Les planteurs attendent toujours. La vaste politique de relance des PME piétine elle aussi en l’absence de toute structure financière pour soutenir l’initiative. Le retour de la compétitivité n’est pas pour demain.