Alpha Condé s’occupe lui-même du ministère de la Défense
Le nouveau président guinéen Alpha Condé a nommé, lundi 27 décembre au soir, un premier groupe de dix sept ministres, dirigé par Mohamed Said Fofana le Premier ministre, dont quatre femmes, pour la formation du nouveau gouvernement « d’union nationale ». Sur ces dix sept ministres, quatre du précédent gouvernement de transition ont été reconduits dans leurs fonctions, selon un décret présidentiel lu sur les antennes de la télévision. Le ministère des Affaires étrangères a été confié à un inconnu, Edouard Gnakoye Lamah, et le portefeuille de l’Economie reste entre les mains du banquier Kerfala Yansané, qui dirigeait ce département sous le gouvernement de transition. Le président de la République a par ailleurs annoncé qu’il dirigerait lui-même le ministère de la Défense. Pour montrer à quel point je me soucie de la situation de l’armée, je serai moi-même ministre de la Défense, avec un ministre délégué, a-t-il dit. Il succédera ainsi au général Sékouba Konaté qui avait présidé tout au long de l’année 2010 le régime de transition, du régime militaire vers la démocratie, tout en étant ministre de la Défense. Je m’occuperai moi-même des problèmes de l’armée parce que nous voulons que l’armée qui est devenue aujourd’hui républicaine soit à la hauteur de ce que l’Afrique attend de nous, a-t-il dit, après 26 ans de régimes militaires marqués par un grand nombre d’exactions commises par des soldats et par le massacre du 28 septembre 2009, qui avait fait plus de 150 morts à Conakry.
Restent au gouvernement deux officiers supérieurs de l’armée qui avaient participé au coup d’Etat de décembre 2008 et qui étaient de très proches collaborateurs du général Konaté: Le général Mathurin Bangoura, qui passe des Transports à l’Urbanisme, et le général Mamadou Korka Diallo, qui laisse la Pêche pour s’occuper de l’Elevage.
Dans l’ensemble, le président Condé a semblé respecter dans ses nominations un équilibre entre les quatre régions et les principales ethnies du pays. Papa Koly Kourouma, un proche de l’ex-chef de la junte Moussa Dadis Camara, retrouve le ministère de l’Environnement qu’il dirigeait quand les putschistes étaient au pouvoir en 2008. Il avait été pour beaucoup dans le vote massif de la Guinée forestière en faveur de Condé au second tour. Autre fait marquant: L’entrée pour la première fois dans un gouvernement d’Ousmane Bah, le président de l’Union pour le progrès et le renouveau (UPR), originaire de la Moyenne-Guinée. M. Bah avait soutenu Alpha Condé au second tour de la présidentielle, alors que l’essentiel de sa communauté peule suivait l’autre candidat, Cellou Dalein Diallo. Le président a par ailleurs signé un décret remplaçant le chef d’état-major des forces armées, le général Nouhou Thiam, par le général Kéléfa Diallo (tous deux étant des Peuls de Haute-Guinée). Le général Diallo, ex-commandant de la 3e région militaire de Kankan (Haute-Guinée), a été promu au grade de général de brigade.
Dans un pays en faillite en dépit d’immenses ressources minières, le président s’est de nouveau engagé à concrétiser « le changement » promis aux Guinéens. Quant aux femmes, Mme Fatoumata Tounkara est Ministre du Travail et de la fonction publique. Le ministre de la Promotion féminine et de l’enfance est Mme Nanténin Chérif Konaté. Le ministère de l’Industrie et des petites et moyennes entreprises a à sa tête Mme Ramatoulaye Bah. L’Hôtellerie, le tourisme et l’artisanat revient à Mme hadja Mariama Baldé.
