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Guinée Conakry: Le second tour des élections attendu sur fond de tension

Les partisans des deux candidats ont provoqué des conflits tribaux créant des émeutes dans les principales villes du pays

La Guinée est actuellement suspendue de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), en raison de la prise du pouvoir par l’armée le 23 décembre 2008. Ce pays d’Afrique de l’ouest, qui attend qu’une nouvelle date soit fixée pour le deuxième tour de la présidentielle, est le théâtre depuis quelques jours d’accrochages entre partisans des deux candidats Alpha Condé (malinké) et Cellou Dalein Diallo (peul), et d’une série d’agressions visant spécifiquement des Peuls. Ces derniers jours, plusieurs villes du pays Conakry, Kankan, Siguiri, Kissidougou, N’Zérékoré ont connu des affrontements entre partisans des deux candidats à la présidentielle, mais aussi, parfois, des agressions visant spécifiquement les Peuls, selon des récits d’habitants. Dimanche, différents témoins ont rapporté que des affrontements avaient opposé des habitants de Kissidougou (sud-est) d’ethnies malinké et peule. Des boutiques appartenant à des peuls y avaient été saccagées et des personnes des deux camps blessées. En plus, dans au moins cinq localités de l’intérieur du pays en Haute-Guinée et en Guinée-Forestière : Siguiri, Kankan, Kouroussa, et Nzérékoré des boutiques tenues par des commerçants peuls ont été saccagées, des maisons détruites. Au total, plusieurs dizaines de personnes ont été blessées et un commerçant venu acheter de l’or à Siguiri a été tué. Sur le terrain, des bonnes volontés ont parfois cherché à jouer l’apaisement, comme à Kissidougou, où des chefs religieux ont circulé dans la ville pour tenter de calmer les esprits.

La population elle-même reste parfois incrédule face à ces violences. On ne s’attendait pas à ce que ça puisse prendre cette tournure là, confie un habitant de Siguiri. Les peuls sont bien intégrés ici. Ce sont les tensions politiques qui ont scindé les choses.
A 60 ans, Youssouf Sano vit pour la première fois une élection présidentielle libre en Guinée. Mais cet habitant de Conakry ne supporte plus la campagne et ses affrontements politiques ou ethniques, « pas beaux à voir », alors que le second tour du scrutin se fait toujours attendre. Longeant une rue transformée en terrain de football, Youssouf Sano, perdu dans ses pensées, marche en direction du bord de mer. Ce qui me préoccupe, c’est l’insécurité, parce que les deux candidats Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé n’arrivent pas à canaliser leurs militants, dit ce professeur de lycée, regard grave derrière ses fines lunettes, qui s’annonce d’ethnie « malinké », prêt à voter pour l’opposant historique Alpha Condé. Pour lui, « le report du second tour était nécessaire », car « la Commission électorale n’avait rien fait, que mentir à la télévision! ». Mais quoi qu’il arrive, dit-il, « plus besoin de campagne », car « ce qui s’est passé n’était pas beau à voir: les affrontements politiques et ethniques très graves pour le pays! »

Face aux tensions engendrées par le report une nouvelle fois du second tour de la présidentielle, le général malien Siaka Sangaré, président de la Ceni, a lancé dimanche 24 octobre au soir un appel au peuple et aux deux candidats à la présidentielle. L’objectif est « que le calme revienne dans les localités » de Guinée. Il faut « réunir le plus rapidement possible les conditions idoines pour organiser un bon deuxième tour », a-t-il fait valoir. Le général malien avait annoncé le 22 octobre dernier un nouveau report de ce second tour, deux jours avant la date prévue pour le vote, en raison de « dysfonctionnements ».
Face à ces violences, le général Konaté, ex-officier putschiste nommé en janvier pour diriger la Guinée jusqu’aux premières élections libres de son histoire, a promis la « tolérance zéro ». « Je n’accepterai pas que des Guinéens se sentent étrangers chez eux ou soient traqués à cause de leur appartenance ethnique, religieuse ou politique. L’unité de la Nation sera préservée à tout prix », a-t-il déclaré. A la suite de quoi les candidats à la présidentielle, l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo et l’opposant Alpha Condé, ont chacun appelé leurs militants au calme, les exhortant à bannir les tensions entre ethnies. Le président malien Amadou Toumani Touré a quant à lui appelé à être « indulgent » au sujet de la présidentielle en Guinée: « Depuis 50 ans, c’est la première fois que la Guinée organise des élections plurielles. Ils ne sont pas habitués » a-t-il dit.

Toutefois, les dirigeants francophones lors du XIIIème sommet de la francophonie se sont dits « préoccupés par les récentes difficultés que connaît le processus électoral en Guinée ainsi que par les risques d’instabilité qu’elles pourraient engendrer ». Ils ont exprimé leur « plein appui » à la mission au général malien Siaka Toumani Sangaré, expert de l’OIF à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), appelant à un scrutin « libre, fiable et transparent », selon le texte de la résolution. Face aux violences qui ont affecté le processus électoral en Guinée, les premières élections libres dans cet Etat depuis 50 ans, l’OIF a demandé aux deux candidats de « tout mettre en uvre pour que cette élection se déroule dans le calme et dans le respect des règles démocratiques ». Une démocratie que veut appliquer le désormais organisateur des élections en Guinée le malien Toumani sangaré.

Image d’illustration
capitalfm.co.ke)/n


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