Une partie de l’armée estime qu’il est le commanditaire de l’assassinat de son chef d’Etat major
Depuis le dimanche 1er Mars 2009, les bruits de bottes se font entendre en Guinée Bissau. Après un attentat survenu dimanche dans lequel le chef d’Etat major de l’armée a perdu sa vie, le président bissau-guinéen Joao Bernardo Vieira a été tué tôt ce 2 mars par des militaires a confié Zamura Induta, le responsable des relations extérieures de l’armée, à l’agence France Presse. « Le président Vieira a été tué par l’armée au moment où il tentait de fuir sa maison attaquée par un groupe de militaires proches du chef d’état-major Tagmé Na Waié, tôt ce matin (lundi) », a-t-il déclaré.
En effet, dimanche soir vers 20 heures, le chef d’état-major des forces armées, le général Tagmé Na Waié, avait été mortellement blessé dans un attentat à la bombe contre le quartier général de l’armée. Ce n’est pas la première fois que l’armée tentait d’assassiner le président bissau-guinéen. Le 23 novembre 2008, un groupe de militaires avait mené une attaque, de nuit, contre la résidence du président Vieira, qui avait fait deux morts au sein de sa garde. Mais en réalité, la fin du défunt président est à l’image de ce qu’aura été son parcours dans les hautes sphères de son pays.
Vie et parcours du défunt président
João Bernardo « Nino » Vieira est né le 27 avril 1939 au Bissau. Il a été le président de la Guinée-Bissau depuis le 1er octobre 2005. Vieira a fait un retour politique à la mi-2005 en gagnant la dernière élection présidentielle (le 24 juillet 2005) seulement six ans après avoir été évincé suite à une guerre civile.
C’est le 14 novembre 1980 que l’électricien de formation est projeté sous le feu des projecteurs. Il renverse le gouvernement de Luis Cabral dans un coup d’état militaire sanglant. La constitution est suspendue et un Conseil militaire constitué de neuf membres de la révolution, présidé par lui est installé.
En 1984, une nouvelle constitution était approuvée et a ramené le pays à la règle civile. Le 3 juillet, au cours d’une élection multipartite du pays, Vieira recueille 46,20% des voix contre sept autres candidats. Il termine premier, mais sans gagner la majorité prévue, ce qui a mené à un deuxième tour de vote le 7 août. Il y a reçu 52,02% des voix contre 47,98% pour Kumba Yala, le candidat du Parti Social de Renouvellement (PRS). Les observateurs internationaux des élections ont considéré les deux tours de votes généralement libres et valables. Vieira a donc été proclamé premier président démocratiquement élu de la Guinée-Bissau le 29 septembre 1994. Après une tentative échouée de coup d’État contre le gouvernement en juin 1998, le pays est tombé dans une brève mais violente guerre civile entre les forces fidèles à Vieira et ceux fidèles d’un chef rebelle dénommé Ansumane Mané. Les rebelles prennent finalement le gouvernement de João Vieira le 7 mai 1999. Il a cherché le refuge dans l’ambassade portugaise et plus tard est entré en exil au Portugal.
En avril 2005, presque deux ans après qu’un autre coup militaire ait renversé le gouvernement du Président Kumba Yalá, Vieira est revenu à la maison pour contester les élections prochaines. En dépit d’une interdiction faite aux anciens dirigeants de contester le scrutin, il a été blanchi par la Cour Suprême en mai 2005 pour pouvoir se présenter contre Kumba Yalá.
Selon les résultats officiels, Vieira a terminé deuxième au cours de l’élection du 19 juin 2005, derrière Malam Bacai Sanha, et a ainsi participé au deuxième tour. Il a officiellement défait Sanhá dans le scrutin du 24 juillet et est entré en fonction le 1 octobre 2005.
Le 31 octobre 2005, Vieira a annoncé la dissolution du gouvernement dirigé par son premier ministre rival Carlos Gomes Junior, citant la nécessité de maintenir la stabilité et l’unité nationale.
