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Impasse présidentielle en Côte d’ivoire

Le pays est dirigé par deux présidents, une situation inédite, l’Union Africaine a envoyé un médiateur

Un lendemain de confusion postélectorale
C’est dans la confusion la plus totale que de nombreux ivoiriens se sont une fois encore levés ce lundi 06 décembre 2010. La Côte d’Ivoire depuis le weekend dernier est dirigée par deux présidents. Alassane Ouattara, élu démocratiquement selon la Commission Electorale Indépendante (CEI) et les Nations Unies, et Laurent Gbagbo, élu par décision judicaire du conseil constitutionnel. La situation fait aujourd’hui craindre les pires scénarii. Nous nous réservons le droit de proclamer l’état d’urgence, si cela s’avère nécessaire, à prévenu Laurent Gbagbo qui contrôle toujours l’appareil de l’Etat. Et a nommé un nouveau Premier ministre. Une situation problématique pour Alassane Ouattara. Malgré le soutien de l’ONU, du FMI et de l’Union africaine, tout le monde attend de voir quelle sera sa réaction. Il reste retranché avec son nouveau gouvernement dans un Hôtel d’Abidjan, dans l’incapacité de se mouvoir dans la ville. Alassane Ouattara a un nouvel allié de poids, Guillaume Soro, l’ancien premier ministre de Laurent Gbagbo et leader des Forces nouvelles. Ce dernier a affirmé agir selon ses convictions et sa foi, dans un désir de justice. Ce nouveau ralliement permet à Ouattara de se garantir le contrôle absolu du Nord du pays. Le risque d’une confrontation armée entre les Forces Nouvelles (jusqu’ici restés dans l’ombre) et l’armée régulière plane désormais, avec en perspective un coût humain qui pourrait être catastrophique pour les deux dirigeants politiques. La Cour pénale internationale a prévenu que toute atrocité commise par les partisans de l’un ou de l’autre candidat, sera susceptible de traduction devant les juges.

Thabo Mbeki à la rescousse… Une fois encore
C’est dans cette ambiance très tendue désormais, que le médiateur de l’union Africaine est arrivé en Cote d’ivoire. Thabo Mbeki l’ancien président de l’Afrique du Sud, a rencontré Laurent Gbagbo après un entretien avec le représentant spécial de l’ONU dans le pays, Youn-jin Choi. Il a ensuite parlé avec Alassane Ouattara, qui a rapporté face au média, avoir prié Thabo Mbeki [ide demander à M. Laurent Gbagbo de ne pas s’accrocher au pouvoir]. L’objectif de l’émissaire de l’UA est de rechercher une résolution pacifique à la crise politique, a rappelé l’ambassadrice d’Afrique du Sud en Côte d’Ivoire, Zodwa Lallie. Une situation comme le Rwanda ou le Kenya serait un cauchemar, que nous cherchons à éviter en faisant tout notre possible, a expliqué la diplomate. En 2007 au Kenya en 2007, les résultats contestés avaient rapidement conduit à un bain de sang qui avait fait au moins 1300 morts et déplacé des centaines de milliers d’habitants. L’ancien dirigeant a déjà effectué une médiation en Côte d’Ivoire de 2004 à 2006. A l’époque, il avait réussi à arracher un accord, à Pretoria en avril 2005, proclamant la «fin des hostilités». Mais le texte était largement resté lettre morte et Thabo Mbeki, accusé par les rebelles du nord d’être plus proche de Laurent Gbagbo, s’était vu retirer le dossier en octobre 2006. La médiation de l’union Africaine s’avère donc très compliquée, d’autant que Gbagbo fait jouer l’argument nationaliste. Il vaut mieux un Gbagbo mal élu, que de voir un président à la solde des intérêts étrangers diriger la Côte d’Ivoire, a-t-il fait remarquer lors de son investiture.

La communauté internationale divisée
Sur le plan international, des réactions sont aussi attendues. Jusqu’ici, la France et beaucoup de ses alliés ont publiquement soutenu Alassane Ouattara. Une situation bien exploitée aujourd’hui par Laurent Gbagbo qui plaide pour le nationalisme. Pourtant lors des accords de Ouagadougou qui devaient conduire à l’organisation des élections démocratiques en Côte d’ Ivoire, le président Gbagbo avait clairement fait appel au soutien de l’étranger pour l’aider à mener le processus de recensement et d’organisation des élections. Près de 200 milliards de francs CFA auraient été dépensés dans cette initiative, principalement par la France. Entre temps les rapports se sont dégradés avec Gbagbo. Lors de la célébration du 14 juillet, ce dernier avait refusé d’effectuer le voyage de Paris, où étaient invités plusieurs autres chefs d’Etats, anciennes colonies françaises. Une réaction qui lui a valu la sympathie de beaucoup de personnes dans son pays et même en Afrique francophone où le sentiment anti-français est répandu, même si sournois. Certains experts du droit, affirment pourtant qu’il a réalisé un véritable holdup électoral. Le Conseil Constitutionnel en annulant les élections dans certaines régions du pays, aurait dû organiser des partielles, avant de statuer définitivement. Elle a pourtant fait le choix de déclarer Gbagbo vainqueur. D’un autre côté, les média et les autorités françaises sont très critiqués par une partie de l’opinion en Afrique, pour avoir déclaré Ouattara vainqueur, sur la simple promulgation des chiffres de la CEI, alors que lors du premier tour c’est au Conseil Constitutionnel qu’il était revenu de prononcer les résultats. Une erreur que Gbagbo exploite aujourd’hui avec beaucoup d’aisance. Au conseil de sécurité de l’ONU, des sources laissent entendre que la Russie et la Chine seraient déjà opposées à l’idée de sanctions économiques. Un soutien qui serait de taille pour Gbagbo qui est plus proche des régimes socialistes.

Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara, les deux présidents de le Côte d’ivoire
Journalducameroun.com)/n


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