Cette alerte intervient dans le cadre de la célébration de la 20ème édition de la Journée de l’Enfant Africain ce 16 juin
Plusieurs activités institutionnelles au programme
Le gouvernement camerounais célèbre une fois encore la journée de l’enfant africain dans une ambiance très institutionnalisée. Le lancement des activités marquant cette célébration a eu lieu le mardi 8 juin dernier à N’Gaoundéré. Le thème retenu cette année est «Planification et budgétisation pour le bien-être de l’enfant: une responsabilité collective.» Aujourd’hui en clôture d’activité se tiendra au palais des Congrès de Yaoundé, la 12ème session du Parlement des enfants. 180 députés juniors issus de toutes les couches sociales et provenant des dix régions y prennent part. Il sera par ailleurs question d’évaluer le fonctionnement des structures privées d’encadrement des enfants implantés dans la ville de Yaoundé. Aussi au programme de la rencontre des députés juniors ce jour, l’éducation à la citoyenneté, une idée du ministère de la jeunesse. Le ministre Adoum Garoua de la jeunesse devrait prononcer un discours à l’endroit des parlementaires juniors. Ces activités qui se sont désormais inscrites dans la tradition institutionnelle ne contribuent malheureusement pas à l’amélioration de la situation de certains enfants au Cameroun. Nombre d’entre eux, principalement dans les milieux pauvres, souffrent encore de malnutrition, de déficit de soins et n’ont pas toujours accès à l’éducation.
La Cameroun plateforme du trafic des enfants
Les observateurs restent très sceptiques sur la portée effective et l’impact réel des manifestations organisées par l’Etat. La situation camerounaise est assez préoccupante. Une étude menée par le Cercle International pour la Promotion de la Création (CIPCRE) et présidée par Jean Blaise Kemogne a dévoilé dans le cadre d’activités mené du 29 mai au 04 juin dernier, les ravages des réseaux du trafic des enfants au Cameroun. Selon l’étude, la situation géographique du Cameroun en a fait une plaque tournante des trafics d’enfants à des fins d’exploitations domestiques ou sexuelles. Le pays reçoit les personnes mineures venues d’Afrique de l’Ouest et se présente comme un point de départ vers le Gabon et la Guinée Equatoriale considérés comme les principales zones d’accueil. Tous les enfants transitent ou travaillent un moment au Cameroun, a déclaré madame Koh Bela. 40% des jeunes filles camerounaises de 9 à 18 ans sont encore victimes d’exploitation à des fins commerciales. Selon Amély James Koh Béla, une spécialiste des filières africaines de la prostitution en Europe et dans le monde, les Camerounaises représenteraient 46% des prostituées africaines en France. Ce taux dépasse aujourd’hui celui des pays comme le Nigéria ou le Ghana.
La démission des autorités camerounaises
Il existe au Cameroun un ensemble de lois et de structure que l’Etat a mis en place, pour apporter des solutions aux questions de droit de l’enfant. Ces solutions s’avèrent insuffisantes. Selon les chiffres du dernier récemment général sur la population, 30% des Camerounais ont moins de 18 ans. Pourtant les deux ministères en charge de la gestion du problème des jeunes et de l’enfant ont un budget qui ne dépasse pas les 12 milliards de francs CFA. L’action en faveur de l’enfant a été abandonnée à des organisations non gouvernementales internationales et nationales comme Plan Cameroun. Mais l’ampleur des situations à gérer rend leurs interventions elles aussi inefficaces. Avec l’arrivée des vacances scolaires de nombreux enfants vont se livrer au commerce des produits issus parfois des entreprises dites citoyennes. Bravant tous les dangers, ces enfants se précipitent entre deux feux pour proposer des sucreries, des chocolats ou des mouchoirs. Les autorités ne l’ignorent pas mais les entreprises fabricantes de ces produits n’ont jamais été interpellées. La journée de l’enfant africain est organisée chaque année depuis le 16 juin 1991, en souvenir du massacre de centaines d’enfants lors d’une marche pour leurs droits à Soweto (Afrique du Sud) par le pouvoir de l’apartheid le 16 juin 1976. Aujourd’hui on est plus à cette époque, mais pour de nombreux enfants camerounais, les massacres semblent encore se poursuivre.