La fête nationale est célébrée le 20 mai, jour de la réunification du Cameroun francophone avec le Cameroun anglophone
Le Cameroun politique avant les indépendances
Contrairement à de nombreux pays en Afrique, le Cameroun n’a pas officiellement été la colonie d’une puissance occidentale. Dans les années 1860-1870, les Français et les Allemands commencent à s’intéresser au Cameroun. Le gouvernement allemand envoi Gustav Nachtigal négocier la mise sous tutelle allemande du Cameroun avec les chefs Dualas. Deux traités en ce sens sont signés avec des chefs de l’estuaire du Wouri appelée « Cameroon River » par les Britanniques. Ce sont les traités germano-Douala. Le premier de ces traités qui date du 12 juillet 1884 marque la naissance internationale du Kamerun comme entité moderne. Après la deuxième Guerre mondiale et la défaite allemande, la Société des Nations (SDN) et l’ONU son successeur (après l’échec de la SDN) changent le statut du Kamerun qui, de protectorat, est placé sous tutelle de la France et de la Grande Bretagne. C’est la partie française qui connaitra le plus de difficultés, celles que les gouvernements français successifs choisissent de taire encore aujourd’hui.
Une indépendance donnée aux fidèles
Selon la version officielle, la France durant le protectorat d’abord avec la SDN et la tutelle ensuite avec l’ONU a contribué au développement politique et économique du futur Cameroun. Au plan politique, la direction française met à son actif la création des assemblées électives. L’assemblée Représentative du Cameroun (ARCAM) en 1946, qui deviendra Assemblée Territoriale du Cameroun (ATCAM) en 1952, avec des pouvoirs plus étendus. Officiellement aussi, dès les années 1940, les autorités coloniales françaises encouragent la diversification agricole. C’est l’apparition de nouvelles cultures de rentes comme le café dans l’ouest ou le coton dans le nord. L’élevage et l’exploitation du bois prennent une dimension nouvelle grâce aux nouvelles routes. Cette période est aussi celle de l’ouverture de nouvelles écoles tant publiques que privées, dont le Lycée Général Leclerc (1952). Les autorités coloniales commencèrent à envoyer les meilleurs étudiants à Dakar et en France pour suivre des études supérieures. Dans cette version, l’Union des Populations du Cameroun(UPC) de Ruben Um Nyobe est frappé d’interdiction pour trouble à l’ordre public et association avec le communisme. L’UPC prend alors le maquis et Um Nyobe est tué au cours d’un combat. Le 1er janvier 1960, le Cameroun sous tutelle française devenait indépendant et prenait le nom de République du Cameroun.
Exploitation économique
Depuis plusieurs années, de nombreux historiens et autres chercheurs revendiquent un devoir de mémoire. Les jeunes générations camerounaises sont mieux outillées pour parler de la fin de la monarchie en France avec des détails et dates, et totalement ignorants de l’histoire de leur propre pays. Selon de récentes sources historiques, la France, principale puissance d’accompagnement vers l’indépendance a géré le Cameroun plus comme une puissance coloniale que comme un protecteur ou un tuteur. De récentes recherches démontrent que l’exploitation des matières premières camerounaises et la commercialisation de produits transformés étaient au centre des initiatives françaises.
L’accès à certaines ressources stratégiques est resté une priorité de l’État français. Notre ligne de conduite, c’est celle qui sauvegarde nos intérêts et qui tient compte des réalités. Quels sont nos intérêts? Nos intérêts, c’est la libre exploitation du pétrole et du gaz que nous avons découvert ou que nous découvririons, affirmait le général De Gaulle en 1961 dans un discours officiel. Trois points principaux marquent la marche vers l’indépendance au Cameroun, s’aligner sur les positions françaises à l’international, accorder prioritairement les concessions économiques à la France, ne pas être proche du communisme. Pour le dernier, il était difficile pour les camerounais de l’époque vivant sous le mode communautaire, de ne pas être séduit par les idées communistes.
Indépendant mais divisé et dominé
Sur le plan politique, de récentes études et recherches démontrent que contrairement à la version officielle, l’indépendance n’a pas été octroyée au Cameroun. Elle a été obtenue au prix du sang de nombreux nationalistes patriotes. Pendant la période d’avant les indépendances, et même bien longtemps après, la politique française influence considérablement celle de ses colonies. Le tort d’Um Nyobe qui plus tard sera taxé de maquisard est d’avoir voulu implanter au Cameroun une économie de type socialiste. Ce que les jeunes leaders camerounais de l’époque ignorent, c’est que la guerre froide entre communisme et capitalisme implique tellement d’enjeux que les différents protagonistes sont prêts à tuer dans les deux camps. Une ignorance qui va aussi emporter la place d’André Marie Mbida. Dans son processus de conduite du Cameroun vers l’indépendance, des historiens rapportent qu’il s’est refusé à mener une guerre contre le maquis. André marie Mbida d’après cette version se refusait d’accéder à une indépendance dans la discorde. Il sera mis en minorité par son parlement et remplacé par Ahidjo Ahmadou au poste de Premier ministre. C’est dans cette super-domination politique et économique française, que le Cameroun accède à l’indépendance le premier janvier 1960. Aujourd’hui peu de choses restent de ce jour historique. La fête nationale est célébrée le 20 mai, jour de la réunification du Cameroun francophone avec le Cameroun anglophone. Cinquante ans après, les Camerounais ont du mal à célébrer une indépendance dont ils ignorent pour beaucoup, la valeur et l’importance.