La junte au pouvoir et certains partis politiques ont signé le 18 avril à Bissau un accord pour une transition de 2 ans
L’accord qui a été signé mercredi 18 avril au club sportif de l’armée entre la junte au pouvoir et les différents partis politiques qui ont accepté de discuter après le coup d’état du 12 avril dernier met la communauté internationale devant les faits accomplis. A titre de rappel, l’Union africaine a suspendu la Guinée-Bissau de toutes ses instances et menacé les putschistes de sanctions. La Banque mondiale et la BAD ont également suspendu leur aide au développement à ce pays. Cet exemple a été suivi par la Francophonie qui, à son tour, vient de suspendre ce pays, membre de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) depuis 1979.
L’accord de mercredi dernier prévoit certes la remise du pouvoir aux civils, mais il entérine également la mise à l’écart du Premier Ministre Carlos Gomes Junior, celle du Président par intérim, Raimundo Pereira ainsi que la mise en place d’une solution extérieure au cadre constitutionnel. Par ailleurs, l’Assemblée nationale est dissoute, le Président de la République par intérim révoqué. L’accord en question prévoit également en toutes lettres, le maintien de la hiérarchie militaire existante. Une transition ne pouvant pas excéder deux ans sera mise en place. Elle comprendra un président, un gouvernement et un conseil national de transition chargé d’assurer un contrôle parlementaire. C’est à l’issue de cette transition qu’auront lieu les élections législatives et présidentielles.
Cet accord qui vise à installer de nouvelles autorités une semaine après le coup de force intervient avant même que les discussions avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), aient pu aller au-delà d’une simple déclaration de principe. La signature de cet accord s’est faite sans le PAIGC, le parti de Gomes Junior et de Peirera ainsi que d’autres partis politiques qui considèrent ce conseil national de transition comme une solution illégale. « La solution de sortie de crise qu’ils sont en train de chercher est antidémocratique et anticonstitutionnelle. Et le PAIGC rejette toute décision antidémocratique et anticonstitutionnelle. Un conseil national de transition ça sert à quoi ? Au PAIGC, on reviendra à la normalité si les prérogatives de l’Assemblée Nationale et du gouvernement sont respectées, de même que celles de toutes les institutions qui étaient en place avant le coup d’état. Nous savons tous que Carlos Gomes Junior est le candidat qui est sorti victorieux du premier tour des élections présidentielles. C’est lui qui doit continuer comme le veulent la loi de la République de Guinée-Bissau et la Cour suprême. Le PAIGC exige la tenue du second tour des élections présidentielles », a déclaré Augusto Olivares, cadre du PAIGC. Ce mercredi 18 avril 2012, le PAIGC, l’ex-parti au pouvoir, a appelé à la création d’une force d’interposition sous l’égide des Nations unies. Le Conseil de sécurité des Nations unies se réunit d’ailleurs ce jeudi 19 avril pour débattre de la situation et de la possibilité de l’envoi de cette force en Guinée-Bissau.