C’est la grande leçon qui peut être tirée à l’issue du deuxième forum minier du Cameroun ayant pris fin le 31 mai 2012 dernier
Même si ce n’est pas le discours officiel, le Cameroun semble s’engager dans le chemin de l’industrie minière en faisant face à de nombreux défis. Clôturant le deuxième forum minier organisé dans le pays, les participants ont retenu 21 résolutions, dont certaines en rapport avec le premier niveau de la chaine des valeurs des industries minières. L’évènement a permis finalement au secteur minier camerounais de mettre à jour le chemin qu’il y a encore à parcourir. A la tête de tous les défis, celui de mettre en place un cadre d’industrialisation minière qui puisse être durable. Une autre grande leçon apprise de ce deuxième forum aura été celui des difficultés à concilier investissements et développement durable. Dans son approche, le gouvernement n’a pas encore clairement défini un cadre légal unique de gestion de tels conflits. A l’heure actuelle, de nombreuses zones d’exploration minière chevauchent des aires protégées par exemple. Prenant la parole sur le sujet, le patron du centre pour l’environnement et le développement (CED), a remis sur la table des discussions la nécessité de suspendre l’attribution de nouveaux permis et de voir clair dans les différentes situations. «Nous ne disons pas qu’il faut bloquer le processus d’exploitation des mines, loin de nous cette idée. Ce que nous disons c’est que le processus d’identification des sources potentielles de conflit doit se faire en amont de l’attribution des titres miniers. Si tout le monde connait les risques cela ne posera pas problème puisque l’accord aura été total. Mais lorsque les uns découvrent les risques plus tard, chacun cherche la disposition contractuelle, légale ou réglementaire qui le protège, et c’est le début des problèmes avec son lot de positions tranchées», a expliqué Samuel Guiffo, le responsable de cette organisation.
Entre opportunités et contraintes
Le forum aura été aussi le lieu des perspectives encourageantes. «L’exploitation des ressources en vue de la transformation, de la croissance et du développement structurel de l’Afrique est possible. Une des pistes de solution est de soutenir la petite exploitation. C’est d’ailleurs un des axes de la vision minière africaine. Des pays comme la République Démocratique du Congo et même le Zimbabwe, montrent à souhait, l’importance des petits artisans dans le secteur de la mine. Certes cela prendra peut-être plus de temps, mais à l’arrivée, le continent aura un secteur minier maitrisé et pourra prétendre à en tirer tous les profits », a fait savoir Olivier Maponga, expert économiste de la commission onusienne des affaires économique pour l’Afrique, alors qu’il présentait la vision africaine. A l’optimisme, d’autres acteurs ont opposé la nécessité d’être réalistes et de se mettre résolument à l’apprentissage des implications du secteur. « Les défis du développement minier sur le plan de la chaine des valeurs sont nombreux. Le rôle critique des Etats s’accroit concernant la mise en place d’un cadre favorable, au développement socioéconomique durable s’appuyant sur le secteur. Les compagnies luttent pour accéder à de nouvelles ressources, mais maintiennent leurs préférence pour les pays stables et transparents et enfin le rôle de la société civile prend une importance croissante. Voilà aujourd’hui les enjeux à prendre en compte pour tirer d’une vision minière, toute sa pertinence. L’Afrique dont fait partie le Cameroun connait encore de nombreuses disparités. C’est un processus qui ne peut finalement aboutir que dans une approche d’ensemble. Les capacités seront renforcées plus rapidement », a fait savoir Gothard Walse, un expert de la Banque Mondiale.
L’engagement de l’Etat et de ses partenaires
De nombreuses entreprises présentes se sont dites très sensibles aux questions soulevées, et ont promis de renforcer leur implication en termes de responsabilité sociétale. «Je ne crois pas qu’il puisse être possible de réaliser de grandes choses, sans avoir à se confronter à des intérêts divergents, cela n’est pas possible. Ce que j’ai apprécié moi, c’est le fait que nous ayons pu nous exprimer tous. Dans notre compagnie nous restons ouverts à toutes les discussions et nous sommes sensibles aux préoccupations des uns et des autres.», explique pour sa part David Meehan, le directeur des opérations de l’entreprise Sundance Resources, en quête d’un permis d’exploitation du fer de Mbalam. Le gouvernement s’est montré sensible à ces réflexions. Prenant cela à son compte, il s’est promis au rang des résolutions, de renforcer le cadre de concertation avec toutes les parties prenantes dans le processus du développement minier. « Pour ce qui est de ma part, je ferai en sorte que les résolutions de ce forum ne restent pas dans les tiroirs. Notre stratégie de développement aujourd’hui passe inévitablement par les mines. C’est pour cela que nous invitons tous ceux qui ont une expertise dans le domaine, à se joindre à nous afin que nous puissions conduire ce processus de manière optimal. Il y va de l’intérêt de tous les camerounais », a indiqué Fuh Calistus Gentry, le secrétaire d’Etat au mines en fin des travaux.
