Ngole Philip Ngwese est accusé d’avoir «illégalement» octroyé un permis d’exploitation forestière à Herakles Farms, «à travers une société écran».
L’organisation internationale de défense de l’environnement Greenpeace vient de saisir les tribunaux camerounais, contre les agissements du ministre des Forêts et de la Faune (MINFOF), Ngole Philip Ngwese, accusé d’avoir «illégalement» octroyé un permis d’exploitation forestière à une entreprise américaine Herakles Farms, «à travers une société écran».
Dans un rapport publié mardi, intitulé : «Un complot contre les forêts camerounaises et les accords avec l’Union européenne», elle affirme avoir fourni à la justice «toutes les preuves de l’illégalité de cette situation et des incidences financières pour l’Etat». Le MINFOF est poursuivi pour avoir, en janvier 2014, attribué un titre d’exploitation forestière portant sur 2500 hectares dans la région du Sud-Ouest à Uniprovince, une entreprise présentée comme «peu connue».
En mars 2013, apprend-on, SGSOC Cameroon Holding Ltd., la filiale d’Herakles Farms enregistrée aux îles Caïman et qui investit dans un vaste projet de palmier à huile déjà controversé, a procédé à l’acquisition d’Uniprovince dans le but de prendre possession du bois camerounais et d’en tirer des revenus substantiels. La vente de coupe visée, explique Greenpeace, se situe à l’intérieur de la concession d’Herakles Farms, dans la zone où l’entreprise a conduit la plupart de ses activités d’exploitation forestière illégale, avant même la signature du décret présidentiel qui lui a octroyé une concession foncière provisoire.
Pour l’ONG, cet acte a été pris en violation flagrante de la législation forestière camerounaise, la loi disposant que les ventes de coupe ne peuvent être octroyées que dans le cadre d’appel d’offres, ce qui n’a pas été le cas de celle accordée à Uniprovince.
Cette vente de coupe, insiste-t-elle, est d’autant plus suspecte qu’elle ne figure pas dans la liste la plus récente des titres d’exploitation forestière en cours de validité publiée le 10 mars dernier par le MINFOF. «Or, elle date du 28 janvier 2014 et le certificat correspondant a été délivré le 6 février, soit plus d’un mois avant la publication par le ministère de la liste des titres en cours de validité pour l’année 2014.»
Il s’agit de toute évidence d’une tentative délibérée de dissimulation d’une décision illégale, prise en faveur d’une entreprise derrière laquelle se dissimule Herakles Farms, insiste Greenpeace, qui au passage dispose de solides relais locaux d’information.
Le plaignant soupçonne ainsi «une collusion» entre des autorités camerounaises et la société Herakles Farms, pour que l’exploitation se fasse dans l’illégalité au détriment du Trésor public, des communes et communautés locales qui devraient pourtant bénéficier de redevances forestières conséquentes, les volumes de bois que prélèvera Uniprovince dans la zone étant bien plus importants que ceux des autres exploitants puisqu’il s’agit de procéder à une coupe rase de la forêt.
Greenpeace rappelle en outre que le Cameroun a signé un Accord de partenariat volontaire (APV) avec l’Union européenne, l’engageant à lutter contre l’exploitation et le commerce illégal du bois. Pour l’ONG, l’attribution à Uniprovince d’une vente de coupe en violation de la loi met en doute sa crédibilité ainsi que la volonté du Cameroun de respecter tous ses engagements dans le cadre de cet accord.