A la tête de YG Publishing, elle a tourné la page des années Gideppe et du magazine Divas. Interview exclusive!
Vous êtes journaliste, éditrice, manager. Comment vous définissez vous?
Je me définis avant tout comme une rédactrice, manager de la société YG Publishing; créateur de contenu éditorial et éditeur d’ouvrage pratique. Nous réalisons à destination de la presse écrite des cahiers, guides, suppléments portant sur la mode, la beauté, l’art de vivre, le fooding, l’évasion, etc. Nous rédigeons pour les entreprises privés ou institutionnelles leurs magazines ou journaux internes, rapports d’activité et concevons leur dossier de communication écrite, iconographie et audiovisuelle ainsi que des agendas personnalisés.
Le Mensuel Divas vous a révélé au public. Mais avant vous avez eu des expériences dans le domaine des médias?
Dès la fin de mes études Dess en droit des affaires, maitrise en marketing et de communication, je suis entrée au groupe GIDEPPE – éditeur Jeune Afrique Economie, Marchés Nouveaux. Avec ma spécialisation en gestion financière internationale, j’ai commencé à écrire sur la macroéconomie, les entrepreneurs, les banques et parallèlement j’organisais l’élection du banquier africain de l’année (1995-2001). Au fil du temps, j’ai développé le guide des pays émergents: Marché Nouveaux, la branche édition et les titres Sport International, Economia et Divas.
Racontez nous l’expérience Divas. Comment est né et a évolué le projet ?
A l’anniversaire des 10 ans du groupe, des femmes nous disaient mais on n’a pas droit d’avoir un magazine pour nous? Et là l’idée d’un magazine féminin a ressurgi. Divas est née en 1999 mais le désir de rendre hommage aux femmes a germé dans ma tête dès 1994. Après la dévaluation du Franc cfa étant stagiaire à La BEAC – banque des Etats d’Afrique Centrale, je voyais des femmes bosser comme des abeilles la journée et le soir elles étaient fraiches et pimpantes. Pour moi elles incarnaient des amazones des temps modernes: des vraies Divas! D’où le désir à travers un féminin de rendre hommage à toutes ses femmes africaines d’origine où de la diaspora. Après la conception du magazine, j’ai fait appel à Marie Jeanne Serbin (rédactrice en chef Brune) pour participer à cette belle aventure. Enfin, nous avions un magazine qui nous ressemblait et qui nous rassemblait.
Pensez-vous relancer un jour Divas ?
Non
Pourquoi ?
Premièrement, je n’ai pas l’autonomie financière pour le relancer! Deuxièmement, Divas fait partie de mon passé. Ma grand-mère me disait: Quand tu prends un chemin, ne regardes pas en arrière. Il faut guetter de temps à temps pour voir si les ennemis ne rôdent pas, mais continue ta route en savourant le présent et en songeant à l’avenir. Pour l’heure je préfère créer des magazines pour mes clients ou des espaces d’information ciblés comme www.gennybeaute.com à destination des jeunes soucieux de leur bien être.
Quelles sont vos rapports avec Blaise Pascal Talla?
C’est le premier africain subsaharien à avoir développé un vrai groupe de presse en France. C’est quelqu’un que j’admire et avec qui je garde des relations cordiales malgré tout…
Et avec Marie Jeanne Serbin?
Malheureusement, nous ne nous voyons plus beaucoup car Marie Jeanne habite en Province et ce n’est pas aisé d’ajuster nos plannings.
Aujourd’hui, vous êtes à la tête d’une entreprise. Nouvelle expérience professionnelle?
Ce n’est pas une expérience nouvelle car je continue à vivre ma passion pour l’information et la communication. Dès mon retour des Etats Unis en 2004, j’ai tenté de ressortir un nouveau titre mais le Groupe Prisma à qui j’avais soumis le projet l’avait jugé trop avant gardiste. La Directrice éditoriale m’a proposé de faire des cahiers pour leur Hors Série Femme Actuelle, ainsi que Monsieur De Breteuil pour Amina Beauté..etc. Tout en continuant à fournir des cahiers prêts à imprimer pour les magazines et de rédiger des journaux internes de quelques clients de renom, nous poursuivons notre aventure; nous venons de rééditer Le livre de la beauté noire du Dr Khadi Sy Bizet, et nous avons en cours la préparation un ouvrage sur la philosophie du succès.
Et le Cameroun, vous y retournez souvent ?
Souvent c’est un grand mot. Ma mère s’y est réinstallée après le Tchad, Sénégal, Nice, Guinée Equatoriale. Nous lui avons rendu visite en décembre 2008 comme des vraies touristes. En deux semaines nous avons sillonnées Douala, l’Ouest et Yaoundé. Lors de mon passage dans ce pays surnommé à juste titre l’Afrique en miniature, j’ai été choquée par l’état d’esprit des habitants. Tout devient mercantile! Et surtout on a impression que les gens sont devenus des fantômes qui errent sans but et sans âme.
Femme de tête ou femme enfant?
Je suis femme enfant avec mon chéri mais femme de tête dans mon travail. Je pense que beaucoup de femmes cultivent cette ambigüité!
Quel est votre livre de chevet?
Je dévore en ce moment le livre de Marek Halter « la Reine de Saba ». J’adore l’écriture de ce romancier qui conte à merveille les femmes de la bible de l’ancien testament au nouveau. La Bible et le Prophète de Khalil Gibran sont mes incontournables.
Quelle musique écoutez-vous le plus en ce moment?
J’écoute en boucle les chansons de Seal. J’apprécie son album studio « Soul » principalement composé de reprises ! Sur chaque titre je me remémore les bons souvenirs familiaux, amicaux, amoureux..
Si on veut vous faire plaisir, on vous sert quoi à manger?
On me sert des courges farcies comme le chef du restaurant « Moussa l’Africain » situé Porte de la Villette. Ensuite comme plat principal, le poisson braisé avec des légumes ou salades vertes ravivent mes papilles.
Je voudrais terminer par une question semble pertinente du fait de vos expériences. Est-ce que ce n’est pas difficile d’être femme, noire et journaliste ici en France ?
C’est difficile d’être femme tout simplement ! Travailler en journée, se soucier de ses enfants, de son mari, penser à l’avenir de la terre. Avouez que c’est fatiguant! Plus encore si vous uvrez dans le domaine médiatique. C’est un univers impitoyable, et les clichés perdurent. Comme dans la plupart des domaines, on fait plus facilement confiance aux hommes même si la femme est: meilleure gestionnaire, plus tolérante et plus prévoyante. Etre noire est un défi perpétuel. Nous, les noirs de France nous attendons de la République, respect, égalité, fraternité, or nous devons faire valoir nos apports culturels et nous impliquer davantage dans le développement du pays d’accueil ou d’adoption. Nous restons anthropologiquement des nomades et pour se faire respecter et se faire entendre, il est grand temps que nous les femmes noires de France, nous constituions un réseau solide à l’instar du CRAN.