La footballeuse camerounaise arrêtée pour situation irrégulière de séjour n’est plus menacée d’expulsion
Libre mais toujours dans l’attente d’un titre de séjour
Le tribunal administratif de Lille a décidé d’annuler l’arrêté de reconduite à la frontière de Rigoberte M’Bah, la footballeuse camerounaise qui évolue au club d’Hénin-Beaumont. Le tribunal a aussi enjoint le préfet de réexaminer, dans les quinze jours, son droit au séjour. Cette décision du tribunal est une victoire, Mais rien n’est réglé pour autant : c’est juste que la question de son droit de séjour se pose maintenant dans des conditions normales et bien meilleures que ces dernières semaines. Ce n’est qu’une étape dans le processus de régularisation de la situation de ma cliente. J’espère que l’Etat et les collectivités territoriales qui sont impliquées dans cette affaire prendront leurs responsabilités vis-à-vis d’elle a fait savoir l’avocate de la joueuse, Emmanuelle Lequien, selon des propos rapportés par le journal le Monde. La question du titre de séjour, qui est toujours en suspens, reste à résoudre. Nous espérons que le réexamen du cas de mademoiselle Mbah sera cette fois pratiqué avec plus de discernement et de loyauté, a ajouté Me Emmanuelle Lequien. La camerounaise âgée de 27 ans, n’a pas souhaité se prononcer à la sortie du tribunal. Plusieurs commentaires dénoncent aujourd’hui les filières de recrutement des joueurs en Afrique. Se trouve aussi posé, le problème de l’immigration concertée, prônée par le président Sarkozy. En visite au Cameroun en mai 2009, le premier ministre français François Fillon avait pourtant signé un accord avec les autorités camerounaises sur le sujet. Des personnes qui pouvaient apporter une valeur ajoutée aux deux pays bénéficiaient des facilités pour le titre de séjour.
Pour sa part Bernard Dumortier, le président du club d’Hénin-Beaumont, rejette toute responsabilité dans cette affaire et affirme que les allégations de son avocate sont un tissu de mensonges. Lorsque la joueuse est arrivée au club, elle était licenciée à la Fédération française de football et nous ignorions qu’elle était en situation irrégulière. Quand nous l’avons appris, nous l’avons aidée à monter un dossier, qui a été refusé. Puis nous avons monté, en mars-avril 2010, un second dossier de régularisation, que nous avons donné à son comité de soutien affirme-t-il. A la fédération française de football, on se déclare incompétent à traiter de la question des régularités des papiers. Ayant attribué une licence amateur à la jeune femme courant juin-juillet 2008, elle se met à l’abri derrière ses textes, expliquant qu’elle n’est pas un gendarme de la régularité. L’attribution d’une licence amateur n’est pas soumise à l’obligation de justifier la régularité de son séjour en France, contrairement à une licence professionnelle, liée à la signature d’un contrat de travail, La licence du pays d’origine et une pièce d’identité suffisent souvent à obtenir le droit de fouler les terrains amateurs explique la fédération. Or Rigoberte était à l’époque la meilleure joueuse du championnat camerounais dont elle possédait une licence. En réalité, l’histoire de la camerounaise est caractéristique de celle de centaines de jeunes footballeurs africains venus tenter leur chance en Europe. Début 2008, Yan Faucon, alors entraîneur du modeste club de Brive (Corrèze) en troisième division féminine, cherche des joueuses pour renforcer son effectif. En surfant sur Internet, il finit par entrer en contact avec des intermédiaires camerounais qui disent avoir des solutions. Mais la démarche s’avère être une escroquerie, de l’argent est envoyé, mais rien n’est fait côté camerounais. Le cas de Rigoberte M’Bah a d’autant plus de répercussions qu’en plus de la spécialité des règles de football, se sont mêlé les suspicions politiques. Lundi dernier, Steve Briois, secrétaire général du Front National et conseiller municipal dans la localité, a publié un communiqué, dénonçant le « laxisme judiciaire » et « la culture d’impunité ». Selon lui, les socialistes en usant d’arguments pseudo humanitaires sont les complices de cette nouvelle forme d’esclavagisme que constitue l’utilisation d’immigrés clandestins souvent isolés et déracinés à des fins bassement mercantiles ou commerciales.
