Les enseignants réclament le paiement des salaires et le pays est asphyxié à cause du retrait des bailleurs de fonds
Selon le ministre bissau-guinéen de l’Éducation, Vicente Pungura, l’année scolaire en Guinée Bissau risque d’être perturbée à cause des salaires impayés aux enseignants. En effet cette dette qui s’élève à 1,2 milliards de F CFA est un héritage du régime précédent. Pour le ministre, «le gouvernement de transition s’engage à payer cette dette, mais il est sous embargo de la part de ses partenaires au développement et il est bloqué de toute part». La Guinée-Bissau a toujours besoin de l’intervention de ses partenaires pour payer ses dettes. «Comme elle ne compte plus du tout sur les bailleurs de fonds, vous pouvez vous imaginer les difficultés auxquelles nous sommes confrontés. C’est pour cela que les syndicats d’enseignants doivent faire preuve de patriotisme, d’autant que la situation économique actuelle du pays n’est ni de la faute des enseignants, ni des gouvernants de transition» a-t-il poursuivi le ministre. Le ministre a lancé un vibrant appel aux partenaires de développement de Bissau pour trouver une solution définitive à la situation qui prévaut. Cependant, Luis Nancassa, président du SINAPOF, un des syndicats d’enseignants a affirmé que les enseignants sont mécontents, parce que deux mois salaire leur ont été défalqués pour fait de grève alors qu’ils n’ont perçu qu’un seul mois d’arriérés pour reprendre le chemin de l’école. Il ajoute d’ailleurs que si le problème n’est pas réglé le syndicat compte reprendre son mouvement de protestation.
La Guinée-Bissau ne consacre que 6% de son budget, supporté à 80% par les bailleurs de fonds, au système éducatif. C’est un pays membre de l’Union économique et monétaire ouest-africaine. La principale source de devises est l’exportation de noix de cajou, qui représente 60 % des revenus du pays Malgré ses nombreux atouts, la Guinée-Bissau est le troisième pays le plus pauvre du monde, parmi les pays les moins avancés (PMA). L’indicateur de développement humain (IDH) est de 0,289 en 2010 (position 164 entre 196 pays). En 2005, le budget de l’État dépend à 75 % de l’aide internationale. Il n’y a pas partout de l’électricité et 85 % des habitants vivent avec moins de 1 dollar par jour. En effet, l’instabilité politique, les séquelles de la guerre civile de 1999, l’obsolescence des infrastructures découragent les investisseurs et donc les possibilités de développement. Du fait de sa pauvreté et de sa désorganisation économique, la Guinée-Bissau est une proie facile pour les trafiquants de drogue de l’Amérique du Sud qui l’utilisent comme passerelle pour atteindre l’ Union Européenne, leur principal client depuis que les États- unis ont durci leur politique de contrôles aux frontières.
