47 personnes seraient concernées, dont d’anciens responsables sécuritaires
Le lundi 20 août dernier, dans une déclaration à la Nation à l’occasion de la fête de l’Aïd el-Fitr, marquant la fin du mois de jeûne musulman du ramadan, le président de la Gambie Yahya Jammeh a annoncé que tous les détenus condamnés à mort dans son pays seront exécutés d’ici le mois de septembre 2012. Il n’a pas précisé le nombre de personnes actuellement dans le couloir de la mort en Gambie. Toutefois, 47 personnes seraient concernées dont d’anciens responsables sécuritaires, d’après un décompte établi par l’AFP. Le pays traîne une mauvaise réputation depuis longtemps en matière de défense des droits de l’homme. La dernière exécution d’un condamné à mort en Gambie remonte à 2007.
Les réactions ne se sont pas fait attendre. La Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho), une ONG basée à Dakar, a appelé le lendemain l’Afrique et les Occidentaux à empêcher les exécutions en septembre de condamnés à mort annoncées par le président gambien. « Nous sommes profondément indignés. C’est ahurissant. Les chefs d’Etat africains ont été très complaisants avec Yahya Jammeh. La Gambie est un pays où les libertés publiques n’existent pas et où sont pratiquées des exécutions extrajudiciaires. Trop, c’est trop », a affirmé le président de la Raddho, Alioune Tine. « Le moment est venu pour que l’Afrique réagisse. Les présidents africains, le président de l’Union africaine le Béninois Thomas Boni Yayi, celui de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest Cédéao, l’Ivoirien Alassane Ouattara, doivent empêcher ces exécutions et se mettre en première ligne. Nous interpellons les ambassades occidentales », a ajouté M. Tine. « Si ces exécutions sont pratiquées, le siège de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples doit être mis ailleurs qu’en Gambie », a-t-il poursuivi. Par la voix du porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères, Vincent Floreani, la France aussi exhorte « la Gambie de maintenir son moratoire de fait, en vue d’une abolition et à ne pas procéder à l’exécution de ces condamnés à mort » a-t-il continué. « Elle demande également à la Gambie de commuer toutes les condamnations à la peine de mort en peines de détention », a-t-il ajouté, en rappelant qu’aujourd’hui 139 États sont abolitionnistes ou ont adopté un moratoire de fait.
Le président Jammeh, qui dirige son pays d’une main de fer, a été porté au pouvoir par un coup d’Etat en 1994, puis élu pour la première fois en 1996 et réélu trois fois (2001, 2006 et 2011). Son régime est régulièrement critiqué par des défenseurs des droits de l’Homme pour des violations des libertés. Il est notamment accusé d’entretenir un climat de terreur parmi les opposants et les journalistes, plusieurs hommes de médias ayant été tués, emprisonnés ou ayant disparu depuis 18 ans.
