Il a récemment été honoré par la prestigieuse National Geographic Society. Image d’un héros mal connu de l’opinion publique au Cameroun, son pays
Le 8 juillet 2012, c’est l’apothéose pour Zacharie Tchoundjeu, directeur du Centre International pour la Recherche en Agroforesterie. Ce camerounais de 57 ans a passé plus de la moitié de sa vie au service du développement de son continent. Il a reçu, avec une autre récipiendaire, le prix National Geographic Society/Buffet, du leadership dans la conservation. Le jury de ce prix lui reconnaît d’avoir apporté une contribution « inestimable », pour la conservation la biodiversité dans le bassin du Congo, le développement de techniques agricoles durables pour les petits agriculteurs et la formation d’une nouvelle génération de scientifiques et écologistes africains. En sa qualité de directeur régional du centre mondial d’agroforesterie, basé à Yaoundé, au Cameroun, il est aujourd’hui à la tête de plusieurs équipes internationales de travail, dans 21 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Leurs travaux sont axés sur la forêt, la conservation et la domestication des arbres à forte valeur fruitière et des plantes médicinales, avec le but d’améliorer les moyens de subsistance des petits agriculteurs. Il est aujourd’hui reconnu par la communauté scientifique internationale, que les travaux du camerounais et ses équipes, ont aidé à trouver des solutions pour contribuer de manière significative, à la lutte contre la pauvreté et la dégradation de l’environnement. Il travaille actuellement avec les agriculteurs et les communautés autochtones dans le but de sélectionner les ressources forestières végétales et les apprivoiser.
Dans ce domaine, Monsieur Tchoundjeu a développé et adapté des méthodes de propagation végétative des arbres qui mènent à la fructification précoce, la réplication des caractéristiques souhaitées, reproduction facile des espèces dont les graines sont difficiles à recueillir et la conservation des espèces précieuses. Grâce à ces efforts, des milliers de petits agriculteurs ont été aujourd’hui formés aux techniques simplifiées mais efficaces de domestication et sont en mesure de générer des revenus conséquents, en particulier dans le domaine des arbres fruitiers, le café, le cacao, les plantes médicinales et les autres. Reconnaissant que l’éducation environnementale a largement fait défaut en Afrique centrale, Zacharie Tchoundjeu a créé l’Académie Internationale Bilingue de Yaoundé (BAYSUP) en 2010. Un projet qui est bâti autour d’un partenariat avec l’Université de Californie à Los Angeles et de l’Université de Yaoundé 1. Zacharie Tchoundjeu est aussi auteur de plus de 115 articles et co-auteur de quatre livres sur le sujet. Il a aussi aidé à mettre en place au Cameroun, un programme communautaire dont le but est de renforcer les capacités de leadership pour les femmes scientifiques.
La National Géographic Society est une organisation scientifique et éducative à but non lucratif. Depuis sa création, elle a soutenu plus de 7000 projets d’exploration et de recherche qui concourent à l’amélioration de la connaissance de la terre, de la mer et de l’Homme. Un savoir que la société souhaite transmettre au plus grand nombre à travers la publication d’un magazine : le National Geographic. Howard Buffet dont le nom est associé au prix reçu par le camerounais est considéré comme étant l’homme le plus riche du monde. Une fortune qu’il a bâtie essentiellement sur l’agriculture et derrière laquelle se cache de grandes qualités de photographe, dont les images sont exposées à travers le monde. Le prix qui porte le nom de ces deux institutions, vise à reconnaître et à célébrer les héros méconnus dans le domaine de la préservation des écosystèmes. « Les lauréats sont supposés démontrer ou faire preuve d’une grande notoriété dans la gestion et la protection des ressources naturelles de leurs pays et dans leurs régions. Ils sont des modèles qui inspirent et assurent le plaidoyer en matière de conservation de la biodiversité », explique-t-on au sein du jury d’attribution de ce prix. L’ICRAF (Centre International pour la Recherche en Agroforesterie) dont le Docteur Tchoundjeu est le responsable pour plusieurs pays, est implanté au Cameroun depuis 1987, et a un accord de coopération scientifique et technique avec la République du Cameroun, à travers son Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation.